Anthropologie des « fausses rumeurs ». Que faut-il penser de la dénonciation des « demi-experts » et des « faux-sachants » par Emmanuel Macron. (Blaise Pascal et Arnold Van Gennep)

« Évitez l’esprit de panique, de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner ». (1) Quel sens doit-on accorder à ce qui constitue à proprement parler une dénonciation, faite par le président de la République Emmanuel MACRON, lors de son allocution télévisée du 16 mars 2020, lors de laquelle il annonçait – sans prononcer une seule fois le mot – le « confinement » de toute population française pour cause de Coronavirus Covid-19 ? Trois questions se posent.
•   De qui veut-il parler ?
•   Le pouvoir politique est-il en mesure de dire ce qu’est la vérité, que celle-ci soit politique ou scientifique ?
•   Qui peuvent bien être, à l’inverse des « demi-experts » et des « faux-sachants » qu’il dénonce, les
experts-entiers et les vrais-sachants ?

Emmanuel MACRON lors de son « Adresse aux Français  » 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19

DEMI-EXPERTS, FAUX-SACHANTS,
DEMI-SACHANTS, FAUX-EXPERTS

Le choix des deux formules de « demi-expert » et de « faux sachant » et l’effet de style produit par leur proximité immédiate ne relèvent ni de l’improvisation, ni du hasard.

  • Si Emmanuel MACRON peut parler de « demi-expert »,  cela veut dire que l’expertise peut être évaluée. Ou pourrait presque parler de quart d’expert, de tiers d’expert, de trois-quart d’expert, pour atteindre, dans l’absolu, le 100 % expert. Ce serait comme un réservoir de carburant sur un véhicule automobile. Mais qui évalue l’expertise ?
  • S’il peut parler de « faux-sachants », c’est que le savoir est trompeur. Il comporte deux régimes : le vrai savoir et le faux savoir, que ce soit pour ceux qui pensent savoir, ou qui prétendent savoir, ou bien ceux qui leur accordent du crédit. Mais qui fait la part entre le vrai savoir, et le faux savoir ?

Ce qui est embarrassant, c’est qu’en désignant des corrupteurs de l’opinion publique, c’est-à-dire des personnes physiques qui seraient incompétentes et ignorantes (des noms, des noms !), Emmanuel MACRON s’inscrit dans la suite de l’antique accusation faite à SOCRATE de « corrompre la jeunesse » par son enseignement. Mais, en démocratie, est-ce au pouvoir politique majoritaire seul qu’il revient de définir la vérité scientifique ?

DEMI-SAVANTS ET DEMI-HABILES

On pense aux « demi-habiles » que Blaise PASCAL, orthographié « demy habiles » dans le manuscrit de ses Pensées. Le mot, formé à partir de demi (au sens d’incomplétude) et de habile (au sens de savant, intelligent), désigne une personne capable de débuter un raisonnement et qui s’arrête en cours de route, à la moitié, ne poussant pas la réflexion à son terme, et débouchant sur des conclusions imprécises ou erronées.

 « Le peuple a les opinions très saines. Par exemple (…) d’avoir choisi le divertissement, et la chasse plutôt que la prise. Les demi‑savants s’en moquent et triomphent à montrer là‑dessus la folie du monde ». (2)

Les demi-savants sont sans doute les demi-habiles. Mais l’expression demi-savant n’est pas originale, alors que demi-habile proposée par PASCAL appartient à une catégorie déjà évoquée par MONTAIGNE qui parle à ce propos de « mestis ». (3)

Il y a une différence entre les deux : le demi-savant sait peu, ou pas assez ; le demi-habile est quelqu’un qui comprend peu, ou pas assez, moins que ce qu’il faut pour être habile. Il ne s’agit ni de science, ni d’instruction, mais d’intelligence au sens ancien de compréhension.

« Le peuple honore les personnes de grande naissance. Les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n’est pas un avantage de la personne, mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple, mais par la pensée de derrière ». (4)

QUEL CRITÈRE PEUT DÉPARTAGER LE VRAI DU FAUX ?

L’ethnologue français Arnold VAN GENNEP (1873-1957) a publié en 1911 une théorie de ce qu’il a appelé les demi-savants. C’est pour lui un phénomène généralisé. Il écrit que les demi-savants « ont chacun pris possession d’un certain groupe de faits et possèdent la théorie et le maniement d’une ou de plusieurs méthodes scientifiques, mais ils les appliquent par-delà les limites normales ». (5)

Le demi-savant n’est pas ici quelqu’un qui ne va pas assez loin, mais, au contraire, quelqu’un qui va trop loin. Il fait dépasser les limites à son expérience, à ses concepts, à sa théorie. Il ne s’en rend pas compte – ou alors la chose lui est indifférente – il est « hors sol».

« Un demi-savant ne fait de mal qu’aux imbéciles, ce qu’aucune législation ne saurait admettre comme un crime, puisque la limite toucherait le Fait du Prince. Il nous faut la liberté de penser complète (…).(p. 11)

Les Demi-savants (1911)
d’Arnold VAN GENNEP.

Les Demi-savants sont un livre étonnant, que l’on serait tenté de classer un peu vite dans la rubrique « humour », alors qu’il s’agit d’un livre très élaboré et étonnement codé. Il porte comme sous-titre l’énumération suivante : « Esthétique comparée, Linguistique, Pathologie végétale, Biologie, Ethnographie, Folklore, Épigraphie, Anthropométrie, Critique littéraire, La Synthèse ». Pas de chapitre consacré à proprement parler à la politique, encore que… Nous retiendrons que Arnold VAN GENNEP a consacré un chapitre à l’épigraphie intégrale, ce qui ouvre des perspectives intéressantes (p. 113). Ce qui n’a pas échappé  à Nicole BELMONT. (Voir note  5)

LES PRATIQUES PATHOLOGIQUES DE LA VÉRITÉ

Jean-François BERT note que si Arnold VAN GENNEP se penche bel et bien sur des pratiques et des méthodes « pathologiques » des savants, « il dessine en creux, ce à quoi doit ressembler une « bonne » science. Alors que le savant ne voit dans une méthode qu’un outil imparfait, mais perfectible le demi-savant lui attribue une valeur absolue et définitive de clef magique » (p. 15). (6)

Pour le « 50%-savant », une partie de son savoir et de sa méthode incomplète lui suffit pour généraliser et conclure à une totalité : il est dans l’absolu. Tandis que pour « 100%-savant », son savoir et sa méthode l’incitent à la prudence critique : il est dans le relatif. Mais alors, que contient cette part manquante qui produit ces effets singuliers ? Ce serait l’incomplétude qui ferait le lit de l’imprudence.

A l’évidence Emmanuel MACRON fait un usage polémique, c’est-à-dire politique, des deux concepts de demi-savant et de faux-sachant. A qui pense-t-il ? A des opposants politiques ? A des scientifiques ? A qui s’adresse son irritation du moment ? A des invités de plateaux de télévision ? A des articles de médias ? Aux  réseaux sociaux ? Peut-il oublier qu’il est président de la République, ancien ministre des Finances, ancien fondé de pouvoir d’une grande banque privée, et que c’est l’ultralibéralisme mondialisé qui produit les conditions de diffusion médiatique de masse, fondées sur l’audience et le profit, et non sur le savoir, la  compétence et la vérité. Le pouvoir politique est-il fondé à s’étonner d’une situation dans laquelle la téléréalité est devenue un modèle éducatif et culturel ? Est-ce à lui, issu d’une majorité politique, de laisser entendre que des personnes – qu’il ne nomme pas – propagent le virus du mensonge scientifique ?

LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION
D’EMMANUEL MACRON

Le contexte est particulier puisque c’est celui de l’annonce, le lundi 16 mars 2020 à 20 heures,  de la mise en confinement le lendemain mardi 17 mars 2020 à 12 heures, sur la totalité du territoire, des Français et des Françaises, pour une durée indéterminée, afin d’arrêter la propagation de l’épidémie de coronavirus Covid-19.

« Je sais que je vous demande de rester chez vous. Je vous demande aussi de garder le calme dans ce contexte. J’ai vu, ces dernières heures, des phénomènes de panique en tous sens. Nous devons tous avoir l’esprit de responsabilité. Il ne faut pas que les fausses informations circulent à tout va.
En restant chez vous, occupez-vous des proches qui sont dans votre appartement, dans votre maison. Donnez des nouvelles, prenez des nouvelles. Lisez, retrouvez aussi ce sens de l’essentiel. Je pense que c’est important dans les moments que nous vivons.
La culture, l’éducation, le sens des choses est important. Et évitez l’esprit de panique, de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner. »
(Voir note 1)

On relèvera que les « fausses rumeurs, demi-experts et faux-sachants » font partie du même dispositif de dénonciation de l’ignorance et du mensonge auquel Emmanuel MACRON oppose « la parole claire et l’information transparente ».

Extrait de Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP (Mercure de France, 1911).
Page 4 de l’exemplaire numérisé par l’Université d’Ottawa. (Cote PQ 2613 E64D4).
http://archive.org/details/lesdemisavants00genn

Commentaire de l’illustration :  « J’en mors mon bouclier »

LA « FAUSSE RUMEUR » EST-IL UN OXYMORE ?

Lorsque Emmanuel MACRON demande aux Français d’ « éviter l’esprit de panique » et de ne pas « croire dans toutes les fausses rumeurs », il nous oblige à nous interroger. Existe-il de vraies rumeurs ? La question n’est pas simple. Le mot rumeur vient du latin rumor. C’est un « bruit vague », un « bruit qui court », une « nouvelle sans garantie ». On baigne là dans l’incertitude. C’est aussi un « bruit sans consistance », donc un mensonge. Un « bruit colporté », donc relevant de la malveillance, de la médisance, marqué par la volonté de dire du mal, de nuire, et d’atteindre à la réputation. On le voit, la rumor porte atteinte à la notion si importante pour les romains, la réputation, la fama.

Dès lors, il ne peut pas y avoir de « vraie » rumeur. Toute rumeur est un mensonge, soit en germe, soit abouti. La considérer comme pouvant contenir une part de vérité revient à accréditer la validité d’un mensonge. A ce sujet, rappelons que le fameux « il n’y a pas de fumée sans feu » est la plus perverse des rumeurs.

C’est pourquoi la « fausse rumeur », s’apparente à la figure de rhétorique de l’oxymore, qui consiste à associer deux mots de sens contradictoires. Autant la figure est admissible en poésie, autant elle contamine la pensée, quelle soit philosophique ou scientifique.

Au lieu de « fausse rumeur » il convient de parler tout simplement de « rumeur ». La fausse rumeur ne peut jamais détenir une vérité, puisqu’elle est porteuse par essence du mensonge. Telle est la remarque que pourrait faire par exemple, un membre de jury du grand oral de École nationale d’administration à un candidat qui emploierait cet oxymore.

CONCLUSION

La parole présidentielle n’est pas n’importe quelle parole. Elle est extraordinaire et son contenu est exorbitant.

Michel WIEVIORKA écrit que les « individus et les groupes se construisent comme acteurs, qu’ils puissent ou non faire des choix, s’inscrire dans des logiques d’action collective, inventer des mouvements sociaux ou culturels, contribuer à la mise en place, la transformation ou la destruction d’institutions, passer à la violence… » (7)

Ceux qui entendent cette parole, qui la répètent, qui la commentent… peuvent-ils tenir compte des multiples sur-investissements qui lui sont associés ? Elle est indissociable d’un double processus de subjectivation et de dé-subjectivation qui construit et qui transforme la conscience des acteurs.

  • La subjectivisation, qui conduit le sujet capable d’agir, car capable de penser comme acteur passant à l’acte.
  • La désubjectivisation, qui conduit, à l’inverse, vers des formes décomposées du sujet, vers l’anti-sujet et le non-sujet, vers des conduites de destruction et d’autodestruction.

C’est à-partir de ce processus que se prennent de façon implicite les décisions – c’est-à-dire en se fondant sur un enthymème (un syllogisme à deux termes, le troisième étant éludé) : décisions du pouvoir et décisions du peuple, décisions d’adhérer, décisions de s’opposer, décisions de voter.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES

1. MACRON Emmanuel,« Adresse aux Français du Président de la République Emmanuel Macron », 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
2. PASCAL Blaise, Fragment « Raisons des effets », n° 19 / 21.  Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX – Pensées Morales : 1669 et janv. 1670 p. 277-278 / 1678 n° 11 p. 272. Éditions savantes : Faugère I, 179, VII / Havet V.14 et XXIV.37 / Michaut 465 et 466 / Brunschvicg 324 et 759 / Tourneur p. 192-1 / Le Guern 93 / Lafuma 101 et 102 / Sellier 134.
3. THIROUIN Laurent,
« Montaigne demi-habile ? Fonction du recours à Montaigne dans les Pensées », in MEURILLON Christian (dir.), Pascal. L’exercice de l’esprit, Revue des sciences humaines, 244, octobre-décembre 1996, p. 81-102.
4. PASCAL Blaise, Pensées et opuscules présentés par Léon Brunschwicg, Hachette, 1909, p. 485.
5. VAN GENNEP Arnold, Les Demi-savants,  Mercure de France, 1911, p. 7-8.
Sur Arnold VAN GENNEP (1873-1957), voir :
BELMONT Nicole,
Arnold Van Gennep, Le créateur de l’ethnographie française, Payot, 1974, 192 p.
6. BERT Jean-François,
« Contribution de Arnold Van Gennep à une histoire des pratiques savantes : Les Demi-savants », Archives et pratiques savantes, 31 mars 2015. https://aprasa.hypotheses.org/247
7. WIEVIORKA Michel, « Du concept de sujet à celui de subjectivation »,  Working Papers Series, Fondation Maison Sciences de l’Homme / Collège d’Études mondiales, n°16, juillet 2012. p. 6.

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LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Emmanuel MACRON lors de son « Adresse aux Français » du Président de la République Emmanuel Macron », 16 mars 2020. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
  • Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP.
  • Extrait de Les Demi-savants (1911) d’Arnold VAN GENNEP (Mercure de France, 1911).  Page 4 de l’exemplaire numérisé par l’Université d’Ottawa. (Cote PQ 2613 E64D4). http://archive.org/details/lesdemisavants00genn

DOCUMENT

GUERRE OU CONFINEMENT ?
UNE ANALYSE TEXTUELLE
par Romain AUBÉ

« Dans l’allocution du 16 mars 2020 du président de la République, un signifiant a manqué : le « confinement ». La plupart des médias l’ont souligné, Emmanuel Macron n’a pas prononcé le mot. Ne nous attardons pas sur les hypothèses quant aux raisons de cette absence, prêtons plutôt attention à ce que cela implique au niveau logique, sémantique mais surtout syntaxique, pour une analyse textuelle.
Qu’une allocution ait vivoté autour d’un signifiant sans le nommer, ça a un poids. Du fait du refus de nomination, la valeur du Verbe – au sens religieux – n’a brillé que de son absence. Une autre nomination s’y est substituée : « guerre ». Si les deux termes peuvent être noués, l’un pouvant impliquer l’autre, et inversement, en revanche ici, l’un est tandis que l’autre n’est pas – s’entend, au niveau de la phrase.
Cette substitution d’un signifiant par un autre rappelle l’idée de métaphore introduite par Lacan en psychanalyse (1) à partir de l’enseignement de Roman Jakobson. Derrière le signifiant « guerre » se cacherait cet autre signifiant, « confinement ».
Seulement voilà, la phrase présidentielle exacte est : « Nous sommes en guerre », avec un nous auquel l’énonciateur se joint ; il en fait partie. Le confinement, en revanche, aurait pu désigner le peuple français par exclusion du chef de l’État, non qu’il le veuille, mais en tant qu’il l’impose à un autre par ordre et, ce faisant, s’en exclut – le maitre s’exclut de son ordre en tant qu’il l’énonce tout en s’y ignorant comme sujet. Cependant, en disant « nous sommes en guerre », il indique ne pas être à l’origine de la situation ; ça vient d’ailleurs. Cela fait du coronavirus un ennemi extime (2) – à la fois intime au peuple français et, en même temps, qui lui est complètement étranger du fait de son statut de virus.
Ici deux types de relation à la logique des ensembles pourraient se dessiner.
•    d’un côté, l’exclusion : vous êtes…, je vous l’impose, qui laisse sous-entendre que le je s’en excepte,
•    de l’autre, l’inclusion : nous sommes (comprenant le je suis et le vous êtes) dans l’ensemble et on exclut l’ennemi intime ; pour faire tenir l’ensemble, on fait de cet ennemi un au-moins-un qui en est exclu.
L’idée de guerre, au-delà du champ lexical de ce terme, implique ainsi une autre dynamique que celle de confinement, puisqu’elle invite les citoyens (devenus téléspectateurs ou auditeurs) à se mobiliser, ensemble, à l’endroit d’un ennemi commun et intime pour l’exclure de l’ensemble. Si la question de l’énonciation retenue peut se discuter, on remarque ce qu’elle implique : se faire force contre. »
NOTES DU DOCUMENT
1. Macron E., « Allocution aux Français », 16 mars 2020, disponible sur internet.
2. Cf. sur ce point : Demagny X., « “Décret de confinement”, “couvre-feu”, “armée” : ces messages WhatsApp reposent sur de fausses infos », France Inter, 16 mars 2020, disponible sur internet.
3.
Cf. entre autres disponibles sur internet :
Beaumont O. & Shuck N., « Coronavirus : pourquoi Macron n’a pas parlé de ‘‘confinement’’ lundi soir », Le Parisien, 17 mars 2020 ;
Le Vern R., « ‘‘Confinement’’ : pourquoi Emmanuel Macron n’a pas prononcé ce mot pendant son allocution », LCI, 17 mars 2020 ;
Duguet M., « ‘‘Une erreur stratégique de ne pas dire ‘‘confinement’’ pour combattre le coronavirus : pourquoi le discours d’Emmanuel Macron est critiqué », France info, 17 mars 2020.
4.
Cf. Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 493-528 & Le Séminaire, livre III, Les Psychoses, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1981, p. 243-262.
RÉFÉRENCES DU DOCUMENT
AUBÉ Romain,
« Guerre ou confinement. Une anayse textuelle, Lacan Quotidien, n°875, 22 mars 2020. https://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2020/03/LQ-875.pdf

Commentaire du 9 mai 2020

Experts, Grands experts, Petits experts, Soi-disant experts, Faux experts
par Claude MALHURET, sénateur de l’Allier

Déconfiner ou ne pas déconfiner, telle est la question !
Je suis fasciné de découvrir que nous avons autant d’experts pour y répondre sur toutes nos chaînes de télévision : les grands experts, très assurés ; les petits experts, qui manquent d’expérience sur Zoom et dont on ne voit que le nez, le menton et les lunettes en gros plan ; les soi-disant experts, qui répètent ce qu’ils ont entendu une heure avant sur une autre chaîne ou à la radio ; et, enfin, les faux experts qui lancent des craques en espérant faire le buzz.
À force de tous les regarder, j’ai découvert un théorème, que je vous propose : plus il y a d’experts, moins on comprend.
Heureusement, il reste les politiques ! J’ai suivi le débat à l’Assemblée nationale, mercredi dernier, monsieur le Premier ministre. Il y a là-bas des virtuoses du coronavirus. Ils vous ont expliqué ce qu’il fallait faire hier et ce qu’il n’aurait pas fallu faire, ce qu’il faut faire aujourd’hui et ce qu’il faudra faire demain.
Je revois encore le professeur Mélenchon, de la faculté de médecine de La Havane, pointer sur vous un doigt vengeur et vous lancer d’une voix de stentor : « Il y aura un deuxième pic de l’épidémie, et vous le savez ! » Impressionnant ! J’étais au bord du retweet !
Devant tant de recommandations de spécialistes, je n’ose pas vous proposer les miennes, moi qui ne suis qu’un simple médecin épidémiologiste.
RÉFÉRENCES DE L’EXTRAIT
MALHURET Claude, Intervention, Stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. – Débat et vote sur une déclaration du Gouvernement, Séance publique du Sénat du 4 mai 2020, Compte rendu intégral des débats. http://www.senat.fr/seances/s202005/s20200504/s20200504002.html – orat5
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