Fondements de l’identité des territoires

TERRITOIRES ET DÉMOCRATIE NUMÉRIQUE LOCALE
Pourquoi faut-il se préoccuper de ce qui fonde l’identité d’un territoire ?
Chaque communauté humaine (commune, communauté, collectivité, institution, entreprise, association…) a besoin de savoir où elle va, où elle se trouve, d’où elle vient. Cela vaut aussi bien pour l’identité vécue de l’intérieur que pour la représentation de cette identité perçue de l’extérieur.
Quelle est la visibilité numérique de ces identités ? Quelle est leur durabilité ? Pour répondre à ces questions, il faut s’interroger sur leurs fondements – explicites et implicites – sur leurs histoires, sur leurs traces, sur leurs archives.
LE MONDE COMMUN
Une culture singulière fonde l’identité de chacun de nous. La philosophe Hannah ARENDT écrit :  « le monde commun est ce qui nous accueille à notre naissance et ce que nous laissons derrière nous en mourant. Il transcende notre vie aussi bien dans le passé que dans l’avenir. Il était là avant nous, il survivra au bref séjour que nous y faisons. Il est ce que nous avons en commun, non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec ceux qui viendront après nous » (Hannah ARENDT, Condition de l’homme moderne, Calman-Lévy, 1994, p.95. Traduction par Georges Fradier. Édition originale : The Human Condition, 1958).
Chaque identité locale repose sur des liens sociaux qui sont à la fois des facteurs de cohésion et de d’opposition. Elle participe au patrimoine culturel immatériel transmissible d’une génération à une autre.
Il existe une inégalité identitaire entre les territoires. Elle vient d’un fait simple : certains territoires ont une identité forte et durable, et d’autres une identité faible, et temporaire. Ces différences jouent un rôle déterminant à l’égard des territoires, sur leur dynamisme interne, leur attractivité, leur développement externe.
L’identité locale consiste en un effet de reconnaissance pour ceux qui y sont nés, ceux qui y habitent, ceux qui y travaillent, ceux qui viennent s’y établir, ceux qui y résident temporairement. Elle a besoin de repères identifiés, localisés, datés, pour se constituer. L’identité dominante est une résultante, composée de différentes identités partielles, minoritaires. Elle est évolutive dans le temps.
Pas de mémoire sans territoire. Pas de territoire sans mémoire. Qu’est-ce qui dure et perdure ? Qu’est-ce disparaît ? Qu’est ce qui apparaît ? Trois approches permettent d’appréhender ces questions : celle des lieux, celle des acteurs, celle des évènements fondateurs.
TROIS APPROCHES : LIEUX, ACTEURS, ÉVÈNEMENTS 
1. Lieux. La matérialité des lieux de vie est constituée par les discours des habitants qui – pour cette raison – sont tous des « faiseurs de ville ». Tout espace public comporte une partie visible. Il comporte aussi une partie invisible qui en est l’expression mémorielle, affective, et culturelle, constitutive d’une ruralité ou d’une urbanité qui est aujourd’hui mondialisée, qu’on l’accepte ou bien qu’on le refuse. Comment les mémoires individuelles et collectives se composent-elles ? Comment émergent-elles ?
2. Acteurs. Quels sont les producteurs de ces mémoires ? Il existe des passeurs de mémoire porteurs des représentations individuelles et collectives passées. Par leur discours, leurs écrits, leurs actions, ils en sont aussi les transformateurs, qu’il s’agisse d’œuvres culturelles, artistiques, cinématographiques, muséographiques, archivistiques… Toutes ces œuvres sont « politiques » au sens où elles concernent la polis (« cité » en grec), ce qui englobe les politiques publiques, les politiques économiques, les politiques locales… Toutes tissent des usages sociaux qui structurent le temps et l’espace. Gérer et animer le quotidien construit le lendemain.
3. Évènements fondateurs. La patrimonialisation, liée aux temps et aux lieux (villes, quartiers, « cités », villages, bourgs, lotissements…) est en prise avec les logiques sociales, politiques et économiques. Les cycles mémoriels s’inscrivent dans un temps long à partir d’évènements ponctuels : productions, transmissions, effacements, résurgences, prises et déprises. Ils comprennent à la fois les évènements initiaux, leurs reprises, leurs commémorations, voire leurs interdictions.
DES ACTIONS À MENER DANS UNE CONTINUITÉ
L’entrée dans le monde numérique, en accélérant les « discours circulants », a pour effet de provoquer des « évanescences territoriales ». Des interrogations sur Internet peuvent aboutir soit à une absence de réponse, soit à un trop grand nombre de références, rendant illisible un contenu pertinent.
Il existe une compétition entre les territoires. D’où parfois la tentation, pour certains, de créer une image décalée par rapport à la réalité, ce qui contrevient à la règle de correspondance (l’image donnée doit correspondre à la réalité perçue) et à la règle de continuité (une information, pour être durable, doit être actualisée). Un croisement entre regard intérieur et regard extérieur est indispensable, par exemple en termes de forces/faiblesses, opportunités/menaces.
Des attentes citoyennes nouvelles se manifestent à l’égard des territoires par une exigence d’accès immédiat à des contenus numériques pertinents et lisibles. Les satisfaire dans le temps implique une veille des environnements numériques, des conditions d’accès aux textes en ligne (référencement), une actualisation des contenus, une réactivité réfléchie à l’égard de l’actualité.
© Bernard MÉRIGOT
contact@mieuxaborderlavenir.fr
Recherche-action «Territoires et démocratie numérique locale»
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ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2015

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