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TERRITOIRES ET DÉMOCRATIE NUMÉRIQUE LOCALE

Christophe de SAVIGNY (1530-1587)

« Tost ou tard, près ou loing, a le fort du faible besoing ». (1) Cette devise – qui est en fait une épigraphe – est inscrite en tête des  Tableaux accomplis de tous les arts libéraux, publiés en 1587 par  Christophe de SAVIGNY (1530-1587), humaniste de la Renaissance française. Elle introduit trois notions essentielles : les rapports de force (fort/faible), la temporalité («tost»/tard), la préfiguration de l’intérêt général moderne (le «besoing»). Elle constitue une injonction fondatrice d’un programme à la fois moral, social, politique et spirituel. Elle est une manifestation de l’esprit encyclopédique, c’est-à-dire de l’ εγκυκλο παίδεια  (« enkuklios paideia »), l’éducation qui fait le tour, un enseignement circulaire, ouvert sur le monde et qui embrasse un cercle entier.
Tout processus éducatif – tout enseignement reçu ou dispensé («enseignement de soi» et «enseignement des autres» ne peuvent être dissociés) – est paradoxal, comme l’écrit SAINT AUGUSTIN dans ses Soliloques « nous apprenons parfois que ce que nous croyions nôtre nous est étranger, et que ce que nous croyions étranger est nôtre ».

Bernard MÉRIGOT
Anthropologue
Chercheur associé à la MSH Paris-Saclay
contact@mieuxaborderlavenir.fr


RÉFÉRENCES
•  SAVIGNY Christophe de
(1587). Tableaux accomplis de tous les arts libéraux, contenans brièvement et clerement par singulière méthode de doctrine, une générale et sommaire partition des dicts arts, amassez et reduicts en ordre pour le soulagement et profit de la jeunesse, Paris, Jean et François de Gourmont.
•  AUGUSTIN D’HIPPONE/SAINT AUGUSTIN (2010). Soliloques (I, 3). Éditions Payot, Paris, Traduction du latin en français par Pierre de LABRIOLLE.
•  l’éducation qui fait le tour (εγκυκλο παίδεια « enkuklios paideia »). http://www.savigny-avenir.fr/2012/10/13/l-enkuklios-paideia-leducation-qui-fait-le-tour/


POUR UNE ANTHROPOLOGIE DU PRÉSENT
• 
« L’anthropologie est la discipline qui a pour spécificité un mode de production des connaissances fondé sur la communication interpersonnelle avec les acteurs. » (p. 10)
•   « L’anthropologie et ses interlocuteurs n’échappent pas plus que les autres à ces bulles cognitives qui fonctionnent sur le commun des intérêts et font marcher les marchés réels de l’irréel, et irréels du réel. » (p. 22)
•   S’impose à nous « de penser et de déchiffrer le monde présent tel qu’il est, avec toutes ses saillances d’horreurs et ses creusets d’artifices imaginaires toujours plus nombreux » en ayant comme perspective « que ce dévoilement des significations écartelées permette de poser des repères aux cheminements à venir. » (p. 169)
•   
Déchiffrer à vif les configurations troubles de nos univers partagés ». (p. 10)

SELIM Monique (2019).  Anthropologie globale du présent, L’Harmattan, 2019, 259 p. ISBN 978-2-3-43-17467-9

Le contexte de la globalisation /mondialisation impose aux territoires et à ceux qui y vivent, risques et interdépendances.
•   Comment une anthropologie de la citoyenneté peut-elle s’opposer à cette imposition ?
•   Quelles initiatives peuvent y participer (Open data, Accès aux documents publics locaux, Observatoire des assemblées délibérantes locales, Recherche-action, Formation citoyenne…) ?
Deux questions nous interrogent sans relâche :
•   Quelles formes de démocratie pour quels territoires ?
•   Quels territoires pour quelles démocraties ?


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Où vont les Sciences de l’Éducation ? Hommage à Guy Berger (1932-2023)

Guy BERGER, professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’Université de Paris 8 Vincennes nous a quitté à la fin de l’année 2023. Tous ceux qui l’ont rencontré ou qui ont travaillé avec lui se souviennent de ses interventions brillantes et de l’attention qu’il portait à ses interlocuteurs. Il a été présent au Centre Universitaire Expérimental de Vincennes (CUEV) depuis sa création en 1968-1969 et à laquelle il a participé activement. Une journée d’hommage lui a été consacrée le mardi 12 mars 2024.

« Où vont les Sciences de l’éducation ? » s’interrogeait Guy BERGER le 6 octobre 2021 en prononçant la leçon doctorale de rentrée universitaire de l’Institut Supérieur de Pédagogie (ISP) de l’Institut Catholique de Paris. Il ajoutait avec ironie « Ma seule assurance, c’est que puisque je n’ai pas la possibilité de participer à cet avenir, je n’aurai pas non plus l’occasion de savoir que je me suis complètement trompé. » (BERGER, 2021, p. 1).

En 2022, Guy BERGER participait à la journée d’études consacrée à Daniel HAMELINE. Dans son intervention il insistait sur  ce que c’est de parler d’éducation : « c’est parler d’une pratique sociale multiple, présente dans plusieurs champs institutionnels, accompagnant le devenir de chacun d’entre nous, correspondant à une multiplicité d’acteurs, à des activités parfois implicites ou même inconscientes, une pratique plus ou moins diffuse et non un ensemble de savoirs spécialisés ».

Guy BERGER et Daniel HAMELINE le 24 mars 2022 lors de la Journée d’étude organisée à la Faculté d’Éducation et de Formation de l’Institut Catholique de Paris. © Photo CAD/MALA Bernard Mérigot.

ATTENTION ET RATIONALITÉ

Augustin MUTUALE, au cours de la présentation de la Table ronde n°3 « Guy Berger, pédagogue et chercheur » qu’il animait avec Charles SOULIÉ, a donné lecture d’un extrait d’un article que Guy BERGER a consacré à Daniel HAMELINE. Dans ce texte Guy BERGER relève deux concepts essentiels relatifs aux Sciences de l’éducation.

« Pour moi toute l’oeuvre de Daniel Hameline, aussi abondante et diverse qu’elle fut, se développe en deux lignes mélodiques opposées mais toutes deux toujours en mode majeur.
« L’une est celle de la philia, de l’attention, et je dirais volontiers de la tendresse amicale et attentive à l’égard de l’expérience du quotidien, de la tentative sans certitude telle qu’elle s’exprime dans La liberté d’apprendre (1967) écrit comme au chevet d’une expérience en train d’être vécue et qui devra donc être reprise, car jamais la congruence ne se donne à penser immédiatement et il ne peut procéder de la non-directivité avec laquelle elle fit un temps alliance.
L’autre ligne est celle de la rationalité, de l’exigence et de la référence savante qu’il s’empressa de proposer dans Du savoir et des hommes (1971) très peu d’années après la première, pressé qu’il était de voir ces deux lignes s’entrecroiser ». (BERGER, 2003, p. 70)
BERGER Guy (2023). « Daniel Hameline ou le savoir bien tempéré », in MUTUALE Augustin, SERINA-KARSKY Fabienne et HOFSTETTER Rita (2023). Dialoguer avec Daniel Hameline. Un maestro pour une juste pédagogie, L’Harmattan.

La Philia (en grec φιλία : philía), c’est la camaraderie, l’hospitalité, l’appartenance à un groupe social, la relation qui existe entre les citoyens de la cité et forme la communauté. Comment produire entre les citoyens des relations d’amitié (philia), c’est-à-dire le lien social qui permette à la cité d’exister ? Pour Platon, la réponse réside dans les Lois et les coutumes inculquées par l’éducation aux citoyens : ce n’est pas un simple rapport interpersonnel (que l’on traduit par l’amitié, parfois passagère), mais une catégorie politique et éthique durable, la reconnaissance de l’égalité de tous devant la Loi qui est à la naissance de la citoyenneté grecque, et dont la citoyenneté universitaire, de génération en génération, de pays en pays, demeure l’héritière.

Bernard MÉRIGOT
Anthropologue
Chercheur associé à la MSH Paris-Saclay
contact@mieuxaborderlavenir.fr


HOMMAGE A GUY BERGER
(1932-2023)
acteur et témoin de l’histoire de Vincennes
et des Sciences de l’Éducation à Paris 8,
pédagogue et chercheur, compagnon de route et ami critique
Journée d’étude
Mardi 12 mars 2024

Université de Paris 8, Maison de la Recherche,
2, rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis,


13 H 00
Ouverture
Annick Allaigre, Présidente de l’université Paris 8-Vincennes à Saint-Denis
Présentation de la rencontre.
Martine Morisse et Nicole Blondeau, Maîtresses de conférences en sciences de l’éducation à Paris 8, Laboratoire EXPERICE
Introduction
Francine Demichel, Présidente de Paris 8-Vincennes à Saint-Denis (1987-1991), Directrice de l’enseignement supérieur au ministère de l’éducation (1998-2002)
13 H 45
GUY BERGER, ACTEUR ET TÉMOIN DE L’HISTOIRE DE VINCENNES ET DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION À PARIS 8
Animation Françoise F. Laot, Professeure en sciences de l’éducation, Université de Paris 8, Laboratoire EXPERICE
En introduction de cette table ronde sera projeté un court extrait d’une interview filmée de Guy Berger réalisée en juillet 2022. Interventions de Alain Coulon, Professeur émérite à Paris 8 ; Jenn-Luc Blard, Service d’Archives de Paris 8 ; Jean-Louis Le Grand, Professeur à Paris 8 ; Delphine Leroy, Maîtresse de conférences à Paris 8 ; Colette Perrigault, co-autrice avec Guy Berger et Maurice Courtois du l’ouvrage Folies et raisons d’une université : Paris 8 de Vincennes à Saint-Denis.
15 H 15
GUY BERGER, COMPAGNON DE ROUTE ET AMI CRITIQUE DU CLEPT (COLLÈGE-LYCÉE ELITAIRE POUR TOUS) DE GRENOBLE
Animation Jean-Yves Rochex, Professeur émérite, Université de Paris 8, Laboratoire ESCOL-CIRCEFT
Au cours de cette table-ronde seront projetés des extraits du film de Jean-Paul Pénard Guy Berger et le CLEPT, un compagnonnage.
Participation de Marie-Cécile Bloch, co-fondatrice et ancienne enseignante de SVT au CLEPT ; Rémy David, ancien enseignant de philosophie au CLEPT et directeur de programme au Collège international de philosophie ; Jean-Paul Pénard, réalisateur documentariste ; Agathe Vernay, ancienne enseignante de Lettres au CLEPT.
16 H 45
GUY BERGER, PÉDAGOGUE ET CHERCHEUR
Animation Augustin Mutuale, Professeur en sciences de l’Éducation à l’Institut Catholique de Paris et Charles Soulié, Maître de conférences en sociologie à Paris 8
Exploration du corpus des thèses que Guy Berger a encadrées, discussion sur la manière dont il a accompagné ses étudiants et étudiantes afin que chacune et chacun puisse donner sa pleine mesure et s’épanouir intellectuellement et personnellement. Évocation également des multiples collaborations que Guy Berger, adepte du travail collaboratif, a développées.
Participation de Raoul Lucas (Formation/Développement à La Réunion avec le CAFOC et Paris 8, travail avec l’Université des Mascareignes); Frédérique Lerbet (AFIRSE); Olivier Akakpo-Guetou (Président de l’AMAP, L’Amitié des peuples du Monde).
18 H 00
ÉCHANGE CONVIVIAL AUTOUR D’UN BUFFET 18H30 PROJECTION DES DOCUMENTAIRES
.   « Les mystères de Guy » film de Victorino Flores et Gergana Dimitrova (50mn). https://sharedocs.huma-num.fr/wl/?id=vejUBkSpI5PAlkTLnhfMzEr7UuZELTpB
.   « Guy Berger et le CLEPT, un compagnonnage » film de Jean-Paul Pénard
.   « Guy Berger : témoignage sur les sciences de l’éducation à Paris 8 »
.   Entretien Delphine Leroy, Françoise F. Laot – Image Olivier Burgain (2022)https://univ-paris8.zoom.us/j/94459491833?pwd=dEhFWU50Q0RpS1Q0ODA4TXBXQUNSdz09

DOCUMENT 1

Hommage à Guy Berger
1932-1923)

Guy Berger, Professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Paris-8-Vincennes qu’il participa à fonder en 1969, nous fit ce dernier cadeau de co-coordonner ce numéro Phronesis avec nous.

Créateur des sciences de l’éducation à l’université de Vincennes (devenue l’Université Paris-8), où il fut également directeur d’UFR, engagé dans plusieurs associations et revues scientifiques, mais également dans des mouvements d’éducation populaire, il accompagna un grand nombre de doctorants dans leurs travaux de thèses. Il aurait dirigé plus d’une centaine de thèses, ce qui en fait l’un des plus productifs directeur de thèses. Sans parler de ses nombreuses contributions aux jurys de thèses, d’HDR, à ses relectures et aides dans le processus de la recherche, qu’il affectionnait tant. Il aimait ce partage avant tout de la recherche et les débats que cela faisait naître.

Après son éméritat, sa carrière se poursuivit à la Faculté d’Éducation et de Formation, ex ISP, de l’Institut Catholique de Paris. Présent tant pour les moments de travail que pour les moments festifs, comme ce dernier événement auquel il participa en avril 2023 pour la promotion de l’ouvrage consacré à Daniel Hameline auquel il contribua, il anima plusieurs séminaires doctoraux, participa à des jurys de soutenance de thèse, échangea sans relâche avec nos collègues et étudiants, jusqu’à ses derniers jours.

La pensée et la recherche en éducation resteront marquées par ses apports sur l’altérité, la multiréférentialité, l’évaluation, l’analyse institutionnelle, les sciences de l’éducation, l’inclusion, le décrochage scolaire. Il contribua à renouveler un certain nombre de concepts et à les éclairer de ses réflexions, il dira dans un entretien publié dans la revue Enfances & Psy en 2001 « éduquer quelqu’un c’est aussi réduire les difficultés, l’aider à se confronter à la difficulté et donc à prendre des coups » (Berger, 2001, p. 18). La relation éducative a ainsi cette part d’accompagnement qui permet à la personne de se découvrir et de découvrir l’Autre, parfois dans une certaine douleur, et traversée par un certain nombre d’efforts à faire de part et d’autre. Guy Berger tenait à prendre en compte ainsi la complexité dans la relation éducative, ses limites, ses difficultés, ses apports, ses bénéfices. Il a été pour nous tous une source intarissable d’inspiration féconde. Ce numéro, qui paraît juste après sa disparition, auquel il tenait particulièrement, est donc dédié à l’ensemble de ses travaux qui nous ont tant inspirés et qui continueront longtemps à nous accompagner. Nous vous offrons une courte liste des écrits et entretiens auxquels il contribua durant cette dernière décennie.

BIBLIOGRAPHIE

Berger, G. (2023). Daniel Hameline ou le savoir bien tempéré. Dans A. Mutuale, F. Serina-Karsky et R. Hofstetter, Dialoguer avec Daniel Hameline. Un maestro pour une juste pédagogie (p. 69-81). L’Harmattan
Berger, G., Mutuale, A. (2020). S’engager dans la recherche en sciences humaines et sociales. Le champ de l’éducation. ESF.
Berger, G., Mutuale, A., Serina-Karsky, F. et Parayre, S. (2020). L’éducation complexe : entretien avec Edgar Morin, Tréma, n° 54. https://journals.openedition.org/trema/6193
Berger, G., Parayre, S., Serina-Karsky, F. (2020). De l’inclusion des “canards boiteux “à l’inclusion pour toutes et pour tous : autonomie, émancipation et communauté à l’université. Dans S. Parayre, F. Serina-Karsky et A. Mutuale, De la pédagogie universitaire inclusive. L’université et le handicap (p. 193-218). L’Harmattan.
Mutuale, A., Berger, G. (2021). En quoi le biographique nous provoque-t-il ? Du statut de la voix. Le sujet dans la cité, 12, 225-234. https://doi.org/10.3917/lsdlc.012.0225
Berger, G., Mutuale, A. (2019). Autre/altérité/altération. Dans C. Delory-Momberger (Éd.), Vocabulaire des histoires de vie et de la recherche biographique (p. 39-42). Érès. https://doi.org/10.3917/eres.delor.2019.01.0039
G., Hedjerassi, N.
(2017). Aux sources de la discipline universitaire des sciences de l’éducation, une filiation alternative : Paris 8 Vincennes. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 50, 105-126. https://doi.org/10.3917/lsdle.501.0105
Berger, G., Courtois, M., Perrigault, C. (2015). Folies et raisons d’une université : Paris 8 – De Vincennes à Saint-Denis. Pétra.Berger, G., Mutuale, A. (2012). Conversations sur l’éducation. S’autoriser à éduquer. L’Harmattan.
Berger, G., (2001). « Tous à l’école » ou « Tout à l’école » ? Enfances & Psy, 16(4), 13-20. https://doi.org/10.3917/ep.016.0013

RÉFERENCES
MUTUALE Augustin, SERINA-KARSKY Fabienne et PARAYRE Séverine (2023). « Hommage à Guy Berger (1932-1923) », Phronesis, 2023/HS1 (n° hors-série), p. 1-3. https://cairn.info/revue-phronesis-2023-HS1-page-1.htm


François MOOG et Guy BERGER, le 16 mai 2019 lors de la Journée doctorale en Anthropologie de l’éducation « Une éducation par laquelle l’être humain se forme à être humain », Institut Supérieur de Pédagogie (ISP), Faculté d’Éducation, Institut Catholique de Paris. 3 rue de l’Abbaye, 75006 Paris. © Photographie CAD/MALA Bernard Mérigot

 


DOCUMENT 2

In memoriam
Guy Berger (1932-2023)

Une figure historique des Sciences de l’éducation vient de disparaître. Guy Berger, Professeur honoraire à l’Université Paris VIII, s’est éteint le 12 juin 2023.

Né apatride à Bruxelles en 1932, de parents juifs et communistes hongrois, Guy Berger entreprend des études de philosophie et de psychologie. Obtenant le CAPES, puis l’Agrégation de philosophie, il enseigne cette discipline une dizaine d’année en lycée, puis en École normale, avant que d’être recruté comme Assistant en Psychologie de l’enfant à la Sorbonne, puis, en 1968, Maître Assistant en Sciences de l’éducation au tout nouveau Centre expérimental de Vincennes, à la création duquel il prend une part active, et qui deviendra Université de Vincennes, puis Université Paris 8 Vincennes à Saint-Denis. Il y effectuera toute sa carrière d’enseignant-chercheur (Habilitation à diriger des recherches en 1988, Professeur en 1989, Professeur émérite depuis 1998), y exercera de fort nombreuses responsabilités et y animera de très nombreux séminaires et instances de réflexion.

Les responsabilités qu’il a exercées dans le champ pédagogique et des Sciences de l’éducation ont également été très nombreuses, à l’échelle nationale et internationale : membre de divers conseils scientifiques (Institut national de la recherche pédagogique, Collège coopératif, CIIE – Centre de Recherches et d’Interventions éducatives de l’Université de Porto…) ; interventions dans de nombreux organismes ou actions de formation (Missions académiques pour la formation des personnels de l’Éducation nationale, Instituts universitaires de formation des maîtres, Institut supérieur de pédagogie, Centre international d’études pédagogiques, Universités d’été, écoles de travail social…) ; vice-présidence de la 70ème section du CNU ; Présidence de l’AFIRSE (Association Francophone Internationale de Recherche scientifique en Éducation) et rédaction-en-chef de sa revue L’Année de la Recherche en éducation ; consultant auprès de la Direction de l’enseignement supérieur et de la Mission scientifique du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi qu’ auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, de l’Organisation de coopération et de développement économiques ; créateur et animateur (avec Michel Debeauvais) du GRETAF (Groupe d’Études sur l’Éducation en Afrique). Il a été Professeur invité ou intervenant et a effectué des missions professionnelles dans près d’une trentaine de pays, en Europe, Afrique, Amérique latine, Canada, Viêt-Nam….

Considérant comme assez décevantes son expérience de Professeur d’École normale et celle d’Assistant en Psychologie de l’enfant, trop « scientistes » ou « applicationnistes » à son goût, très critique quant aux modes d’enseignement qui y avaient cours, il s’efforce toute sa vie de promouvoir une vision plus large de l’éducation, ne séparant pas l’acquisition de savoirs ou d’outils de pensée de la rencontre et de la formation de la personne, la réflexion théorique et éthique sur « ce qu’est éduquer » d’une visée de l’émancipation, individuelle et collective. Ce pourquoi il saisit très vite l’occasion de se joindre au projet de création du Centre universitaire expérimental de Vincennes, jusqu’à faire partie – avec entre autres Alain Badiou, Robert Castel, Hélène Cixous, Pierre Dommergues, Michel Foucault, Jean-Claude Passeron, Jean-Pierre Richard… – du groupe des « enseignants-cooptants » chargé, en octobre-novembre 1968, de choisir, par cooptation, les futurs enseignants de Vincennes. Son rôle y sera multiforme, allant de la négociation avec la RATP pour la mise en place d’une ligne de bus ou le Ministère des PTT (Poste, télégraphe et téléphone) pour le raccordement téléphonique, jusqu’à la participation à nombre d’innovations pédagogiques : évaluation par système d’unités de valeur, cursus pluri-disciplinaires et grande liberté de choix pour les étudiants, promotion de disciplines ou d’approches jusqu’alors peu reconnues ou exclues du monde universitaire, introduction de technologies audio-visuelles et importance donnée au travail de groupe, ouverture à des enseignants associés, professionnels ou étrangers, et à des étudiants salarié ou étrangers…, toutes choses aujourd’hui largement entrées, voire banalisées, dans les mœurs universitaires mais qui étaient à l’époque fort originales et bousculantes pour le champ académique. Il rendra compte et reviendra de manière réflexive sur cette expérience et sur le devenir ultérieur de l’Université de Vincennes, devenue Paris 8, dans l’ouvrage Folies et raisons d’une université : Paris 8, co-écrit avec Maurice Courtois et Colette Perrigault (Ed. Petra, 2015).

Cet ouvrage, ainsi que l’ouvrage S’engager dans la recherche en sciences humaines et sociales. Le champ de l’éducation, co-écrit avec Augustin Mutuale, publié aux ESF en 2020 (et dont on trouvera la recension sous la plume de Xavier Riondet dans ce numéro de la Revue française de pédagogie) sont parmi les publications les plus accessibles de Guy Berger, dont nombre d’autres écrits sont dispersés dans des revues, des rapports, des Actes de colloques ou des comptes-rendus d’interventions peu diffusés. La diversité et l’éparpillement de ces supports et l’absence chez leur auteur de tout plan de carrière font que ce corpus de publications n’est pas à la hauteur de l’influence qu’il a exercée dans le champ des Sciences de l’éducation à propos de thématiques aussi diverses que l’épistémologie des sciences sociales, les questions de l’évaluation et de l’intervention dans les institutions, les formations universitaires, le travail social, le développement social et communautaire… De plus, sa réticence et sa difficulté face au travail de l’écriture solitaire sont pour une part cause du fait que cette influence est beaucoup passée par l’oral, ce qui a pu contribuer à une certaine méconnaissance de son travail par les jeunes générations.

Guy avait besoin de la rencontre et de l’écoute attentive d’autrui, pour élaborer sa réflexion, pour œuvrer à ce que l’un et l’autre des partenaires de cette rencontre aille au-delà de ce qu’il pensait et formulait avant celle-ci. Il aimait par-dessus tout mettre son inégalable capacité d’écoute, son immense culture et son érudition sans frontières, au service de la pensée d’autrui, lors d’échanges individuels aussi bien que lors de manifestations scientifiques ou professionnelles. Ces qualités et ses talents d’orateur faisaient merveille lors des nombreuses conclusions ou interventions de synthèse de colloques ou journées d’études pour lesquelles il était sollicité ; ainsi les auteurs de ces lignes, de même sans doute que tous ceux qui ont eu le privilège d’y assister, n’oublieront jamais ce moment d’intelligence lumineuse et prospective qu’a été la synthèse qu’il a faite du colloque sur Les lycéens décrocheurs organisé par l’association La Bouture en janvier 1998, conduisant chaque participant à penser au-delà de sa propre réflexion et au-delà même de tout ce qui avait précédé durant le colloque.

Guy Berger n’était pour autant pas seulement un homme de l’oral, parmi les meilleurs. Il était aussi – au-delà de son propre rapport difficile à l’écriture –  un homme de l’écrit, au sens où il était un lecteur d’une profonde acuité et d’une pertinence exceptionnelle, dont les remarques et les commentaires permettaient à ses interlocuteurs – aussi bien lors de discussions privées que lors de soutenances publiques – de mieux concevoir et formuler leur réflexion et leurs interrogations, de penser au-delà d’eux-mêmes et de leur propre travail (et non de penser ce que lui-même, Guy Berger, aurait souhaité qu’ils pensent). Échange intellectuel et rencontre humaine allaient de pair avec lui, dont le goût des autres et le plaisir de la disputatio étaient toujours au rendez-vous.

Guy Berger était loin de limiter le déploiement de ces qualités au seul champ académique. Il les a mises en œuvre tout au long de sa vie dans de multiples actions de formation ou d’aide au développement, notamment dans de nombreux pays africains, ou encore dans le cadre de l’Université des Mascareignes réunissant durant quatre sessions au début des années 1990 des acteurs politiques, de l’éducation et du développement social et communautaire de la Réunion, de Maurice, de Madagascar, des Comores et des Seychelles, espace de formation pluri-disciplinaire et pluri-professionnel, organisé sous la responsabilité de Raoul Lucas et dont Guy Berger a assumé la responsabilité scientifique.

Celui-ci a également accompagné de très près, durant 25 ans, l’aventure du CLEPT (Collège-Lycée élitaire pour tous) de Grenoble, établissement expérimental de l’Éducation nationale destiné aux élèves décrocheurs, ouvert en 2000 et visant à leur permettre de se réconcilier avec des savoirs, avec l’institution scolaire et avec eux-mêmes – et de l’association La Bouture qui en a été le berceau. Membre du Conseil scientifique, il a été bien plus que cela, contribuant sans relâche à de nombreux échanges, de nombreuses actions de formation ou interventions auprès des enseignants comme des élèves, soutenant l’équipe du CLEPT face aux embûches et aux tracasseries politico-administratives auxquelles elle a dû se confronter durant toute ces années. Récemment, alors qu’il était trop affaibli par la maladie, il écrivait son regret de ne pouvoir participer à une manifestation organisée par les fondateurs du CLEPT en ces termes : « Absent, je te laisse la charge, Bernard, de dire à tous, à toutes, combien vous me manquez et tout ce que je vous dois. Aux profs mais encore plus aux élèves.
Dire ma solidarité, mon affection, mon appui inaltérable à vos batailles et à vos plaisirs. Triste mais avec tant d’amitié. J’admire l’aventure que vous avez initiée et à laquelle vous m’avez permis de me joindre.
 J’y viens écouter, bousculer l’un, soutenir l’autre mais surtout me faire bousculer et récolter du grain à moudre. Je profite de l’élan que vous m’avez donné ».

Formulation exemplaire d’un rapport à autrui dans lequel il inscrivait toujours les ressources qu’il offrait et dans lesquelles ses interlocuteurs, ses étudiants et ses amis puisaient à pleines mains, dans une forme de réciprocité, dans un postulat d’égalité et dans une visée d’émancipation.

Jean-Yves ROCHEX
Laboratoire ESCOL-CIRCEFT
Université Paris 8 Saint-Denis
et Bernard GERDE
Cofondateur du CLEPT,
Association La Bouture

NOTES
Sigles des institutions mentionnées
INRP : Institut national de recherche pédagogique ;
MAFPEN : Mission académique pour la formation des personnels de l’Éducation nationale ;
IUFM : Institut universitaire de formation des maîtres ; ISP :
Institut supérieur de pédagogie ;
CIEP : Centre international d’études pédagogiques ; CNU : Conseil national des universités ;
AFIRSE : Association francophone internationale de recherche scientifique en éducation ;
DESUP : Direction de l’Enseignement supérieur;
UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture ;
OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques ;
GRETAF : Groupe d’études sur l’éducation en Afrique

RÉFÉRENCES
ROCHEIX Jean-Yves et GERDE Bernard (2023). « In memoriam Guy Berger (1932-2023) », Revue française de Pédagogie, 219 | 2023. URL : http://journals.openedition.org/rfp/13008 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfp.13008


RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES DE L’ARTICLE

MORISSE Martine et BLONDEAU Nicole (2024). « Hommage à Guy Berger, acteur et témoin de l’histoire de Vincennes et des Sciences de l’Éducation à Paris 8, pédagogue et chercheur, compagnon de route et ami critique », Journée d’étude, Université de Paris 8, Saint-Denis, Programme, 2 p. Ouverture par Annick ALLAIRE. Introduction par Francine DEMICHEL. Captation video : ID de réunion : 944 5949 1833 Code secret: 873815  https://univ-paris8.zoom.us/j/94459491833?pwd=dEhFWU50Q0RpS1Q0ODA4TXBXQUNSdz09
MUTUALE Augustin, SERINA-KARSKY Fabienne et PARAYRE Séverine (2023). « Hommage à Guy Berger (1932-1923), Phronesis, 2023/HS1 (n° hors-série), p. 1-3. https://cairn.info/revue-phronesis-2023-HS1-page-1.htm

 

MUTUALE Augustin et BERGER Guy (2020). S’engager dans la recherche en Sciences sociales. Le champ de l’Éducation, ESF Éditeur, 198 p.
MUTUALE Augustin et BERGER Guy (2021). « En quoi le biographique nous provoque-t-il ? Du statut de la voix », Le sujet dans la cité, 2021/2 (Actuels n°12), L’Harmattan, p. 225-234.


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

Guy BERGER et Daniel HAMELINE le 24 mars 2022 lors de la Journée d’étude organisée à la Faculté d’Éducation et de Formation de l’Institut Catholique de Paris. © Photo CAD/MALA Bernard Mérigot.

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Louis Moreau de Bellaing (1932-2024)

Louis MOREAU DE BELLAING, sociologue et anthropologue, vient de nous quitter en ce début de 2024. Je l’ai côtoyé régulièrement à partir de 2014  lors des séances mensuelles du « Séminaire Anthropologie, Psychanalyse et Politique » qui se tenait le mardi matin à la Fondation Maison Sciences de l’Homme (FMSH), rue Suger, à Paris. Nous nous souvenons tous de ses interventions documentées, fondées sur sa longue expérience de professeur de Sociologie à l’Université de Caen, sur ses multiples publications, et continuellement ouvertes sur les travaux les plus récents de la recherche. Il les faisait avec sa voix claire et puissante que tous écoutaient. En 2020, le séminaire, évidemment touché par le confinement de la Covid-19, s’est poursuivi sur un mode distanciel, et Louis demeura présent devant son ordinateur, connecté  sur Zoom. Tout en continuant à publier articles et recensions, et à participer à des numéros thématiques de revues universitaires.

Bernard MÉRIGOT
Anthropologue
Chercheur associé à la MSH Paris-Saclay

Louis MOREAU DE BELLAING (1932-2024), Séminaire de l’Association Française des Anthropologues (AFA), « Anthropologie, Psychanalyse et politique. Regards sur les terrains », Séance du 20 juin 2017, Fondation Maison Sciences de l’Homme (FMSH), rue Suger, Paris. © Photo CAD/Bernard MÉRIGOT.

L’association Française des Anthropologues (AFA), le Collège International de Psychanalyse et d’Anthropologie (CIPA) et la revue L’Homme et la Société, organisent une séance d’hommage à Louis MOREAU DE BELLAING. Elle se tiendra le :

Hommage à Louis MOREAU DE BELLAING
(1932-2024)
anthropologue, sociologue, romancier
jeudi 28 mars, à 10 H 30
Université Paris Cité, Halle aux Farines,
10, rue François Dolto, 75013 PARIS

https://www.afa.msh-paris.fr/wp-content/uploads/2024/02/LMB28-MARS-AFA.pdf

Monique SELIM et Louis MOREAU DE BELLAING, Séminaire de l’Association Française des Anthropologues (AFA), « Anthropologie, Psychanalyse et politique. Regards sur les terrains », Séance du 10 janvier 2017, Fondation Maison Sciences de l’Homme (FMSH), rue Suger, Paris. © Photo CAD/Bernard MÉRIGOT.


Louis MOREAU DE BELLAING
1932-2024
Bibliographie partielle de ses publications

MOREAU DE BELLAING Louis (1984). Analyse du social. Théorie et méthodes, en collaboration avec Dominique BEYNIER et Didier LE GALL, Paris, Édition Anthropos.
MOREAU DE BELLAING Louis (1988). La Misère blanche. Le mode de vie des exclus, Paris, L’Harmattan, Collection « Logiques sociales ».
MOREAU DE BELLAING Louis (1990). Sociologie de l’autorité [1985], Paris, L’Harmattan, collection « Logiques sociales ». Réédition 1990.
MOREAU DE BELLAING Louis (1995). Les Sans Domicile Fixe : Un phénomène d’errance, en collaboration avec Jacques Guillou, Paris, L’Harmattan.
MOREAU DE BELLAING Louis (1997). La Légitimation. Approche, psychanalytique, sociologique et anthropologique, Paris, L’Harmattan, collection « Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (1999). D’une sociologie de la méconnaissance, en collaboration avec Marie- Christine D’UNRUG, Paris, Éditions Anthropos.
MOREAU DE BELLAING Louis (1999). Misère et pauvreté. Sans Domicile Fixe et sous-prolétaires, en collaboration avec Jacques GUILLOU, Paris, L’Harmattan, Collection « Logiques sociales ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2000). Déconstruire le handicap, Citoyenneté et folie, en collaboration avec Roland DEMONET, Paris, Éditions du CTENRHI.
MOREAU DE BELLAING Louis (2000). L‘empirisme en sociologie [1992] Paris, L’Harmattan, Collection « Logiques sociales ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2000). Sociologie : Définitions, champs, démarche, en collaboration avec Didier POUSSIN, Paris, Éditions ASH.
MOREAU DE BELLAING Louis (2001). La fonction du libre-arbitre. Légitimation II, Paris, L’Harmattan, Collection : « Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2002). Quelle autorité aujourd’hui ? Légitimité et démocratie, Paris, Éditions ESF.
MOREAU DE BELLAING Louis (2004). Figures de l’exclusion. Parcours de Sans Domicile Fixe, en collaboration avec Jacques GUILLOU, Paris, L’Harmattan.
MOREAU DE BELLAING Louis (2005). Don et échange, Légitimation III, Paris, L’Harmattan, Collection: « Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2005). L’État et son autorité, l’idéologie paternaliste [I976], Paris Anthropos, 2005.
MOREAU DE BELLAING Louis (2005). La légitimation du pouvoir. L’Un sans l’autre, Paris, L’Harmattan.
MOREAU DE BELLAING Louis (2007). L’enthousiasme de Madame de Staël, Paris, L’Harmattan, Collection « Logiques sociales.
MOREAU DE BELLAING Louis (2009). Des sociologues dans la soute (1963-1998), Paris, L’Harmattan, collection « Sociologie de la connaissance ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2009). Le Pouvoir. Légitimation IV, Paris, L’Harmattan, Collection « Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2011). Claude Lefort et l’idée de société démocratique, Paris, L’Harmattan, Collection « Logiques sociales ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2012). L’accès au social. Légitimation V, Paris, L’Harmattan, Collection : « Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2013). La genèse de la politique. Légitimation VI, Paris, L’Harmattan, Collection : « Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2016). Vivre sans le capitalisme? Inconscient et politique, Paris, L’Harmattan, collection « Psychanalyse et Civilisation ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2019). D’un sens l’autre. Le sacré-profane et l’entre-nous, L’Harmattan, Psychanalyse et civilisations ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2020). Épistémologie des sciences sociales. Pratique et théorie, L’Harmattan, Collection « Anthropologie critique ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2021). Le sensible et le barbare. Figures de l’homme planétaire.
MOREAU DE BELLAING Louis (2021). Psychanalyse et Anthropologie critique, avec Marie-Laure DIMON et Christine GIOJA BRUNERIE, Paris, L’Harmattan.
MOREAU DE BELLAING Louis (2021). Terrains et idéologies. Théorie et pratique, Paris, L’Harmattan, Collection « Anthropologie critique ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2022). L’incorporel féminin. Les deux corps de la femme, en collaboration avec Serge G. RAYMOND, Préambule de Marie-Laure DIMON, Paris, L’Harmattan, Collection « Psychanalyse et civilisation ».
MOREAU DE BELLAING Louis (2022). Les apatriés. Pieds-noirs, harkis, Algériens : subjectivités éprouvées et statuts politiques escamotés, en collaboration avec Saverio TOMASELLA, Paris, L’Harmattan, Collection « Santé, sociétés et cultures ».

RÉFÉRENCES
https://www.afa.msh-paris.fr/wp-content/uploads/2024/02/LMB28-MARS-AFA.pdf

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Louis MOREAU DE BELLAING, Séminaire de l’Association Française des Anthropologues (AFA), « Anthropologie, Psychanalyse et politique. Regards sur les terrains », Séance du 20 juin 2017, Fondation Maison Sciences de l’Homme (FMSH), rue Suger, Paris. © Photo CAD/Bernard MÉRIGOT.
  • Monique SELIM et Louis MOREAU DE BELLAING, Séminaire de l’Association Française des Anthropologues (AFA), « Anthropologie, Psychanalyse et politique. Regards sur les terrains », Séance du 10 janvier 2017, Fondation Maison Sciences de l’Homme (FMSH), rue Suger, Paris. © Photo CAD/Bernard MÉRIGOT.

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La foule illégitime. Anthropologie du procès en légitimité, politique et citoyenne (Emmanuel Macron)


Qui est légitime pour décider qui est légitime, et qui n’est pas légitime en politique ? Le président de la République ? Le citoyen ? Le peuple ? La foule qui manifeste ? Difficile de choisir entre l’électeur (légitime de voter ou de ne pas voter) et l’élu (légitime d’être ou de ne pas être candidat, légitime d’être élu ou de ne pas être élu …) ?

Comme les virus, les mots connaissent les variants : la « Foule illégitime » d’Emmanuel MACRON en politique (2023), la « Foule sentimentale » d’Alain SOUCHON  (1993), la « Foule » chantée par Édith PIAF (1958), ou encore, la « Foule solitaire » de David RIESMAN en sociologie (1950).

Qui est légitime pour dire qui est légitime et qui n’est pas légitime ? Bandeau de BFM TV : « MACRON. La foule n’a pas de légitimité »,  21 mars 2023.

« LA FOULE N’EST PAS LÉGITIME »

« Retraites : Macron affirme que «la foule» n’a «pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus». Le « bandeau » est apparu sur l’écran de la chaîne télévisée d’information continue BFM le mardi 21 mars 2023, à 21 H 40 : (BFM TV, 2023). L’information est développée par la chaîne de radio Europe n°1.

21 mars 2023, 21 h 40. Emmanuel Macron s’est exprimé ce mardi soir devant des parlementaires de la majorité. Si le chef de l’État a estimé qu’il fallait « écouter la colère » des Français, il a également estimé que « la foule » qui manifeste n’avait « pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus ».
Emmanuel Macron a estimé mardi soir devant les parlementaires de son camp qu’il fallait « apaiser » et « écouter la colère » des Français après l’adoption contestée de sa réforme des retraites par le Parlement, tout en affirmant que « la foule » n’avait pas de « légitimité » face aux élus. « S’ouvre une période devant nous où il faut apaiser, calmer, retourner sur le terrain et écouter les colères », a déclaré le président, selon des participants à cette réunion. « Ce que je demande à la Première ministre, c’est de réorganiser le travail du gouvernement à cette aune », a-t-il ajouté, appelant les « cabinets ministériels » à travailler « beaucoup plus avec les parlementaires de la majorité ».

« Pas de majorité alternative » Le chef de l’Etat s’exprimait devant les parlementaires du camp présidentiel conviés à l’Elysée au terme d’une journée scandée par les réunions de consultations avec ministres et dirigeants de la Macronie. Et à la veille de son interview télévisée de mercredi 22 mars 2023 à 13h00 sur TF1 et France 2
Il a justifié le recours au 49.3 pour faire adopter sa réforme des retraites sans vote, malgré les protestations des opposants au texte. « Utiliser la Constitution pour faire passer une réforme est toujours une bonne chose si on veut être respectueux de nos institutions », a-t-il estimé. Alors que le gouvernement a survécu, à neuf voix près seulement, à une motion de censure à l’Assemblée lundi, il a assuré que ce vote démontrait qu’il n’y avait « pas de majorité alternative ». « Et ce n’est pas parce que ça passe à très peu de choses que c’est illégitime pour autant, au contraire », a-t-il insisté. « Quelle est la main que nous n’avons pas saisie ? Je le demande », a encore dit Emmanuel Macron pour défendre la concertation menée par l’exécutif.
À la sortie, le patron des députés Horizons Laurent Marcangeli salue sa détermination. « Le président de la République a voulu parler de l’avenir, et vous dire le soleil se lèvera, qu’il y aura d’autres histoires, d’autres combats, d’autres réformes, c’est ce qu’il a voulu dire aujourd’hui. » (SERAIS et France Presse, 2023)

LA SEULE SOURCE DE LÉGITIMITÉ : LE PEUPLE

Comment l’anthropologie doit-elle considérer l’emploi du mot « légitime », du latin legitimus qui a pour sens « fondé en droit, établi par la loi, légal » ? Nier la légitimité d’une personne, d’un groupe ou d’une entité est une façon de mettre en cause sa légalité. Pour Pierre ROSANVALLON, « L’onction populaire des gouvernants est pour nous la principale caractéristique d’un régime démocratique. L’idée que le peuple est la seule source légitime du pouvoir s’est imposée avec la force de l’évidence. Nul ne songerait à la contester, ni même à la réfléchir » (ROSANVALLON, 2009)

LA RÉPUBLIQUE N’EST PAS LA DÉMOCRATIE

Le philosophe Jean-Claude MILNER a été interrogé par la revue Humanisme sur « la destitution du peuple » a partir de deux considérations :

  • « Le nom de république désigne la somme des droits reconnus aux citoyens, individuellement ou collectivement. […]
  • Le nom de démocratie désigne la somme et l’égalité des pouvoirs reconnus aux individus et à leurs rassemblements »,

Jean-Claude MILNER répond que « l’histoire nous apprend, notamment en France, que la forme républicaine de gouvernement ne signifie pas nécessairement que la démocratie soit au rendez-vous. Inversement, nombre de commentateurs érigent les pays scandinaves en modèles de démocratie, alors que ce sont des monarchies héréditaires . » (MILNER, 2022)

LES ÉTATS DE LÉGITIMATION SONT DES CODAGES

Dans un article consacré à la légitimation et à la légitimité considérées du point de vue de l’anthropologie critique, Louis MOREAU DE BELAING rappelle que « Les sublimations collectives – dont les contenus varient, ce qui donne à l’anthropologie l’en deçà de ses objets de science, trop souvent négligé – mettent en place, partout et toujours, chez les êtres humains et seulement chez eux, ce que nous appelons des codages et codes ou processus et états de légitimation et de légitimité inauguraux. » (MOREAU DE BELLAING, 2014)

La recherche en sciences sociales se trouve face à une double difficulté.
  D’une part, elle ne peut à tout moment commenter dans l’immédiateté les faits et les discours des médias qui les publient avec une intentionnalité que celle-ci n’exprime pas. Toute manifestation d’actualité nécessite d’être observée, renseignée, « entretenue », confrontée, contextualisée, analysée.
D’autre part, elle ne peut rester insensible à des écarts qui sont susceptibles d’ébranler les fondements et les principes fondateurs du « vivre ensemble ». C’est sans doute pour cela, que chaque fois qu’elle en a la liberté, elle choisit des sujets, au moment où elle engage leur étude,  auxquels elle pense avec raison qu’il lui appartient de livrer son l’analyse des faits, sa question de recherche, son hypothèse conclusive.


LE PRINCE PHILOSOPHE N’EXISTE PAS

La recherche souhaite que ceux qui possèdent le verbe – ce qui constitue toujours un pouvoir – en usent sciemment, c’est-à-dire selon un mode qui exclue le mensonge, la manipulation, la promesse non sincère, l’arrière-pensée dissimulée.

Nous savons que c’est l’historien François DOSSE qui a présenté Emmanuel MACRON au philosophe Paul RICOEUR en 2003. Il a publié un premier livre Le Philosophe et le Président. (DOSSE, 2017) suivi d’un second livre Macron ou les illusions perdues. Les larmes de Paul Ricoeur (DOSSE, 2022) dans lequel il reconnaît près de quinze ans après, son « incroyable naïveté ». À propos du fameux « en même temps » mis en oeuvre par Paul RICOEUR, François DOSSE écrit qu’ « il ne s’agit pas de la mélasse qu’en a fait le président Emmanuel MACRON, mais d’une manière d’éviter les alternatives, de penser les apories et les dilemmes, d’articuler les points de vue contraires, de trouver une voie d’échappement en pensant davantage. C’est au contraire très exigeant ! » (DOSSE, 2022) Le concept d’en-même-temps utilisé par Emmanuel MACRON n’a rien à voir avec le concept introduit par Paul RICOEUR. Pourtant, Emmanuel MACRON, et ceux qui en sont proches, n’ont pas manqué de mettre en avant une prétendue filiation entre la pensée d’Emmanuel MACRON et celle de Paul RICOEUR.

CONCLUSION

L ‘anthropologue retiendra la belle devise tirée de l’enseignement de Paul RICOEUR, « Penser davantage » que celui-ci  décline selon trois modes : penser davantage le dialogue social, penser davantage les concertations citoyennes, penser davantage la bienveillance politique.
Tous les concepts que nous mobilisons sont exigeants, ils nous obligent.  Nous n’avons pas de droits sur les idées. Ce sont elles qui ont des droits sur nous et sur nos comportements.
La légitimité n’est jamais un droit acquis pour l’éternité. C’est une présomption, un a-priori neutre qui doit être sans cesse confirmé. Tant mieux si elle est reconnue. Tant pis si elle est contestée.
Les processus de légitimation/délégitimation sont permanents. Aucune légitimité, comme celle dont s’autorise celui qui juge la légitimité des autres, n’est un droit naturel. Pour une raison simple : parce que c’est celle-ci, encore une fois,  qui oblige celui qui en est le porteur.

Bernard MÉRIGOT
Anthropologue
Chercheur associé à la MSH Paris-Saclay
22 mars 2023, 10 h 30


RÉFÉRENCES

BFM TV (2023). https://www.bfmtv.com/politique/elysee/retraites-emmanuel-macron-affirme-que-la-foule-n-a-pas-de-legitimite-face-au-peuple-qui-s-exprime-a-travers-ses-elus-rapporte-un-participant-a-la-reunion-a-l-elysee_VN-202303210745.html
DOSSE François (2017). Le Philosophe et le Président, Stock.
DOSSE François (2022). Macron ou les illusions perdues. Les larmes de Paul Ricoeur, Le Passeur, 416 p.
MILNER Jean-Claude (2022). « La destitution du peuple », Humanisme, 2022/4 (N° 337), p. 33-39. Propos recueillis par Aline GÉRARD. DOI : 10.3917/huma.337.0033. URL : https://www.cairn.info/revue-humanisme-2022-4-page-33.htm
MILNER Jean-Claude (). La destitution du peuple, Verdier éditeur.
MOREAU DE BELLAING Louis (2014)., « Théorie des pulsions et anthropologie critique : la légitimation et la légitimité », Connexions, 2014/2 (n° 102), p. 109-120. DOI : 10.3917/cnx.102.0109. URL : https://www.cairn.info/revue-connexions-2014-2-page-109.htm
MOREAU DE BELLAING Louis (2000). La fonction du libre arbitre, Légitimation II, Paris, L’Harmattan, Coll. « Psychanalyse et civilisations », 2000.
RIVEGAUCHE Michel (1958), La Foule, Paroles d’après la chanson originale d’Enrique DIZEO, Que nadie sepa mi sufrir (1936). Musique d’Ángel CABRAL, valse péruvienne.
RIESMAN David (1950). The Lovely Crowd. Traduction française : La Foule solitaire.
ROSANVALLON Pierre (2009). « La légitimité démocratique. Les théories de l’intérêt général », Humanisme, 2009/1, n°284), p. 14-15. DOI : 10.3917/huma.284.0014. URL : https://www.cairn.info/revue-humanisme-2009-1-page-14.htm
SERAIS Jacques et Agence France Presse (2023). Jacques Serais avec AFP 21h40, le 21 mars 2023, modifié à 07h18, le 22 mars 2023
SOUCHON Alain (1993). La foule sentimentale. Paroles et musique d’Alain Souchon.


Foule sentimentale,
Il faut voir comme on nous parle,
Comme on nous parle.
Foule sentimentale,
On a soif d’idéal.
Alain SOUCHON, La foule sentimentale, 1993.


Commentaire
22 mars 2022
« La foule n’est pas légitime » : François Bayrou n’aurait pas dit les choses comme ça

« Je n’aurais pas dit les choses comme ça », a assuré le président du Modem François BAYROU, président du MODEM, le mercredi 22 mars 2022 au micro de France Inter. « Les manifestations ont leur légitimité » (…) « Je ne nierais pas la légitimité des manifestations, quelque chose s’exprime qui est très important pour les gens qui viennent là. »

https://www.lepoint.fr/politique/foule-pas-legitime-selon-macron-bayrou-n-aurait-pas-dit-les-choses-comme-ca-22-03-2023-2513014_20.php#11


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Pour citer cet article : MÉRIGOT BERNARD (2023), http://www.savigny-avenir.fr/2023/03/22/la-foule-illegitime-anthropologie-du-proces-en-legitimite-politique-et-citoyenne-emmanuel-macron/
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Territories and Local Digital Democracy (Better Approach The Future)

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Christophe de Savigny (1530-1587)

TERRITORIES AND LOCAL DIGITAL DEMOCRACY
« Sooner or later, near or far, has the strength of the weak need. »  (1)
This motto – which is in fact an epigraph – is inscribed at the top of the Complete Paintings of All the Liberal Arts (« Tableaux accomplis de tous les arts libéraux… ») published in 1587 by Christophe de SAVIGNY (1530-1587), a humanist of the French Renaissance. It introduces three essential notions:
•   balance of power (strong/weak),
•   temporality (“tost”/late),
•   prefiguration of the modern general interest
(the “need”).
It constitutes a founding injunction of a moral, social, political and spiritual program. It is a manifestation of the encyclopedic spirit, that is to say of the εγκυκλο παίδεια (“enkuklios paideia”), the circular education which embraces a whole circle.
Any educational process – any teaching received or dispensed (“teaching of oneself” and “teaching of others” cannot be dissociated) – is paradoxical, as SAINT AUGUSTIN writes in his Soliloquies : “We sometimes learn that what we believed to be ours is foreign, and that what we thought was foreign is ours”. (2)

1. SAVIGNY Christophe de (1587). Tableaux accomplis de tous les arts libéraux, contenans brièvement et clerement par singulière méthode de doctrine, une générale et sommaire partition des dicts arts, amassez et reduicts en ordre pour le soulagement et profit de la jeunesse, Paris, Jean et François de Gourmont.
2. AUGUSTIN (Saint Augustin) (354-430). Soliloquies, I, 3.

FOR A GLOBAL ANTHROPOLOGY OF THE PRESENT
“Anthropology is the discipline which has as its specificity a mode of production of knowledge based on interpersonal communication with actors. (p. 10)
“Anthropology and its interlocutors are no more immune than others to these cognitive bubbles that operate on the common interests and drive the real markets of the unreal, and unreal of the real « . (p. 22)
• Imposes on us « to think and decipher the present world as it is, with all its salient horrors and its ever-increasing crucibles of imaginary artifices » having as a perspective « that this unveiling of torn meanings allows you to set benchmarks for future paths ». (p. 169)

SELIM Monique (2019). Anthropologie globale du présent (Global anthropology of the present), L’Harmattan, 259 p. ISBN 978-2-3-43-17467-9

http://www.savigny-avenir.info 2,500 articles online, 4,000 photos and documents, 4 million pages read since the site created in 2010.
Global anthropology of the present. Citizen anthropology. Territorial intelligence. Editorialization of local identities. Policy narratives. Local governance. Participative democracy. Circular education.

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Femmes migrantes : le sens de l’approche anthropologique (Voices of Immigrant Women)

Une journée d’étude intitulée « Femmes battantes contre les frontières » s’est déroulée le 10 septembre 2022 au Centre d’hébergement René Coty/Aurore à Paris (1). Elle était consacrée au regard que les sciences humaines et sociales portent d’une façon générale au phénomène migratoire, et plus particulièrement aux trajectoires que les femmes migrantes accomplissent depuis leur pays d’origine, après avoir traversé plusieurs pays en empruntant divers moyens de déplacement souvent dangereux, avant de parvenir – pour un temps toujours incertain – dans un pays d’arrivée appelé à devenir « leur pays » –  qu’elles l’aient choisis ou non, et que les citoyens du pays d’accueil les y acceptent ou pas.
Cette manifestation s’inscrit dans le cadre du projet de recherche universitaire européen « Voices of Immigrant Women (VIW) »
(Voix des femmes immigrées).

FEMMES BATTANTES CONTRE LES FRONTIÈRES. Rencontre dans le cadre du projet de recherche European Voices of Immigrant Women (VIW) Samedi 10 Septembre 2022. Centre d’hébergement René Coty/Aurore, 8 bis Av René Coty, 75014 Paris. © Photographie CAD/BM

La migration n’est pas seulement un déplacement physique, matériel, elle est aussi un déplacement psychique, symbolique, imaginaire qui remet en cause les ordonnancements hiérarchiques et les rapports de domination.

LES MIGRANTS SONT AUSSI DES MIGRANTES

Comment se défaire des catégories a priori sexuées des « migrants » pour aborder les trajectoires des « migrantes » ? C’est par la mise en œuvre d’une « désidéologisation » que l’on peut saisir la complexité des intentions des femmes lorsqu’elles décident de quitter leur pays et leur communauté d’origine qui les sépare d’un avenir déjà là qui les voyait rester « à leur place » en tant que fille, femme, mère, épouse.

  • la séparation ouvre des horizons in-espérés.
  • la migration déclenche modifie les positionnements.

L’anthropologue est impliquée, au sens fort du terme, dans l’enquête menée sur les femmes migrantes. Son profil constitue un miroir dans lequel elles se projettent comme actrices. Son mode d’écoute s’attache à dégager le sens dialectique profond que les femmes donnent à leurs migrations :

  • il embrasse échecs et succès, libération et aliénation.
  • Il met en branle une double réflexivité en les liant dans un dépassement herméneutique, celle de l’anthropologue et celle de la migrante.

La perspective critique de la recherche conduit à ne pas enfermer les femmes dans des cadres normatifs d’interprétation. L’idéologie humanitaire, compassionnelle et condescendante, toujours conventionnelle sur les rôles de genre, imprègne les regards portés sur les migrants. Elle caricature leurs conditions de vie d’origine comme leurs itinéraires, leurs malheurs comme leurs prétendus bonheurs.

Le politique est un élément structurant des trajectoires migratoires et ne concerne pas seulement les conditions socio-économiques objectives mais aussi les représentations du politique qui s’inscrivent dans la subjectivité des actrices.

PAYS D’ORIGINE, PAYS TRAVERSÉS, PAYS D’ARRIVÉE

La figure imaginaire de l’État dans le pays d’origine, dans les pays traversés, dans le pays d’arrivée est déterminante pour comprendre les ouvertures que la migration offre aux femmes.

FEMMES BATTANTES CONTRE LES FRONTIÈRES. Rencontre dans le cadre du projet de recherche European Voices of Immigrant Women (VIW) Samedi 10 Septembre 2022. Centre d’hébergement René Coty/Aurore, 8 bis Av René Coty, 75014 Paris. © Photographie CAD/BM

Partout l’État avec ses lois empreintes de cette part variable de domination masculine, fixe les limites que les femmes ne doivent pas franchir dans leurs désirs et leur vie. Les femmes en migrant mesurent la relativité de ces limites et s’affranchissent des impositions qui pèsent sur elles. Cela justifie l’articulation au politique de ces récits.

RÉFÉRENCES

  • « Femmes battantes contre les frontières », Rencontre dans le cadre du projet de recherche européen Voices of Immigrant Women (VIW) organisée par les anthropologues : Pascale ABSI ; Kassia ALEKSIC ; Patience BILIGHA ; Wenjing GUO ; Monique SELIM (CESSMA-IRD, Université Paris-Cité), Samedi 10 Septembre 2022, 10 H 00 – 14 H 00, Centre d’hébergement René Coty (Aurore), 8 bis Av René Coty, 75014 Paris.
    Avec :
    Angélique BERENGE, Cheffe de Service du Centre d’hébergement Cœur de Femmes, Association AURORE
    Zita CABAIS-OBRA, Membre de CCEM (Comité contre l’Esclavagisme Moderne) et ISTAC (Comité International des Survivants de la traite des êtres humains)
    Ting CHEN, Sociologue, Laboratoire du Changement Social et Politique, Université Paris-Cité, Coordinateur, Association Les Roses d’Acier
    Olivier DOUVILLE, Psychanalyste, Maître de Conférence des Universités, Directeur de Publication de la Revue Psychologie Clinique
  • Voices of Immigrant Women  (VIW)https://viw.pixel-online.org

FEMMES BATTANTES CONTRE LES FRONTIÈRES. Rencontre dans le cadre du projet de recherche European Voices of Immigrant Women (VIW) Samedi 10 Septembre 2022. Centre d’hébergement René Coty/Aurore, 8 bis Av René Coty, 75014 Paris. © Photographie CAD/BM


La Lettre du Lundi de MALA/TDNL, n°527, 26 septembre 2022


Commentaire du 3 octobre 2022
TEST DE VISIBILITÉ INTERNET DU PRÉSENT ARTICLE

Lorsque l’on écrit un article sur un média numérique et qu’on le publie sur Internet, c’est bien évidemment dans le but qu’il soit techniquement accessible par tous les usagers, mais aussi qu’il soit référencé (titre du texte, catégories d’indexation, légendes des illustrations…) lors de sa mise en ligne, et ce d’une façon pertinente pour être trouvé par les moteurs de recherche.

L’article http://www.savigny-avenir.fr/2022/09/23/femmes-migrantes-le-sens-de-lapproche-anthropologique-voices-of-immigrant-women/ a été mis en ligne le 23 septembre 2022.

TEST n°1. Nous avons effectué le 1er octobre 2022 la recherche suivante sur Google :

  • Recherche : « voices/of/immigrant/women »
  • Outils : « Moins d’une semaine »
  • « Images »

« Voices/of/Immigrant/ Women » + « Moins d’une semaine » + « Images » Recherche effectuée sur Google le 01/10/2022 11:28:15. Page 1

On notera que les images n° 1, n°4 et n°10, identifiées par Google comme provenant de « Savigny-Avenir Territoires et Démocratie Locale, http://savigny-avenir.info », correspondent bien a notre article.

TEST n°2. Nous avons effectué le 1er octobre 2022 la recherche suivante sur Google :

  • Recherche : « femmes/battantes/contre/les/frontieres » »
  • Outils : « Moins d’une semaine »
  • « Images »

« Femmes/battantes/contre/les/frontières » + « Moins d’une semaine » + « Images » Recherche effectuée sur Google le 01/10/2022 11:30. Page 1.

On notera que les images n°1, n°3 et n°10, identifiées par Google comme provenant de « Savigny-Avenir Territoires et Démocratie Locale, http://savigny-avenir.info », correspondent bien a notre article.


Commentaire
19 novembre 2022

On ne saurait s’étonner que l’immigration soit genrée, c’est-à-dire basée sur le genre qui distingue le masculin du féminin. Le mot d’ « immigré » que l’on emploie est un terme qui doit-être pris dans son sens épicène, concernant à la fois des immigrés (hommes) et des immigrées (femmes).
L’attention portée par les recherches des sciences humaines et sociales (sociologiques, anthropologiques, ethnologiques…) concernant la présence spécifique des femmes immigrées a une histoire déjà ancienne et nombreux travaux peuvent être signalés.
Un seul exemple, il y a déjà trente ans, en 1992, Odile BENOIT-GUILBOT et Suzy BERNUS, respectivement directrice de recherche et chargée de recherche au CNRS, soulignaient le témoignage original que constituait le livre Immigrer au féminin de Marie-Louise BONVICINI offrant une véritable « observation participante » relatif à une expérience de réseau d’ échanges de savoirs » destiné aux femmes immigrées.

BONVICINI Marie-Louise (1992). Immigrer au féminin, Les « Femmes du lundi », Les Éditions ouvrières, Collection Le Social en acte, 168 p. Préface d’Odile BENOIT-GUILBOT et Suzy BERNUS.


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.
Référence du présent article :
http://www.savigny-avenir.fr/2022/09/23/femmes-migrantes-le-sens-de-lapproche-anthropologique-voices-of-immigrant-women/

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À la recherche de la communauté éducative inclusive. Le colloque de l’ISP-Faculté d’Éducation de l’Institut Catholique de Paris (23-24 mars 2022). 1ere partie

« Communauté éducative inclusive » est l’intitulé du colloque organisé par l’ ISP-Faculté d’Éducation de l’Institut Catholique de Paris qui s’est tenu les 23 et 24 mars 2022. Présenté selon son organisateur Augustin MUTUALE, comme « un évènement fédérateur des activités menées au sein de l’ISP, Faculté d’Éducation » (1) il a rassemblé près de 250 personnes dans l’auditorium de l’ICP, attirées par une affiche comprenant plus de 30 intervenants pour plus de 10 heures de séance durant deux jours (plénière, tables rondes, ateliers).
Le titre et le contenu de la manifestation étaient complétés à deux niveaux, chacun par trois indicateurs :

  • trois verbes : « accueillir, enseigner, évaluer »,
  • et trois concepts « la relation éducative, les lieux, le politique » qui ont fournis chacun le thème à trois tables rondes. (2)

Quels sont les « lieux », à la fois conceptuels, institutionnels et politiques de l’inclusivité éducative ?

« Communauté éducative inclusive : accueillir, enseigner, évaluer », Colloque de l’lnstitut Catholique de Paris, séance du 24 mars 2022. Table ronde sur la relation éducative animée par François MOOG, avec Alain FRUGIÈRE, Nadjet TABOURI, Myriam KETTANI, Catherine ZONGO, Marie-Krystelle VILMORE et Gabriel MAES. © Photographie Bernard MÉRIGOT/CAD

PROBLÉMATISER LE SERVICE AUX AUTRES

« Parler de communauté éducative inclusive serait vide de sens si on ne rappelait pas que les Facultés d’enseignement universitaire n’étaient pas d’abord au service des autres » rappelait dès le début du colloque Emmanuel PETIT, Recteur de l’Institut Catholique de Paris. Être au service des autres n’est ni une évidence ni une banalité en un temps ou certaines institutions publiques trouvent dans le fait de leur simple existence, une justification suffisante d’ « être au monde » pour l’éternité. La répétition de ce qu’elles ont accomplis hier constituant leur horizon du lendemain.
Les institutions d’éducation et d’enseignement, par l’intermédiaire de chacun de leurs enseignants-chercheurs, sont en charge d’élaborer, de transmettre et de construire les connaissances et les pratiques du savoir humain – celle du moment, comme celles en train de se constituer – à des classes d’âges successives, chaque fois renouvelées selon une périodicité temporelle immuable allant du mois de septembre d’une année, au mois de juin de l’année suivante. Elles ont vocation à constituer une activité financièrement non lucrative et socialement inclusive. (3)

LA GALAXIE INCLUSIVE

Le secteur de la pensée et des pratiques relevant de l’inclusivité (de l’inclusion, de « l’inclusif »…) ressemble aux Grands magasins parisiens conçus à la fin du XIXe siècle qui offraient toute sortes de rayons différents à chacun de leurs étages. On peut y trouver ainsi :

  • l’inclusion théorique, politique et administrative, gouvernementale et ministérielle, celle des textes (législatifs, réglementaires…), des communiqués de presse officiels, des conférences de presse, des programmes électoraux…
  • l’inclusion pratique, celle qui est assurée concrêtement au sein des établissements scolaires et d’éducation (écoles maternelles et primaires, collèges, lycées, universités…) auprès de ses membres (élèves, étudiants, professeurs,  personnels…) , comme  de toute autre sorte d’activité socio-éducative (stagiaires, éducateurs, personnels…), de soin (patients, éducateurs, soignants, personnels…), ou d’entreprise (employés, clients…),
  • l’inclusion enseignée par les universités, notamment par les Sciences de l’Éducation dans le cadre de diplômes (comme les licences, les masters, les doctorats… en particulier en Sciences de l’Éducation),
  • l’inclusion étudiée par la recherche universitaire, celle des Sciences sociales et humaines (notamment les Sciences de l’Éducation), procédant à l’examen critique et à l’élaboration raisonnée de sa théorie et de ses pratiques.

Pour leur part, les organisateurs du colloque rappellent dans un document de présentation les notions qu’ils utilisent :

  • la notion de « communauté éducative », héritée des écoles congréganistes du XIXe siècle, est très répandue aujourd’hui. Elle a été valorisée à partir des années 1980 et vise à associer tous les acteurs de l’éducation et non seulement ceux appartenant à l’institution scolaire.
  • le concept d’ « inclusion » est quant à lui développé initialement dans une dimension politique pour favoriser la participation pleine et entière des individus à la vie sociale, tout en permettant de tenir compte des vulnérabilités et des fragilités humaines. Il s’agit d’une visée mettant au centre la dignité et le pouvoir d’agir des personnes, d’un horizon au sein duquel chacun peut trouver sa place, d’une utopie où se pose un regard résolument positif qui éclaire les forces plutôt que les faiblesses.

Ils s’appuient sur le « Projet facultaire  ISP-Faculté d’Éducation, Communauté éducative inclusive universitaire et scolaire » publié en 2019 (4). Divers articles et livres sur le sujet ont été édités comme De la pédagogie universitaire inclusive. L’université et le handicap (2020) et Du devenir humain. Une éducation par laquelle l’être humain se forme à être humain (2022). (5)

PEUT-ON ENSEIGNER EN FAISANT CONFIANCE A DES MACHINES ?  Une salle de classe « En l’an 2000 » imaginée un siècle plus tôt. Illustration attribuée à Jean-Marc CÔTÉ extraite d’une série de cartes postales réalisées à l’occasion de l’exposition universelle de 1900.

COMMENTAIRE DE L’ILLUSTRATION
Il existe un  « rêve fou  » (répandu dans l’opinion publique, et partagé par certains politiques et certains enseignants, aussi…)  qui consiste à  croire qu’il est possible de faire confiance à un mécanisme (ici tourner une manivelle) – mécanisme qui peut-être physique ou intellectuel –  pour que tous les élèves acquièrent en même temps les mêmes connaissances.
Les élèves ont tous des écouteurs à fils sur les oreilles (ils ne sont pas encore connectés à la WiFi ou au Bluethooth…). Il ne manque que les écrans d’ordinateur. Ne doutons pas que le Conseil départemental (si c’est un collège) ou le Conseil régional (si c’est un lycée) livrera bientôt  ordinateurs et tablettes aux élèves de cette classe. A  moins que ces derniers soient déjà en train de regarder l’écran TNI qui leur fait face et que l’on ne voit pas sur le dessin…

L’illustration fait partie d’une série qui a été utilisée notamment comme « image pour enfant » jointe à des produits alimentaires vendus au début du XXe siècle, comme les crèmes renversées sucrées produites par les établissements « Ch. Jux », confiseur à Paris, 74 boulevard de Reuilly. Sa composition en poudre servait pour fabriquer de la crème dessert (vanille, chocolat, café, orange, citron, pistache) en la faisant cuire dans du lait. Le produit de Monsieur JUX a été récompensé par une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1900. L’imaginaire scolaire du futur (« En l’an 2000 ») rejoignait celui de l’enfant-consommateur à une époque où les mères de famille n’achetaient pas du « tout prêt » alimentaire : c’était alors l’époque où l’on « faisait soi-même ».

Il est à noter que la série d’images « En l’an 2000 » qui représente les progrès scientifiques et techniques à venir, ont été dessinées semble-t il en 1899 et imprimées entre 1900 et 1910. On estime qu’au moins 87 illustrations différentes ont été produites par un ou plusieurs artistes ( ? ) dont le principal est Jean-Marc CÔTÉ dont à ce jour on ne sait rien. Elles sont conservées par le Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque Nationale de France sous la cote Qb-1 (1900)-fol qui les a numérisées. L’écrivain russo-américain Isaac ASIMOV (1920-1992) les a utilisées dans son livre Futuredays : A Nineteenth Century Vision of the Year 2000 (Henry Holt & Company, 1986). (Jours du futur : une vision dix-neuvième siècle de l’an 2000).

C’est l’occasion de nous interroger pour savoir, aujourd’hui en 2022, comment se dessine la salle de classe de l’an 3000 ?

PISTES POUR UNE « RÉFLEXION PROBLÉMATISÉE »
SUR UN COLLOQUE

Le colloque est présenté par ses organisateurs comme une « réflexion problématisée sur la Communauté Éducative Inclusive (CEI) ». La formule s’apparente à celle de « question problématisée » en usage dans les actuels programmes des collèges et des lycées, notamment pour les enseignements du « tronc commun » d’histoire, géographie et éducation civique et morale, ainsi que de spécialité histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques. Il est intéressant de se pencher sur la notion de « réflexion problématisée » employée ici et appliquée à un colloque, c’est-à-dire à une activité de recherche de l’enseignement supérieur. On peut l’entendre comme « une mise en question » du colloque, de son intitulé, de ses thèmes, de son appel à communication, du contenu des communications des intervenants comme des questions émanant des assistants.

Sébastien CHARBONNIER, reprenant l’étude de Michel FABRE sur « Qu’est-ce que problématiser ? » remarque que poser la question « Qu’est-ce que ? » est rarement pertinente car elle nous conduit aux types de problèmes platoniciens, ceux de l’essence. En revanche, les « vrais problèmes » émergent véritablement à partir d’une pluralité de « questions circonstancielles » classiques : Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? ». (6)

Rien n’est ni naturel ni évident dans l’évènement que constituent les colloques. Max WEBER a établi que les faits n’existent « ni en dehors du contexte de leur production, ni en dehors du sens qu’on leur donne ». Les thèmes et les sujets collectifs d’étude n’apparaissent jamais sans raison au sein d’une institution, en l’occurrence l’Institut Catholique de Paris dans le cas présent. Des causes les précèdent, et des effets les suivent. Les uns comme les autres sont souvent cachés, invisibles, discrets, non-dits.
Ils sont des marqueurs du temps, depuis l’annonce du sujet et des dates, l’appel à  communications, la tenue des séances, les rencontres «off» jusqu’à  la publication des actes…
Ils sont la manifestation de la vie d’une discipline – en l’occurrence les Sciences de l’Éducation − de ceux qui l’enseignent et qui l’étudient, et de son histoire ponctuée par une chronologie d’articles,  de livres, de colloques…

Des objets incomplètement identifiés. D’une façon générale, les colloques universitaires de recherche en sciences humaines et sociales (tout comme les journées d’étude, les séminaires…) constituent au sein de l’enseignement académique des objets habituels, voire traditionnels, qui demeurent en définitive des « objets incomplètement identifiés ». Une anthropologie des colloques, une sociologie des colloques, une histoire des colloques… serait à engager, afin de situer à la fois les stratégies institutionnelles qui produisent leur actualité, la circulation complexe des idées à l’intérieur et à l’extérieur des disciplines, confrontées à cette notion insaisissable qui est « l’air du temps » et qui légitime pour une durée parfois très brève, un thème, une question, un problème.

Anthropologie des connaissances/Connaissance de l’Anthropologie. Les colloques de recherche seraient à aborder selon la perspective d’une « anthropologie des connaissances » en les considérant comme des discours, comme des pratiques, comme des dispositifs techniques, en se penchant sur « les conditions de leur production, de leur utilisation, de leur transmission, de leur mobilisation par les collectifs d’humains », comme le fait, par exemple depuis plusieurs années, La Revue d’anthropologie des connaissances qui considère les modalités selon lesquelles les connaissances se forment et se diffusent, en s’attachant à leur étude, et en menant « une enquête multidisciplinaire sur les pratiques et les conduites, sur les représentations et les idéologies, sur les professions, les organisations et les institutions, sur les techniques et les productions dans leurs singularités historiques. » (7)

Une réflexion problématisée doit trouver une juste distance à l’égard de l’actualité qui est construite et imposée par les médias et les réseaux sociaux, porteurs et propagateurs de l’automatisme mental des problèmes généralisés («Tout devient problème»), étant à la fois dans le rôle de celui qui influence les autres et dans celui qui subit l’influence des autres. Une approche critique impose de prendre conscience du  présentisme définit François HARTOG, dans lequel nous vivons. (8)

L’ENSEIGNEMENT, UNE AFFAIRE DE TRIANGLES ?

Les Sciences de l’Éducation de la fin du XXe siècle sont marquées par la théorie du « triangle pédagogique » présentée par Jean HOUSSAYE (né en 1947) dans la thèse qu’il a soutenue en 1982 sous la direction de Daniel HAMELINE (9). Il est à noter que l’un et l’autre étaient présents  lors de la seconde journée du colloque, le jeudi 24 mars.
Cette théorie triangulaire a donné lieu à d’innombrables reprises et commentaires. Elle a été élaborée à partir de divers travaux. On pense à FREUD et à  Jacques LACAN, et à certains de leurs développements théoriques sur la place occupée par les relations triangulaires où deux termes se trouvent privilégiés au détriment d’un troisième. Elle présente l’acte pédagogique comme une relation triangulaire dont les trois sommets sont : le savoir, le professeur, les élèves. Trois relations en découlent :

  • enseigner (entre le professeur et le savoir),
  • former (entre le professeur et les élèves),
  • apprendre (entre les élèves et le savoir).

Le colloque « Communauté Éducative Inclusive », par son intitulé et par son programme, propose lui aussi une double articulation de trois termes :

  • trois verbes (accueillir, enseigner, évaluer),
  • trois concepts (la relation éducative, les lieux, le politique).

LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE INCLUSIVE. Accueillir, enseigner, évaluer. Le triangle de l’ISP-Faculté de l’Éducation, Institut Catholique de Paris, Colloque des 23-24 mars 2022. (BM/TDNL, 2022)


L’approche bi-partite est souvent incomplète, négligeant l’opérabilité d’un troisième terme. Augustin MUTUALE, Fabienne SERINA-KARSKY et Séverine PARAYRE, réfléchissant à la relation éducative en l’élargissant à toutes les « professions adressées à autrui », notent que celle-ci est une relation « dont l’objectif n’est pas la relation mais l’objet tiers ». (p. 3)

MUTUALE Augustin, PARAYRE Séverine, SERINA-KARSKY Fabienne. (2021), « La Relation éducative dans les professions adressées à autrui », Appel à textes pour le numéro spécial de la revue Phronesis, à paraître en 2023. https://comeducinclu.hypotheses.org/files/2021/08/Phronesis_relation-educative_-Mutuale-_Serina-Karsky_Parayre-1.pdf

LA PROBLÉMATIQUE INCLUSIVE DU « NOUS DÉBORDANT »

A quel niveau et dans quel contexte se situe l’acte inclusif ? Tout ce qui touche à l’inclusivité entraîne évidemment une implication individuelle (pour les prescripteurs d’inclusion, pour les demandeurs d’inclusion, pour les inclus, pour les incluants…). Mais cette dimension personnelle se trouve dépassée pour s’étendre à « un au-delà individuel » qui implique toute la collectivité, que celle-ci exprime ou manifeste librement un désir d’inclusion, ou bien qu’elle exécute ses gestes d’inclusion  sous une contrainte d’obéissance hiérarchique.

  • Doit-on distinguer deux modalités de l’acte inclusif : une libre inclusion, et une inclusion contrainte ?
  • Peut-on imposer des pratiques à des personnes incluantes, comme à des institutions incluantes, sans considérer les conditions qui sont professionnellement vécues sur le terrain (d’une façon temporaire ou structurelle) : état d’indifférence, de réticence, d’absence de moyens, de dépassement (« burn out »), d’opposition, ou encore d’hostilité ?

Que répondre à ceux qui, tout en reconnaissant l’existence de besoins particuliers, s’interrogent sur la légitimité de prise en compte de ceux-ci dès lors qu’ils considèrent qu’ils sont en conflit avec les besoins universels manifestés par ceux qui sont sans besoins particuliers ? Bénéficient-ils alors d’une égale attention.

Il n’est pas possible d’admettre comme « allant de soi » la notion de besoin particulier. Il ne s’agit pas de réfuter l’existence de ce qui motive sa prise en compte, mais de procéder à l’examen critique de sa construction sociale et politique en la soumettant à une procédure d’admissibilité au regard des sciences humaines et sociales. A ce sujet Magdalena KOHOUT-DIAZ écrit :

 « Le concept de besoin, à y regarder de près, expose l’élève à être parlé plutôt qu’à parler lui-même pour formuler une demande qui s’efforce de traduire son désir ou sa difficulté. D’autres s’expriment sur ses besoins, les classent et les trient, orchestrant une véritable valse des étiquettes. Si l’activité classificatoire est l’objectif privilégié de toute science, cette nécessaire opération de discrimination devient, en l’absence de vigilance éthique, l’instrument d’une ségrégation. Il y a une différence fondamentale entre les sciences expérimentales ou exactes et les sciences de l’homme. À défaut d’en prendre acte, on tend alors à rassembler les personnes dans une « classe déclassée à laquelle on les identifie ». (10)

Dans un article portant sur « De la Communauté pédagogique universitaire », Augustin MUTUALE revient sur « la pensée du nous ». Il reprend un échange avec Daniel HAMELINE sur les deux sortes de nous (le « nous symbiotique » et le « nous électif ») qui rendent possible un « nous débordant ». Déborder, c’est dépasser, franchir la limite du bord. Cela fait penser à ce l’on appelle un débord dans la pratique des couturières et des tailleurs, mot qui désigne « le liseré qui dépasse le bord dans la doublure d’un vêtement ». Malheur à la couturière débutante qui, lors de la coupe du tissus, oublie de prévoir un débord suffisant ! Augustin MUTUALE écrit à la suite : « D’où le nécessaire dialogique « prendre en compte » et « rendre compte » à l’institution pour ne pas tomber dans le piège d’un militantisme qui pour inclure à tout va, aurait pour conséquence d’exclure ». (11)

A propos du terme de « dialogique », nous trouvons dans le Catéchisme positiviste d’Auguste COMTE cette mention :

« On réserve la forme dialogique, propre à toute vraie communication, pour expliquer les conceptions qui sont à la fois assez importantes et assez mûries. C’est pourquoi, de tout temps, l’enseignement religieux s’accomplit par voie d’entretien et non de récit. ».
COMTE Auguste, (1852). Catéchisme positiviste, p. 14.

Choix du dialogue plutôt que du monologue, de l’entretien plutôt que du récit. Quelles sont les formes du « nous débordant ». ? Déborder consisterait à mettre du moi dans l’autre, et de l’autre dans moi. Nous devons constater que l’inclusion demeure une forme de violence à l’égard de l’institution, et cela, de trois façons : 1. en composant avec les différences (Tout individu n’est-il pas toujours porteur de différences ?), 2. en imposant leur reconnaissance (Quelles sont les conséquences de cette implication ?), 3. en faisant entrer des particularités là où elles ne se trouvaient pas, les différences incluses devenant alors des « non-différences ».

Les plans de coupe des tailleurs et des couturières sont représentés dans le Supplément du Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leurs explication (1762) de l’Encyclopédie de DIDEROT et D’ALEMBERT. Tous les dessins, en « forçant » la connaissance du lecteur, sont singuliers et vont au-delà de la réalité A ce propos, Jacques PROUST note que « Roland BARTHES n’était pas loin de faire du recueil de planches une sorte d’empire poétique où tout pouvait d’un instant à l’autre se mettre à bouger, et laisser transparaître l’envers obscur des choses ». (12)


LE DÉBORD, ou « L’ENVERS OBSCUR DES CHOSES ». « Couturière », Planche 133 » extraite du Supplément du Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leurs explication, 1762). Extrait de L’Encyclopédie Diderot et D’Alembert, planches et commentaires présentées par Jacques PROUST, Hachette, 1985, p. 818.


CONCLUSION

Un colloque est un « moment » : on y vient avec des connaissances et des lectures déjà acquises. Il en introduit de nouvelles à venir. Charles GARDOU écrit en 2020 qu’entrer dans la réflexion et l’action « de l’inclusif », est une façon de « composer avec nos étrangetés et nos fragilités partagées »

« La notion de société inclusive se diffuse en un temps traversé de mouvements divergents, aussi obscurs que lumineux, troublé que troublant.
Elle apparaît en quelque sorte à contre-culture, telle une idée ronde dans un monde carré. Or derrière cette idée, il y a quelque chose de l’ordre d’une attente, d’un autre horizon désiré, d’un temps autre qui saurait enfin composer avec nos étrangetés et nos fragilités partagées dont le handicap est l’une des multiples expressions.
Chaque époque se focalise ainsi sur certains concepts, d’autant que la chose nommée lui fait défaut : elle en éprouve le manque ».
(13)

GARDOU Charles, (2020). « La société inclusive », Empan, n°117, Érès Éditeur, p. 13. (Propos recueillis par Julien BOUTONIER).

Dire qu’un colloque possède un avant, un pendant et un après ne constitue qu’en apparence un propos banal : il doit toujours anticiper les évènements à venir produits par l’actualité qui recontextualise de façon permanente les contenus abordés, les idées, les concepts qui sont en cours et qui évoluent sans cesse. C’est ce qui va advenir qui donne un sens à ce que nous vivons.

« Je suis fier d’avoir bâti avec vous l’école inclusive » déclare Emmanuel MACRON lors d’une longue intervention – qui a duré plus de trois heures – lors de son meeting télévisé de campagne électorale, le samedi 2 avril 2022 dans la salle de Paris La Défense Arena. (14)

Lécole inclusive n’est pas une pensée/action neutre, elle est politique. Nous constatons qu’elle est incluse dans l’espace public, gouvernemental et électoral et qu’elle figure, en tant que telle, à son bilan. L’emploi d’une locution verbale passée (« avoir bâti » désigne une action qui est achevée) doit-être discuté. L’école inclusive, est-elle une entreprise qui peut connaître un terme temporel ? Il apparaît qu’elle appartient à la catégorie des « choses en train de se faire », et doive demeurer de ce fait, à jamais inachevée.

On ne peut pas parler de l’inclusion comme d’une réalisation qui, à un moment quelconque de son processus, soit faite. Dans la mesure où un consensus de l’ensemble de ses « parties prenantes » s’établit sur son objet, où sont pesés les effets des inévitables déinstitutionnalisations qu’elle provoque à l’égard d’autres institutions, et où les moyens nécessaires sont trouvés dans la durée pour assurer son fonctionnement effectif quotidien, la pensée/action d’inclusion est indéfiniment à faire, à défaire, à refaire.


Bernard MÉRIGOT

Anthropologue
Chercheur associé à la MSH Paris-Orsay
4 avril 2022

Nous prévoyons de poursuivre nos échos à ce colloque par plusieurs articles à paraître. (Voir note n°2 ).


RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE

1.MUTUALE Augustin, SERINA-KARSKY Fabienne et POMBET Thibaud, (2022). « Communauté éducative inclusive. Accueillir, enseigner, évaluer. Présentation », organisé par Augustin MUTUALE et coordonné par Fabienne SERINA-KARSKY et Thibaud POMBET, Institut Catholique de Paris, 23-24 mars 2022. https://comeducinclu.hypotheses.org/1018
2. Nous avons prévu de rendre compte des différents « moments » successifs de ce colloque (La relation éducative, Les lieux de communauté éducative inclusive, Le politique de la communauté éducative inclusive) par cinq articles distincts :
  • Article 1. À la recherche de la communauté éducative inclusive. Le colloque de l’ISP-Faculté de l’Éducation de l’Institut Catholique de Paris (23-24 mars 2022). 1ere partie (C’est le présent article qui est en ligne)
  • Article 2. Quelles limites la relation éducative peut-elle connaître ? Échos du colloque sur la Communauté éducative inclusive. Institut Catholique de Paris. 2e partie (A paraître)
  • Article 3. Qu’ont de commun les lieux de l’inclusion éducative et scolaire ? 3e partie (A paraître)
  • Article 4. Le politique ou la politique ? De quelle instance relève l’inclusion éducative et scolaire ? 4e partie (A paraître)
  • Article 5. Concepts et stratégies institutionnelles. 5e partie (A paraître)
3. La question qui consiste à savoir si les logiques marchandes doivent inspirer toutes les activités humaines dans les domaines culturels, sociaux, ou éducatifs… a été mise sur le devant de l’actualité en février 2022 par l’exemple des établissements de la santé.  La presse, l’opinion publique, puis les parlementaires se sont inquiétés de savoir s’il était normal que les Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD)  ainsi que les maisons de retraite soient gérés par des entreprises fondées sur le profit qui rémunèrent les investissements financiers effectués. Est-il acceptable que des bénéfices soient réalisés au détriment des personnes âgées et de leurs familles ? La même question se pose pour des activités d’enseignement (écoles de commerce, écoles d’ingénieurs, formations universitaires…) qui sont conduites par des structures de nature commerciale dont la finalité est également de distribuer des dividendes à des actionnaires ou à des fonds de pension. Il existe une autre logique qui est celle des entreprises sans but lucratif.
4. INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS / ICP-FACULTÉ D’ÉDUCATION (2019). « Projet facultaire ISP-Faculté d’Éducation. Communauté éducative inclusive et scolaire », 2 p.
5. PARAYRE Séverine, SERINA-KARSKY Fabienne et MUTUALE Augustin, 2020). De la pédagogie universitaire inclusive, L’Harmattan, 280 p. Préface de Philippe BORDEYNE.
PARAYRE Séverine, SERINA-KARSKY Fabienne et MUTUALE Augustin, (2022). Du devenir humain. Une éducation par laquelle l’être humain se forme à être humain. L’Harmattan, 330 p. Préface d’Emmanuel PETIT.
6. CHARBONNIER Sébastien, (2017). « Qu’est-ce que problématiser ?», Recherches & éducations [En ligne], 17 | Juin 2017, mis en ligne le , consulté le 15 mars 2022. URL : http://journals.openedition.org/rechercheseducations/5165 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rechercheseducations.5165
FABRE (2017). Qu’est-ce que problématiser ?, Vrin.
7. Revue d’anthropologie des connaissances, (https://journals.openedition.org/rac/267),
8. HARTOG François, (2022). « Nous sommes bloqués dans un présent qui se suffit à lui-même », La Croix Hebdo, n°124, 18 mars 2022., p. 34-35.
HARTOG François, (2020). Chronos. L’Occident prises avec le temps, Gallimard.
9. HOUSSAYE Jean, (1988). Le Triangle pédagogique. Théorie et pratiques de l’éducation scolaire, Peter Lang, Berne. Nombreuses rééditions. Jean HOUSSAYE est professeur est honoraire de Sciences de l’éducation, Université de Rouen-Normandie.
10. KOHOUT-DIAZ Magdalena, (2018).« Introduction », dans : L’éducation inclusive. Un processus en cours, sous la direction de Kohout-Diaz Magdalena. Toulouse, Érès, « Connaissances de la diversité », p. 9-13. URL : https://www.cairn.info/–9782749258317-page-9.htm
11. MUTUALE Augustin, (2020). « Partager et mettre en œuvre une pédagogie inclusive dans l’enseignement supérieur. De la Communauté pédagogique universitaire », in PARAYRE Séverine, SERINA-KARSKY Fabienne et MUTUALE Augustin, De la pédagogie universitaire inclusive. L’université et le handicap, L’Harmattan. p. 26.
12. PROUST Jacques,(1985). « Le recueil de planches de l’Encyclopédie », L’Encyclopédie Diderot et D’Alembert, planches et commentaires, Hachette, p. 15).
13. GARDOU Charles, (2020). « La société inclusive », Empan, n°117, Érès Éditeur, p. 13. (Propos recueillis par Julien BOUTONIER).

Voir aussi :
GARDOU Charles, (2020). « La fragilité nous réunit, la force nous divise (La question de la société inclusive que j’oppose à la société exclusive est la question la plus forte de notre temps), Démarche prospective de l’enseignement catholique », 15 septembre 2020, (19’40’’). Vidéo réalisée par l’enseignement catholique pour la Semaine Prospective des directeurs diocésains, https://www.youtube.com/watch?v=US_4To06rCI

Contexte de la communication de Charles GARDOU.

De novembre 2021 à mai 2022 se sont tenues une série de rencontres prospectives régionales organisée par le Secrétariat général de l’enseignement catholique à l’intention des directeurs diocésains de l’enseignement catholique. Le but annoncé était « d’impliquer chaque acteur dans une démarche qui permette à chaque territoire de relever les défis éducatifs actuels au plus près de ses besoins locaux » afin de dessiner « des orientations régionales pour enrichir la stratégie engagée nationalement. Une démarche résolument synodale. » https://enseignement-catholique.fr/demarche-prospective/

Dix thèmes ont été abordés et ont fait l’objet de séquences vidéos :
Question préalable n°1. Quel sens ? Pourquoi et pour quoi : une vision et un projet pour orienter l’action
Chantier 1.
Liberté et innovations pédagogiques et éducatives
Chantier 2. Accueil de tous : le choix éducatif de la diversité, les engagements en faveur de la mixité sociale et scolaire
Chantier 3. Du « pacte éducatif global » au pacte éducatif local
Chantier 4. Pertinence et conditions d’une structuration des établissements en réseaux
Chantier 5. De la solidarité aux solidarités concrètes : modalités, critères, formes, périmètres pertinents…
Chantier 6. Un modèle économique à renouveler et à diversifier
Chantier 7. Une proposition éducative spécifique à faire connaître et reconnaître : communication et formation
Question tranversale n°2. Quels choix prospectifs ?
Question tranversale n°3. Quelle « pastorale » de l’Ecole catholique ?
La contribution de Charles GARDOU s’inscrit dans l’atelier n°2, Accueil de tous : le choix éducatif de la diversité, les engagements en faveur de la mixité sociale et scolaire
14. MACRON Emmanuel, (2022). « En direct. Emmanuel Macron avec vous à Paris à Paris-La Défense-Arena », (Meeting politique de campagne électorale pour l’élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022), samedi 2 avril 2022, La République en marche, https://en-marche.fr/articles/actualites/en-direct-emmanuel-macron-avec-vous-a-paris-la-defense-arena (Consulté le 3 avril 2022).
Enregistrement vidéo de 3 h 11. https://www.youtube.com/watch?v=fnPrPR2jBkQ (Consulté le 3 avril 2022).
« DIRECT | Emmanuel Macron avec vous à Paris La Défense Arena
2 avril 2022 – C’est le jour J ! Suivez en direct notre grand rassemblement à Paris La Défense Arena. Soutenez Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux #MacronArena
Parce que cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà, et que rien n’est jamais écrit à l’avance, votre mobilisation est essentielle :
Soutenez Emmanuel Macron sur vos réseaux sociaux avec le hashtag #MacronArena
Suivez toute l’actualité de la campagne d’Emmanuel Macron sur :
YouTube. Twitter. Facebook. Instagram. Telegram.
Ensemble, nous pouvons faire des 10 et 24 avril 2022 le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne.
Avec vous. Pour vous. Pour nous tous. »

LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • « Communauté éducative inclusive : accueillir, enseigner, évaluer », Colloque de l’ lnstitut Catholique de Paris, séance du 24 mars 2022. Table ronde sur la relation éducative animée par François MOOG, avec Alain FRUGIÈRE, Nadjet TABOURI, Myriam KETTANI, Catherine ZONGO, Marie-Krystelle VILMORE et Gabriel MAES.
  • PEUT-ON ENSEIGNER EN FAISANT CONFIANCE A DES MACHINES ? Illustration attribuée à Jean-Marc CÔTÉ extraite d’une série de 30 cartes postales réalisées à l’occasion de l’exposition universelle de 1900.
  • LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE INCLUSIVE. Accueillir, enseigner, évaluer. Le triangle de l’ISP-Faculté de l’Éducation, Institut Catholique de Paris, Colloque des 23-24 mars 2022. (BM/TDNL, 2022)
  • « L’ENVERS OBSCUR DES CHOSES ». « Couturière », Planche 133 » extraite du Supplément du Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leurs explication, 1762). Extraite de L’Encyclopédie Diderot et D’Alembert, planches et commentaires présentées par Jacques PROUST, Hachette, 1985, p. 818.
    Concernant le Recueil des planches, Jacques PROUST note « Roland BARTHES n’était pas loin de faire du recueil de planches une sorte d’empire poétique où tout pouvait d’un instant à l’autre se mettre à bouger, et laisser transparaître l’envers obscur des choses ». (PROUST Jacques,1985. « Le recueil de planches de l’Encyclopédie », L’Encyclopédie Diderot et D’Alembert, planches et commentaires Hachette, p.15.)

ANNEXE

Communauté Éducative Inclusive : accueillir, enseigner, évaluer. Colloque ISP-Faculté d’Éducation, Institut Catholique de Paris, 23-24 mars 2022. Organisé par Augustin MUTUALE et coordonné par Fabienne SERINA-KARSKY et Thibaud POMBET.

COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE INCLUSIVE : ACCUEILLIR, ENSEIGNER, ÉVALUER
Colloque 23-24 mars 2022
Institut Supérieur de Pédagogie, Faculté d’Éducation,
Institut Catholique de Paris
74, boulevard de Vaugirard, 75006 PARIS
En s’appuyant sur les travaux menés autour des trois chantiers « accueillir, enseigner et évaluer », ce colloque propose une réflexion problématisée sur la Communauté Éducative Inclusive (CEI) autour de trois axes. Ces axes de travail permettront de relier les travaux entrepris durant les deux premières années d’identification et d’institutionnalisation du projet facultaire et de l’inscrire dans une perspective de rayonnement.
•   Le premier axe aborde les enjeux de la CEI à partir des différentes dimensions constitutives d’une relation éducative.
•   Le deuxième axe investi lors de ce colloque questionne le rapport aux lieux de la CEI.
•   Le troisième axe de ce colloque propose enfin de situer les enjeux de la CEI dans une perspective politique.
Sur la base de ces propositions thématiques, nous invitons l’ensemble de notre communauté éducative qui inclut nos partenaires à nous rejoindre pour cet événement fédérateur des activités menées au sein de l’ISP-Faculté d’Éducation.
MERCREDI 23 MARS 2022
Introduction
Emmanuel Petit, Recteur de l’ICP et Augustin Mutuale, Doyen de l’ISP-Faculté d’Éducation
La relation éducative
Fabienne Serina-Karsky et Séverine Parayre, ISP-Faculté d’Éducation
TABLE RONDE SUR LA RELATION ÉDUCATIVE
Modération : François Moog, Theologicum
Alain Frugière, Sorbonne Université – INSPé de Paris
Nadjet Tabouri, ISP-Faculté d’Éducation
Myriam Kettani, ISP-Faculté d’Éducation
Catherine Zongo, ISP-Faculté d’Éducation
Marie-Krystelle Vilmore, ISP-Faculté d’Éducation
Gabriel Maès, ISP-Faculté d’Éducation
TABLE RONDE SUR LES LIEUX
Modération : Gilles Lecoq et Sarah Abi Raad, ISP-Faculté d’Éducation
Marie-Odile Plançon, Secrétariat général de l’enseignement catholique
Eva Salerno, ISP-Faculté d’Éducation
Jeannot Nirisoa, ISP-Faculté d’Éducation
Gergana Dimitrova, ISP-Faculté d’Éducation
Corinne Mérini, ISP-Faculté d’Éducation
Valérie Delobel, ISP-Faculté d’Éducation
Fil rouge
Guy Berger et Séverine Parayre, ISP-Faculté d’Éducation
JEUDI 24 MARS 2022
Le politique
Thibaud Pombet et Laurent Tessier, ISP-Faculté d’Éducation
TABLE RONDE SUR LE POLITIQUE
Modération : Bernard Hugonnier, ISP-Faculté d’Éducation
Avec:
Alexandra Leyrit, Université de Saint- Etienne
Patrice Hauchart, ISP-Faculté d’Éducation
Pierre-Henri Beugras, ISP-Faculté d’Éducation
Laurence Rolinet, ISP-Faculté d’Éducation
Hélène Fromont, ISP-Faculté d’Éducation
Anne Olivier, ISP-Faculté d’Éducation
Fil rouge
Guy Berger et Séverine Parayre, ISP-Faculté d’Éducation
Discours de clôture
Augustin Mutuale, ISP-Faculté d’Éducation
Comité de pilotage scientifique :
Myriam Kettani, Augustin Mutuale, Anne Olivier, Séverine Parayre, Thibaud Pombet et Fabienne Serina-Karsky – ISP-Faculté d’Éducation
Comité d’organisation :
Azadée Afraz, Valérie Delobel, Joselie Doninion, Laurianne Lawson, Zoraïda Lebaut, Clémence Rivoal, Marie-Krystelle Vilmore – ISP-Faculté d’Éducation
RÉFÉRENCES
« Communauté Éducative Inclusive : accueillir, enseigner, évaluer » , Colloque organisé par Augustin Mutuale, Doyen de l’ISP-Faculté d’Éducation et coordonné par Fabienne Serina-Karsky et Thibaud Pombet, Maîtres de conférences à l’ISP-Faculté d’Éducation, 23 et 24 mars 2022, Institut Catholique de Paris, 74 rue de Vaugirard, 75006 Paris.

COMMENTAIRES
9 avril 2022

Penser et contruire l’éducation inclusive

Dans un article publié sur le site de l’ICP le 24 avril 2022, l’ISP-Faculté d’Éducation présente et rend compte brièvement du colloque.

« Mon rêve fou : tous ensemble faire preuve de la transformation du monde, de la Licence en Sciences de l’éducation au doctorat. La Faculté d’Éducation est au service de l’ICP afin de penser et construire l’éducation inclusive, être plein de sollicitude et atteindre l’excellence » souligne le Doyen Augustin MUTUALE, en référence au titre de son cours « Écrire son rêve fou ». »

INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS, « Penser et construire l’éducation inclusive », 24 mars 2022. https://www.icp.fr/a-propos-de-licp/actualites/colloque-communaute-educative-inclusive-1

Les principaux termes employés par ce texte d’Augustin MUTUALE méritent d’être commentés.

  • « Rêve fou »: un substantif et un adjectif forment ici une tournure, une façon de dire qui désigne un « rêve » volontaire, une « chose » imaginée qui serait d’une nature extrême, inédite, à la limite de ce que l’on peut raisonnablement penser. Aucun rêve naturel qui appartient au sommeil n’est « fou ». Les rêves de la vie éveillée peuvent-ils l’être ? Peut-être dans la mesure où ils s’opposent aux rêves raisonnables, ceux qui peuvent être réalisés.
  • « Tous ensemble »: il s’agit d’un rêve collectif, le rassemblement d’un groupe au sein duquel tous ont en commun un même projet.
  • En quoi consiste-t-il ? A partager et à accomplir une action commune, qui apporte un témoignage qui consiste à « faire preuve de la transformation du monde ». Transformation de l’organisation du monde régie par les institutions.
  • Par quels moyens ? En participant à une réflexion et à une action dans une application (au sens ou un logiciel remplit cette fonction dans un système numérique) agit pour « penser et construire l’éducation inclusive ».
  • « Être plein de sollicitude ». Pas de sollicitude sans « éthique de la sollicitude », c’est-à-dire une éthique du care (de l’anglais Ethics of Care), notion qui a pris naissance dans les pays anglophones. Le mot de sollicitude (du latin sollicitudo, inquiétude, souci) regroupe un ensemble de sens comprenant ceux de l’attention, du soin, de la responsabilité, de la prévenance, de l’entraide… Nous devons y ajouter celui de respect de la part de ceux qui sont en position d’exercer un pouvoir, respect de soi-même et respect des autres tant au niveau du discours que l’on tient chaque que « du faire » : qu’il s’agisse de faire/ne pas faire, faire bien/faire mal, dire que l’on fait /faire réellement, annoncer que l’on va faire/faire ou ne pas faire … Un respect que tout praticien du soin attend, en retour, d’être également l’objet : sollicitude des enseignants pour les élèves, sollicitude des éléves pour les parents, sollicitude des parents pour les enseignants… Tous les enseignants, tous les élèves, tous les parents : le système du soin généralisé est un vaste programme !
    Éloïse GIRAULT, livrant une lecture du livre Un monde vulnérable. Pour une politique du care de Joan TRONTO (Paris, La Découverte, 2009, 239 p.), note que la philosophie politique définit le care d’une façon globale comme « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde de sorte que nous-mêmes, ainsi que tous ses habitants, puissent y vivre le mieux possible ».GIRAULT Eloïse, (2010). « Un monde vulnérable. Pour une politique du care, de Joan Tronto », Sociétés et jeunesses en difficulté, n°9 | Printemps 2010. URL : http://journals.openedition.org/sejed/6724
  • Choisir quelquechose de « fou » ne consiste pas à « être fou » dans un sens qui consisterait à manifester une fantaisie extrême, une originalité à tout prix, à déroger aux règles institutionnelles communément admises, mais à « atteindre l’excellence », c’est-à-dire à « entrer dans un cercle » au sens où René CHAR parle d’ : « entrer dans le cercle de la bougie et s’y tenir, en ne cédant pas à la tentation de remplacer les ténèbres par le jour et leur éclair nourri par un terme inconstant. »

    CHAR René, (1983). « Justesse de Georges de La Tour (1966) », (Dans la pluie giboyeuse) in  Œuvres complètes, Gallimard, p. 455.

Le fou du rêve n’a rien à voir avec faire le fou. Il vise tout au contraire à « entrer dans le cercle », à faire effort pour se hisser au meilleur de soi-même afin et que les « apprenants » (élèves, étudiants, stagiaires) se rapprochent au plus près de l’excellence.

C’est ainsi que nous entendrons la prière du père Louis-Joseph LEBRET (1897-1966) « Ô Dieu, envoie-nous des fous », souvent citée, en contextualisant la folie invoquée et en la poussant jusqu’à ce qui nous apparaît être son terme.

« Ô Dieu, envoie-nous des fous, qui s’engagent à fond, qui oublient, qui aiment autrement qu’en paroles, qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout. Il nous faut des fous, des déraisonnables, des passionnés, capables de sauter dans l’insécurité : l’inconnu toujours plus béant de la pauvreté. Il nous faut des fous du présent, épris de vie simple, amants de la paix, purs de compromission, décidés à ne jamais trahir, méprisant leur propre vie, capables d’accepter n’importe quelle tâche, de partir n’importe où, libre et obéissants, spontanés et tenaces, doux et forts. Ô Dieu, envoie-nous des fous ! Ainsi soit-il. »

LEBRET Louis-Joseph (1897-1966), « Ô Dieu, envoie-nous des fous », http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Louis-Joseph-Lebret

Fous exclus, fous « inclus », fous qui souffrent et qui font souffrir leurs proches, fous imaginaires, mais qui entrent dans le cercle éclairé par la bougie dans un tableau de Georges de LA TOUR, engagés dans une voie qui postule l’excellence.

La perspective de l’excellence ici ouverte n’a rien à voir avec le n’importe quoi des innovations pédagogiques débridées, ni avec le n’importe comment des pratiques éducatives confuses ou laxistes qui, l’une et l’autre, ont pour effet de créer dans l’immédiateté des effets de surface qui détournent des exigences profondes que sont l’acquisition de connaissances, la construction d’expériences, et l’acquisition de méthodes qui sont propres aux  pratiques professionnelles.

B.M.


COMMENTAIRES
21 avril 2022
Frustration, déception et inquiétude face à « l’école inclusive »

Dominique MOMIRON, inspecteur de l’éducation nationale honoraire et ancien conseiller pour l’école inclusive de l’Académie de Clermont-Ferrand livre le témoignage suivant dans Le Café pédagogique (« Toute l’actualité pédagogique sur Internet ») en date du 17 mars 2022.

« Tous les gouvernements de ce début de XXIe siècle obéissent davantage aux nécessités politiques du temps électoral d’une mandature de cinq ans qu’aux besoins du temps long qui est celui de l’éducation. L’illusion performative est alors intrinsèquement liée à la communication politique.
Concernant l’école inclusive, le quinquennat qui s’achève actuellement en aura été l’un des plus actifs en l’espèce. On allait enfin créer une école « pleinement inclusive » au terme d’un plan volontariste achevé en 2022. Chaque rentrée, une kyrielle de données chiffrées succédaient triomphalement à la précédente.
Pour la première fois en 2019, une circulaire de préparation de la rentrée signée par le ministre était intégralement consacrée à l’école inclusive en vue de créer un grand service public de l’école inclusive. Et la loi pour une école de la confiance de juillet 2019 comportait un chapitre de six articles entièrement dédiés au renforcement de l’école inclusive.
Au terme de cette période 2017-2022, il est patent qu’ont été créés de nouveaux dispositifs (SDEI, PIAL, CDSEI, CNSEI, Cap école inclusive, automatisation des aménagements d’examen, convention régionale de partenariat avec les ARS, LPI) et que des moyens supplémentaires ont été budgétés (emplois d’AESH, Ulis, UEE Autisme).
Et pourtant, sur le terrain, aussi bien du côté des professeurs que pour les AESH et les parents, jamais ne s’est estompé un énorme sentiment de frustration, de déception et d’inquiétude face aux réalités. C’est qu’il y a loin de la coupe aux lèvres »

MOMIRON Dominique (2022). « L’école inclusive et ses obstacles », Le Café pédagogique  (Toute l’actualité pédagogique sur Internet), 17 mars 2022. http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2022/03/17032022Article637830960146105288.aspx


Commentaire
Mercredi 18 mai 2022
Des affaires de triangles

A l’occasion de recherches concernant John DEWEY, je découvre dans un article de 2017 de Michel FAURE qui comporte en illustration un triangle de même type. Je ne le connaissais pas. Ma réflexion de départ concernait la place et le pouvoir exercé par de ce que l’on désigne communément sous le terme d’ « institution ». La question est donc à approfondir.
On lira ci-dessous, à la suite ce cette illustration, un extrait de l’article de Michel FAURE.

Dynamique du champ pédagogique, extrait de « Dewey et le triangle de la formation » de Michel FABRE.

Dynamique du champ pédagogique, extrait de « Dewey et le triangle de la formation » de Michel FABRE.

« À suivre le fil conducteur du langage ordinaire, former c’est en effet à la fois former quelqu’un à quelque chose et pour quelque chose. D’où les trois logiques de la formation :

    • la logique psychologique (former quelqu’un),
    • la logique didactique (le former à quelque chose),
    • la logique sociale ou socio-économique (le former pour quelque chose).

On retrouve là le triptyque deweyen, les trois objectifs que Dewey assignait à la formation :

    • le développement,
    • la culture,
    • l’utilité sociale.

C’est un leitmotive de Démocratie et Éducation (Dewey, 1983, p. 141-155). Si chaque formation enveloppe nécessairement ces trois logiques, on conçoit qu’elle puisse privilégier l’une ou l’autre selon les finalités qu’elle se donne. On parlera alors de formation professionnelle, de formation psychosociologique ou de formation didactique selon qu’il s’agit plutôt de préparation au métier, de développement personnel ou de construction de savoir.

La modélisation utilisée, inspirée de celle de Jean Houssaye (2009), en situant les trois types de formation sur un triangle, fait apparaître leurs problématiques spécifiques. Le problème de la formation professionnelle est d’articuler logique sociale et logique didactique puisqu’il s’agit de l’apprentissage d’un métier en vue d’une insertion socio-professionnelle. Celui de la formation psycho-sociologique, d’articuler logique psychologique et logique sociale puisque ce qui est en jeu est le développement et l’insertion ou la réinsertion sociale d’un sujet fragile. Enfin la problématique de la formation didactique vise la conjonction entre développement du sujet et acquisition de savoir. »

FABRE Michel (2017). « Dewey et le triangle de la formation », Questions Vives, n° 27 | 2017, URL: http://journals.openedition.org/questionsvives/2069; DOI: https://doi.org/10.4000/questionsvives.2069

B.M.


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L’engagement de la recherche en Sciences sociales et la Guerre de la Russie contre l’Ukraine 2022 : « L’importance de nos savoirs pour comprendre la marche du monde n’est plus à démontrer » (Christophe Prochasson)

Max WEBER (1864-1920) a établi que les faits n’existent « ni en dehors du contexte de leur production, ni en dehors du sens qu’on leur donne » : leur contextualisation historique est constitutive de tout raisonnement critique, qu’il soit anthropologique, sociologique ou  politique.

Le fait que constitue l’invasion militaire le 24 février 2022 de la République d’Ukraine, indépendante depuis 1991, par l’armée de la Fédération de Russie présidée par Vladimir POUTINE, constitue un fait majeur du début du XXIe siècle. Le fait matériel qui consiste pour les chars et les soldats russes à franchir la frontière séparant la Russie de l’Ukraine, ainsi que les survols et les bombardements de villes ukrainiennes, et les multiples faits de guerre commis, ont surpris aussi bien les gouvernements que les ressortissants de l’Europe occidentale et des États-Unis. Les rapides réactions de protestation qui se sont immédiatement manifestées dans presque tous les pays du monde (prises de position, manifestations, pétitions, gestes de solidarité…), ainsi que les décisions gouvernementales françaises et européennes annoncées, ont simultanément généré la construction des sens complexes de ce fait majeur, celui d’une nouvelle guerre.

Toutes les périodes de crise, avec leur lot d’angoisse, de misères, de tragédies, sont des moments malheureux pour rappeler l’utilité du savoir, des sciences et des recherches qu’elles mènent, des expériences de terrain qu’elles accumulent, des connaissances critiques qu’elles produisent, souvent dans l’indifférence, lorsqu’il ne s’agit pas du dénigrement de leurs travaux.

Les universités, les grands établissements d’enseignement et de recherche, eux ne sont pas indifférents à la marche du monde. Christophe PROCHASSON, historien et président de l’École des Hautes études en Sciences Sociales en apporte le témoignage en ce 28 février 2022.

Bernard MÉRIGOT
Anthropologue
Chercheur associé à la MSH de Paris-Saclay

Invasion par la Russie de l’Ukraine. Carte. Situation au 25 février 2022. Extrait, Le Parisien, 25 février 2022.

RÉACTION DE L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES
SUR LA SITUATION EN UKRAINE
Message envoyé le 28/02/2022 à toute la communauté de l’EHESS

Face à une situation où se trouve mise en péril la paix du monde faisant peser une lourde menace sur les libertés du peuple ukrainien comme sur celles des citoyens et citoyennes russes engagées contre cette guerre, l’École des Hautes Études en Sciences Sociales ne peut rester sans réaction.

De nombreux et nombreuses collègues n’ont pas tardé à se mobiliser en France et en Russie même, comme l’atteste le lancement d’une impressionnante pétition dénonçant les agissements bellicistes du gouvernement russe.

Au nom de l’École, la présidence de l’EHESS :

  • apporte son soutien au peuple ukrainien
  • salue le courage des opposants russes.

Tel est le sens du communiqué de presse qu’elle a souhaité publier conjointement avec nos collègues du Centre d’Études des mondes russe, caucasiens et centre européens (CERCEC), concernés au premier chef par ce désastre humanitaire dont les conséquences sur la vie scientifique s’annoncent immenses. Il faudra savoir, dans les plus brefs délais, en apprécier justement les effets de long terme pour être en mesure de les atténuer.

Dans les premières heures du conflit, l’École s’est concentrée sur la situation des étudiantes et des étudiants, comme des collègues, encore sur leur terrain. A l’heure où j’écris ce message, nul ne semble être en danger et la plupart sont rentrés en France.

D’autres initiatives seront prises dans les jours qui viennent, notamment dans le cadre du programme PAUSE, dont l’École est l’un des tout premiers acteurs, ou du programme étudiants exilés. Des moyens pourront aussi être dégagés sur les fonds non utilisés du programme post-doc à la suite d’un concours partiellement infructueux. L’accueil et l’hospitalité doivent constituer l’une de nos réponses : elles appellent l’engagement des Centres sans lequel nous ne parviendrons pas à recevoir les exilés comme il convient de le faire. La présidence est à l’écoute de toutes les propositions qui peuvent se faire jour afin de répondre à ces configurations toujours extrêmement délicates.

Enfin, l’École envisage de proposer une rencontre autour de l’Ukraine à ses partenaires du campus Condorcet. Nos collègues du CERCEC seront consultés à cet effet dans les prochaines heures afin de définir au mieux une proposition pertinente.

Dans ces circonstances, hélas tragiques, la démonstration est une nouvelle fois faite de l’importance de nos savoirs pour comprendre la marche du monde.

Les investissements scientifiques se font parfois trop tard au regard des défis de l’histoire.

L’École peut aujourd’hui se féliciter de disposer de l’un des foyers d’études sur les mondes russes post-soviétiques les plus vivants, comme de compétences indispensables dans l’analyse générale des conflits. Il lui revient donc de jouer un rôle de premier plan en ce moment crucial. Ses chercheuses et chercheurs sont prêts.

Christophe PROCHASSON
Président de l’EHESS
28 février 2022


RÉFÉRENCES
PROCHASSON Christophe
(2022). « Réaction de l’EHESS sur la situation en Ukraine. Message envoyé le 28 février 2022 à toute la communauté de l’EHESS », L’engagement de recherche en Sciences sociales et la Guerre de la Russie contre l’Ukraine 2022 : « L’importance de nos savoirs pour comprendre la marche du monde n’est plus à démontrer » (Christophe Prochasson)
https://www.ehess.fr/fr/hommage/r%C3%A9action-lehess-sur-situation-en-ukraine

ILLUSTRATIONS

  • Invasion par la Russie de l’Ukraine. Carte. Situation au 25 février 2022. Extrait de Le Parisien, 25 février 2022.

ANNEXE

Le Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) est issu de l’ancien Centre d’études sur la Russie, l’Europe orientale et le domaine turc, fondé par Alexandre Bennigsen à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) dans les années 1960. Scindé en deux en 1995, ce laboratoire de recherche a donné naissance
  • d’une part, au Centre d’histoire du domaine turc,
  • d’autre part, au Centre d’études des mondes russe, soviétique et post-soviétique.
Ce dernier a été associé au CNRS en 1999 avant de devenir Unité mixte de recherche (UMR) en 2001. Il a changé de nom en 2004 pour devenir le Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (UMR 8083) afin de rendre compte de l’évolution des recherches menées en son sein.
Créé avec une forte dominante historique, le Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen est aujourd’hui un laboratoire pluridisciplinaire de recherche en sciences sociales. Il rassemble des historiens, des géographes, des politologues, des sociologues, des anthropologues… Il accueille des étudiants (master, doctorat) inscrits à l’EHESS désirant se spécialiser sur la vaste aire culturelle est-européenne.
Les spécialisations respectives des membres de l’équipe permettent de couvrir une longue période, allant du XVIIe siècle à nos jours, et un large espace qui s’étend de l’ancien « bloc socialiste » est-européen jusqu’au Caucase et à l’Asie centrale. Fédérant des recherches très diverses, le Cercec est devenu, en France, le centre de recherche de référence dans son domaine.  Il est aujourd’hui membre du labex Tepsis.

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Bernard Mérigot, chercheur associé à la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Saclay

Aucune entreprise de « recherche » – au sens universitaire et académique du terme – ne peut-être formulée, engagée, conduite, poursuivie, finalisée… dans la solitude. Qu’elles soient modestes ou de vastes envergures,  toutes comportent une origine et des points de passage avec les autres. Il y a toujours des institutions et des groupes pour remplir d’indispensables fonctions : incitation, accompagnement, questionnement, orientation, encouragement, contrôle, validation, financement, évaluation, voire sanction…

Qu’est-ce qu’une Maison des Sciences de l’Homme ? La première Maison des Sciences de l’Homme a été créée en 1963 à l’initiative de l’historien Fernand BRAUDEL (1902-1985). Son idée était de développer une recherche interdisciplinaire propre aux sciences humaines et sociales dans la continuité de celui qui avait présidé notamment à l’émergence de « l’École des Annales » dans la première moitié du vingtième siècle, ou de celui du Structuralisme dans sa deuxième moitié.

Aujourd’hui les Maisons des Sciences de l’Homme sont des institutions publiques qui regroupent sur un même lieu des moyens de recherche et des laboratoires comprenant des chercheurs issus de divers institutions (université, Grands établissements d’enseignement supérieur, organisme de recherche, entreprises, associations…) qui, appartenant à des disciplines différentes des Sciences humaines et sociale (SHS), sont susceptibles de s’engager en commun dans des programmes de recherche, pluridisciplinaires, ou interdisciplinaires, ouverts sur la coopération internationale.

La Maison des Sciences de l’Homme Paris-Saclay (MSH Paris-Saclay) a été créée en 2015.

LES TROIS THÈMES DE RECHERCHE
DE LA MSH DE PARIS-SACLAY

La MSH Paris-Saclay se fixe comme objectif de développer l’interdisciplinarité entre les Sciences Humaines et Sociales (SHS) et les autres sciences. Cette orientation stratégique répond à la nécessité de relever deux défis majeurs pour les générations futures :

  • la transition numérique
  • la transition écologique.

Les axes de recherche de la MSH Paris-Saclay ont été définis afin de mettre les chercheurs en SHS du périmètre Paris-Saclay au service de cette stratégie, et ce au sein de trois axes de recherche : deux axes de recherche sur ces grandes transitions et un axe transversal sur l’innovation.

Ces trois axes de recherche sont les suivants :

  • 1.Axe « Numérique et humanités »
  • 2.L’Axe « Environnement et santé »
  • 3.L’axe transversal « Transition et innovation

1. L’AXE « NUMÉRIQUE ET HUMANITÉS » catalyse les dynamiques de recherche autour de la révolution numérique et de ses ambivalences. Cette Évolution/révolution

  • change le visage des sociétés et des économies,
  • représente des opportunités de développement,
  • constitue des fragilités et des menaces pour les libertés individuelles et collectives.

Les réseaux, les données massives, et l’algorithmique sont au cœur des projets de recherche de la MSH.

2. L’AXE « ENVIRONNEMENT ET SANTÉ » a pour objectif de porter les interactions entre les recherches

  • sur l’environnement,
  • sur le territoire,
  • sur la santé.

Scientifiques et politiques sont préoccupés par les relations entre santé humaine et santé environnementale. On doit préciser que la santé physique comme la santé psychologique sont l’une comme l’autre concernées.

La prédation de l’environnement accélérée par le progrès scientifique a permis dans le passé d’assurer la subsistance de la majeure partie de l’humanités. Elle met aujourd’hui en péril leur subsistance présente et future. Les urgences environnementales et sanitaires invitent les scientifiques à « fabriquer » des solutions. Le mot d’ordre de « mitigation » n’est plus d’actualité, ceux d’adaptation et de transition s’imposent.

3. L’AXE TRANSVERSAL « TRANSITION ET INNOVATION » accompagne les recherches méthodologiques et réflexives sur les sciences et les techniques, et l’innovation comme cause et effet des transitions.

Bernard MÉRIGOT
Anthropologue
Chercheur associé à la MSH Paris-Saclay

RÉFÉRENCES
https://www.uvsq.fr/maison-des-sciences-de-lhomme-paris-saclay-msh-paris-saclay

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Que peut apporter le regard de l’anthropologie sur les pratiques pédagogiques ? Trois exemples (Amérindiens, Soninkés, Kanaks)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°455, lundi 3 mai 2021

Diversité ou unité ? L’école, l’enseignement et l’éducation sont traversés par deux lignes de force. Nous sommes en présence d’un monde partagé :  Jean-Paul FILIOD, dans son introduction au numéro spécial de la revue Ethnologie française consacré à l’ « Anthropologie de l’école » publié en 2007, écrit que l’école est le « lieu d’une tension récurrente entre deux réalités » :

  • d’un côté, les diversités : c’est la promotion de l’individu et de sa liberté qui sont projetées dans l’espace public pluriel,
  • d’un autre côté, l’unité : c’est le cadre national du système éducatif, dont la République et la Laïcité ont le projet de définir une citoyenneté qui se situe « au-delà et au-dessus des appartenances dites communautaires ». (1)

Comment analyser les situations qui composent cette réalité double ? Sont-elles à force égales ? Ou bien illustrent-elles une partie de tir à la corde ?
Et comment interroger la pluralité des normes, et cerner les logiques auxquelles se trouvent confrontées toute pédagogie (
Παιδαγωγία, Paidagoyía), cet art d’enseigner tout à la fois savoir, savoir-faire et savoir-être ?
Et enfin, comment remettre à leurs justes places les pouvoirs (politiques, institutionnels, sociaux…) qui s’exercent sur les pratiques pédagogiques ?

Tintin instituteur au Congo : « Combien font deux plus deux ? » (1946).  Cette réédition de Tintin au Congo publie une illustration redessinée et un texte modifié par rapport à l’édition originale de 1931. Les albums des bandes dessinées d’Hergé (1907-1983) ont marqué depuis maintenant presque un siècle la culture de plusieurs générations d’adolescents, du XXe siècle et du XXIe siècle… Leur analyse comprend une importante littérature et les stéréotypes contenus dans chaque album méritent d’être replacés de façon critique dans le contexte historique de leur production. (Tintin au Congo, Tournai (Belgique), Casterman, 1946, p. 36).

DEUX RÉALITÉS, TROIS EXEMPLES

Inculquer à des enfants ce qui leur sera nécessaire pour vivre en société lorsqu’ils seront adultes relève d’un processus d’enculturation. Quelles « cultures » ? Avec quelles pédagogies ? Et pour vivre dans quelle(s) société(s) ? Cette perspective a animé de nombreuses recherches en anthropologie de l’éducation, d’abord aux États-Unis, puis en Europe. Elles ont concerné les minorités culturelles en portant attention aux différences qui distinguent :

  • d’un coté, un milieu d’origine,
  • de l’autre coté, une société d’accueil.

L’anthropologue et sociologue Jean-Paul FILIOD présente trois exemples qui donnent à voir et à entendre les discontinuités existantes entre des « cultures » différentes, ainsi que les malentendus qui en découlent entre les enseignants et les élèves. Ces exemples sont les suivants :

  • l’enfant Amérindien silencieux,
  • l’enfant Soninké et son « rapport à plaisanteries »,
  • le refus de l’élève Kanak de participer au « jeu pédagogique » – fondement du dialogue rhétorique entre le maître et l’élèvedes questions/réponses.

1.L’ENFANT AMÉRINDIEN SILENCIEUX

Contexte. États-Unis, années 1970, enfants amérindiens.
Attente. Les enseignants attendent une participation orale des élèves en classe.
Situation. Certains élèves se font remarquer par leur silence. Plutôt effacés, ils manifestant le syndrome de « l’enfant indien silencieux » [Bachmann et al., 1981 : 198], (2) Les enseignants cherchent à encourager la communication verbale en posant des questions, et en se manifestant soit  par des sollicitations bienveillantes, soit par des injonctions fermes.
Aucun résultat. La réputation des enfants amérindiens est alors faite : timides, indifférents aux activités scolaires, non compétitifs, en retrait… Le premier diagnostic qui coule de source est celui d’un : « déficit linguistique dont le milieu familial serait la cause » [op. cit.].
Analyse anthropologique. Après réflexion et enquête, Susan PHILIPS [1972] rapporte que l’explication de ce silence tient à une différence de code de communication entre le milieu scolaire et le milieu communautaire.
Dans le milieu communautaire, les activités ouvertes à tous sont rarement organisées et dominées par un seul individu. Du coup, les élèves amérindiens se trouvant dans le milieu scolaire ne comprennent pas la place singulière de l’enseignant unique. (3)

Pensionnaires amérindiens et personnels du Pensionnat catholique d’Amos / Pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery, en Abitibi (1955-1972) au Québec, lors de la visite de l’évêque d’Amos.  Depuis les débuts de la campagne d’évangélisation du XIXe siècle, les visites épiscopales constituaient des événements importants chez les Amérindiens de l’Ouest québécois, considérés comme tous convertis au christianisme au début du xxe siècle. Photo non datée (sans doute dans les années 1950), Archives Deschâtelets. Extrait de l’article de Marie-Pierre BOUSQUET, « Êtres libres ou sauvages à civiliser ? L’éducation des jeunes Amérindiens dans les pensionnats indiens au Québec, des années 1950 à 1970 », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 2012.

Les cas d’analyses erronées concernant des enfants amérindiens sont nombreux. Comme dans le cas des enfants qui ont été « éduqués » dans les pensionnats indiens au Québec dans les années 1950-1970, et où ils ont subis de très graves maltraitances.
Depuis les débuts de la campagne d’évangélisation du XIXe siècle, les visites épiscopales constituaient des événements importants chez les Amérindiens de l’Ouest québécois, considérés comme tous convertis au christianisme au début du xxe siècle.
Quels que soient les actes de reconnaissance et de repentance effectués par les autorités canadiennes au début du XXIe siècle, ces problèmes sont encore d’actualité en 2021. On lira avec profit l’étude de Marie-Pierre BOUSQUET, professeure au département d’anthropologie de l’université de Montréal. Spécialiste des questions amérindiennes du Canada, elle s’intéresse particulièrement aux cultures et aux sociétés algonquiennes de l’Est canadien.
Elle écrit en 2012 que l’école canadienne « continue à valoriser des modes d’apprentissage qui correspondent aux codes occidentaux, par exemple dans les interactions entre les professeurs et les élèves, dans les évaluations des performances ». Elle en vient à se poser la question : « Peut-on adopter une pédagogie plus culturellement adéquate pour les Amérindiens ? » (4) Une question qui demeure ouverte.

2. L’ENFANT SONINKÉ ET SON « RAPPORT A PLAISANTERIES »

Contexte. En France, années 1980, enfants d’origine Soninké (Afrique de l’Ouest sahélienne, Mali…).
Problème. Lors d’activités ludiques, ils manifestent à l’égard de leurs instituteurs et leurs animateurs de centre aéré un comportement qui est jugé dans le contexte scolaire et éducatif comme relevant de l’indiscipline, de l’arrogance, de l’irrespect, avec des bousculades, des injures…
Analyse anthropologique. Il apparaît manifestement que cette attitude de groupe est codée. Jacques BAROU [1991] montre comment des Soninkés ayant migré en région parisienne depuis l’Ouest africain, continuent à se référer à leur système de parenté d’origine, pratiquant un « rapport à plaisanteries » entretenu avec leurs grands-parents et oncles restés au pays d’origine. (5)

3. LE REFUS DES ÉLÈVES KANAK DE PARTICIPER EN CLASSE AU JEU PÉDAGOGIQUE

Contexte. Nouvelle-Calédonie, années 1990, enfants kanaks.
Problème. Des enseignants de mathématiques rencontrent des difficultés avec des élèves d’origine kanak qui refusent à répondre aux exercices proposés.
Analyse anthropologique. Il apparaît que « l’idée de problème au sens où nous l’entendons – problème dont l’adulte connaît la solution mais qui est présenté de manière à ce que l’enfant ne puisse pas répondre immédiatement – est étrangère aux interactions coutumières » [Clanché, Sarrazy, 2002 : 15]. (6)

LIBERTÉ OU CONTRAINTE ?

Quelles sont les limites de la liberté ? Quelles sont les limites  de la contrainte ? Les deux questions appliquées à l’éducation ont des racines anciennes. Dans son Traité de pédagogie, publié après sa mort en 1803, Emmanuel KANT écrit : « Un des plus grands problèmes de l’éducation est de concilier sous une contrainte légitime la soumission avec la faculté de se servir de sa liberté. Car la contrainte est nécessaire ! Mais comment cultiver la liberté par la contrainte ? Il faut que j’accoutume mon élève à souffrir que sa liberté soit soumise à une contrainte, et qu’en même temps je l’instruise à en faire lui-même un bon usage. Sans cela il n’y aurait en lui que pur mécanisme ; l’homme privé d’éducation ne sait pas se servir de sa liberté. Il est nécessaire qu’il sente de bonne heure la résistance inévitable de la société, afin d’apprendre à connaître combien il est difficile de se suffire à soi-même, de supporter les privations et d’acquérir de quoi se rendre indépendant. » (7)

L’UNITÉ POLITIQUE CONTRE LES DIVERSITÉS PÉDAGOGIQUES

La dernière classe. « Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu’il put « Vive la France ! ».  Extrait de « La Dernière classe. Récit d’un petit Alsacien » d’Alphonse DAUDET, in Contes du Lundi. Extrait de La Vie littéraire à l’École, Cours élémentaire, de E. HULEUX, 1915, p. 237. Collection CAD.

Les situations polyculturelles dans l’enseignement ne sont pas seulement internes à la classe. Elles sont également externes. Un exemple. Dans un manuel scolaire de Français destiné au cours élémentaire dont le titre est La Vie littéraire à l’École publié par E. HULEUX en 1915 (3e édition), une des leçons reprend le texte d’Alphonse DAUDET « La Dernière classe » extrait de ses Contes du Lundi de 1873. C’est le récit d’un petit Alsacien qui relate un épisode violent qui a été vécu douloureusement par les habitants des départements français annexés à la suite de la défaite de 1870. Il s’agit de la suspension  in situ  des instituteurs français, qui faisaient cours en langue française, et de leur remplacement immédiat par des instituteurs allemands qui feront désormais cours en allemand. Le texte, renforcé par une illustration, met en scène un instituteur français qui donne son dernier cours : « Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu’il put « Vive la France ! ». (8)

Cette scène paroxistique, qui a pour théâtre une salle de classe se situe dans le contexte des suites d’une guerre. Elle montre le pouvoir politique, représenté par une armée d’occupation étrangère, qui interdit la pratique quotidienne d’un enseignement dans une langue et qui en impose une autre.

CONCLUSION

  • Les enseignants n’enseignent pas ce qu’ils ont envie d’enseigner, pas plus que les élèves n’étudient ce qu’ils sont susceptibles aimer étudier. Nombre d’exemples montrent que l’origine des décisions mises en œuvre à l’école ne sont pas de nature pédagogique (c’est-dire relevant d’une logique interne), mais de nature politique (c’est-à-dire subissant une logique externe).
  • Le pouvoir politique commande le pédagogique, soit directement (physiquement), soit indirectement (idéologiquement). Il impose ce qui doit être enseigné, comment, et par qui. L’enseignant s’inscrit à l’intérieur de ce cadre subit.
  • Et naviguant entre deux cultures, le bilinguisme colonial ne reconnaît aux élèves aucun « besoin particulier », sinon celui d’être enculturés par la contrainte. Comment ce bien s’est-il transformé en un mal ? Comment s’est produit le retournement de l’un vers l’autre, transformant la justification, la recommandation, et la valorisation (le bien malgré l’autre) en dénonciation, la condamnation (le mal révélé) ?
  • Comment l’école inclusive de la fin du XXe siècle et du début de XXIe siècle s’est-elle accommodée des inclusions forcées ? Quelles sont celles qui demeurent ? Peuvent-elles un jour disparaître ? Quelles sont les limites de l’acceptabilité morale d’une société temporalisée à l’égard des contraintes tolérées ?

Bernard MÉRIGOT

Tintin instituteur au Congo : « Je vais vous parler de votre patrie : la Belgique » (1931).  Illustration et texte original de Tintin au Congo publié en 1931 par Hergé (1907-1983). Dans la réédition de 1946, le dessin sera revu avec le même cadrage. En revanche, le texte sera modifié. Il sera remplacé par « Combien font deux plus deux ? »


« Une classe de Géographie faite par un missionnaire italien dans la colonie anglaise du Kenia », Extrait de : ARQUILLIÈRE Henri-Xavier (1883-1956), Histoire de l’Église, Les Éditions de l’École, 1941, p. 499.

 

« UNE LEÇON D’ARITHMÉTIQUE. Une sœur de la Consolata de Turin, de la Mission de Nyeri, au Kenya, s’efforce d’apprendre l’arithmétique à ses petis négrillons. Les missionnaires de la Consolata ont dans la Mission de Nyeri 72 écoles élémentaires. » Cliché de l’Office intercolonial de documentation. Extrait de : ARQUILLIÈRE Henri-Xavier (1883-1956), Histoire de l’Église, Les Éditions de l’École, 1941, p. 499.


RÉFÉRENCES

1. FILIOD Jean-Paul, « Anthropologie de l’école. Perspectives », Ethnologie française, 2007/4 (Vol. 37), p. 581-595. DOI : 10.3917/ethn.074.0581. URL : https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2007-4-page-581.htm

2. BACHMANN Christian, LINDENFELD Jacqueline, SIMONIN Jacky, 1981, Langage et communications sociales, Paris, Hatier.

3. PHILIPS Susan U., 1972, « Participant structures and communicative competence : Warm Springs children in community and classroom », in C. Cazden, V. John, D. Hymes (eds), Functions of language in the classroom, New York, Teachers College Press : 370-394.

4. BOUSQUET Marie-Pierre, « Êtres libres ou sauvages à civiliser ? L’éducation des jeunes Amérindiens dans les pensionnats indiens au Québec, des années 1950 à 1970 », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » [En ligne], 14 | 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhei/3415 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhei.3415

5. BAROU Jacques, 1991, « Familles africaines de France : de la parenté mutilée à la parenté reconstituée », in M. Segalen (dir.), Jeux de familles, Paris, Éd. du CNRS : 151-171.

6. CLANCHÉ Pierre, SARAZY Bernard, 2002, « Approche anthropodidactique de l’enseignement d’une structure additive dans un cours préparatoire kanak », Recherches en didactique des mathématiques, vol. 22, 1 : 7-30.

7. KANT Emmanuel, Traité de pédagogie, Auguste Durand, 1855. Traduction d’Auguste BARNI.

8. HULEUX E., La Vie littéraire à l’École, Cours élémentaire, Publications Alcide Picard, 1915 Paris, p. 237.
Voir la reproduction de l’illustration dans l’article :
MÉRIGOT Bernard, « Comment aborder la spécialité « Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques » ? Les nouveaux programmes 2019 des classes Terminales des lycées », La lettre du Lundi de Mieux Aborder l’Avenir, n°366, lundi 19 août, 2019. http://www.savigny-avenir.fr/2019/08/19/comment-aborder-la-specialite-histoire-geographie-geopolitique-et-sciences-politiques-les-nouveaux-programmes-2019-des-classes-terminales-des-lycees/

Tintin, instituteur
HERGÉ, pseudonyme de Georges REMI (1907-1983), Tintin au Congo, 1931, p. 39.
HERGÉ, Tintin au Congo, Tournai (Belgique), Casterman, 1946. Réédition 1960, p. 39


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Tintin instituteur au Congo : « Combien font deux plus deux ? » (1946).  Cette réédition de Tintin au Congo publie une illustration redessinée et un texte modifié par rapport à l’édition originale de 1931. Les albums des bandes dessinées d’Hergé (1907-1983) ont marqué depuis maintenant presque un siècle la culture de plusieurs générations d’adolescents, du XXe siècle et du XXIe siècle… Leur analyse comprend une importante littérature et les stéréotypes contenus dans chaque album méritent d’être replacés de façon critique dans le contexte historique de leur production. (Tintin au Congo, Tournai (Belgique), Casterman, 1946, p. 36).
  • Pensionnaires amérindiens et personnels du Pensionnat catholique d’Amos / Pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery, en Abitibi (1955-1972) au Québec, lors de la visite de l’évêque d’Amos. Photo non datée (sans doute dans les années 1950), Archives Deschâtelets. Extrait de l’article de Marie-Pierre BOUSQUET, « Êtres libres ou sauvages à civiliser ? L’éducation des jeunes Amérindiens dans les pensionnats indiens au Québec, des années 1950 à 1970 », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 2012. Depuis les débuts de la campagne d’évangélisation du XIXe siècle, les visites épiscopales constituaient des événements importants chez les Amérindiens de l’Ouest québécois, considérés comme tous convertis au christianisme au début du xxe siècle.
  • La dernière classe. « Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu’il put « Vive la France ! ». « La Dernière classe. Récit d’un petit Alsacien » d’Alphonse DAUDET, in Contes du Lundi. Extrait de La Vie littéraire à l’École, Cours élémentaire, de E. HULEUX, 1915, p. 237. Collection CAD.
  • « Une classe de Géographie faite par un missionnaire italien dans la colonie anglaise du Kenia »,
    Extrait de : ARQUILLIÈRE Henri-Xavier (1883-1956), Histoire de l’Église, Les Éditions de l’École, 1941, p. 499.
  • « UNE LEÇON D’ARITHMÉTIQUE. Une sœur de la Consolata de Turin, de la Mission de Nyeri, au Kenya, s’efforce d’apprendre l’arithmétique à ses petis négrillons. Les missionnaires de la Consolata ont dans la Mission de Nyeri 72 écoles élémentaires. » Cliché de l’Office intercolonial de documentation.
    Extrait de : ARQUILLIÈRE Henri-Xavier (1883-1956), Histoire de l’Église, Les Éditions de l’École, 1941, p. 499.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°55, lundi 3 mai 2021


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« Chez-soi » est-il un concept anthropologique ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°451, lundi 5 avril 2021

Chez-soi, chez-moi, chez-vous, chez-eux… : « chez » est une préposition qui se décline. Est-ce pour autant un concept ? Ou bien une famille de concepts ? Le Journal de Culture et Démocratie a publié à la fin de l’année 2020 un numéro hors-série intitulé de façon interrogative « Chez soi ? ». (1) Cette interrogation est formulée à un moment où, comme il est écrit dans la présentation, « la planète s’est enfermée dans sa quasi-totalité pour une première fois au printemps pour faire face au risque que représente le Coronavirus-19 ». Un enfermement dont l’un de ses mots d’ordre historique introduit en 2020 aura été « Restez-chez-vous ». Cette injonction paradoxale, quelque que soient ses motivations dictées par l’actualité sanitaire, doit être interrogée par les sciences sociales. C’est à ce travail que s’est livré le « Séminaire Anthropologie, Psychanalyse et Politique. Regard sur les terrains » lors de sa séance du vendredi 3 avril 2021. (2)

« Restez chez-vous, Macron demande aux Français de rester chez eux ». Extrait de Made in Marseille, 16 mars 2020. https://madeinmarseille.net/62934-coronavirus-macron-annonce-le-confinement-chez-soi

« RESTER CHEZ-SOI », C’EST ALLER PARTOUT

Le mot d’ordre présidentiel, énoncé ici dans son injonction collective par la formule « restez chez-vous », signifie pour chaque individu de « rester chez-lui », c’est-à-dire d’illustrer le « demeurer-chez-soi ». La parole macronienne doit être considérée ici comme une formidable Fake news, une fausse nouvelle, une information mensongère diffusée dans le but de tromper et de manipuler. Car « rester chez-soi » signifie exactement le contraire, c’est-à-dire : aller partout dans le monde avec son ordinateur, sa tablette, son téléphone. Certes, les déplacements physiques sont soit arrêtés, soit limités, mais les circulations de données numériques se trouvent multipliées à l’infini.
Ce qui rend supportable l’état de confinement, c’est le déconfinement débridé des circulations par Internet, sous toutes ses formes, pour échanger de façon interactive (à sens unique ou à double sens), photos, musiques,  vidéos… (sites institutionnels, associatifs et individuels, SMS, Facebook, TikeTok, Instagram, Facebook, Zoom…). Ce que l’on est empêché de faire est remplacé par une formidable ouverture : le confinement physique autorise, sans limite, toutes les libertés. Confiner des corps physiques, c’est déconfiner des corps numériques.

LE CONTEXTE IDENTITAIRE

Dans les années 1970-1980, poussée par l’économie capitaliste, un mouvement de mondialisation s’engage à l’échelle planétaire :

  • On commence à évoquer une « unification du monde » autour des termes de mondialisation, globalisation, planétarisation… et à penser en termes de flux, de déplacement, de circulation des capitaux, des personnes, et des cultures.
  • Cela a pour effet de refermer chacune des frontières sur ses territoires (Russie, États-Unis, Royaume-Uni…) autour d’identités nationales et traditionalistes.
  • La problématique du retour-de-l’habiter devient un refuge pour  chaque territoire concret de penser ses propres appartenances. Comment les recherches de terrain pensent-elles leurs manifestations individuelles et collectives ?

LA DESTRUCTION PROGRAMMÉE DU « CHEZ-SOI »

Le « chez-soi » peut connaître aussi bien le régime de la revendication enracinée, bruyante,  que l’acceptation silencieuse de sa destruction programmée. L’une de ces dernière porte un nom : celui de rénovation urbaine. Corinne LUXEMBOURG, Maître de conférence à l’École supérieure d’Architecture de Paris-La Villette, relate une expérience de terrain. Elle illustre le fait que derrière la sécurité du logis se cache la dignité des êtres. Menacer cette sécurité, c’est attenter à la dignité de ceux qui y vivent.

« Un jour, dans une commune de banlieue française, a lieu une réunion d’un conseil de quartier de prévention en présence d’un commissaire, d’un responsable de police municipale, d’un adjoint au maire, d’une représentante d’un bailleur social et d’habitant·et d’habitantes du comité de quartier désignés selon une procédure mystérieuse.
Il est question d’un programme de rénovation urbaine du quartier qui doit commencer dans les mois à venir et dont personne parmi les participant·ne donnera d’information tangible. Il est question de logements démolis d’abord, d’autres reconstruits mais après, de sorte que la possibilité pour les demandeurs de logement d’accéder à un chez-soi s’en trouve réduite. Donc, des logements seront démolis. Mais lesquels ? Quelle rue sera concernée ? Quelle cage d’escalier ? Qu’ont déjà décidé tous les responsables institutionnels
sans trouver comme nécessaire de se concerter d’abord la population vivant là ?
L’inquiétude, plutôt même l’angoisse, est palpable.
» (p. 9) (2)

C’est ainsi qu’une soft-violence détruit d’innombrables « chez-soi » d’habitants intégrés pour transformer en nouveaux déracinés dans leurs lieux de relogement imposé.

ÉTRANGE FAMILIARITÉ
FAMILIÈRE ÉTRANGETÉ

« A la recherche du concept perdu de chez-soi » pourrait être un film à la façon de « Indiana Jones. Les aventuriers de l’arche perdue » (Raiders of the Lost Ark, réalisé par Stephen SPIELBERG, 1981), c’est-à-dire une course-poursuite aux rebondissements multiples et aux retournements de situations, le sens de la séquence présente trouve chaque fois son sens dans la séquence qui la suit.
On est sans cesse confronté au spectaculaire, constamment dans l’implicite, le non-compris, voire l’incompréhensible. Cela tient au fait qu’il y a du latent, du non-révélé, du caché. Cela s’ouvre sur un paradoxe que Pascal HAMPHOUX et Lorenza MONDADA observent avec pertinence :

« Le concept de chez-soi renvoie ainsi au paradigme latent qui juxtapose des valeurs de permanence, de stabilité ou de sécurité, qui privilégie les figures spatiales de la clôture, de l’enfermement et de l’immobilité.
Si une telle configuration peut plonger ses racines dans la ratio étymologique, une autre configuration peut être imaginée, qui s’inspire du mouvement même de l’affranchissement de l’origine et d’élargissement du mot, et qui s’interroge en même temps sur les conditions de possibilités de l’identité subjective dans un rapport dynamique et nomade de l’espace.
Le chez-soi devient, selon cette dernière perspective, un rapport que le sujet recrée sans cesse avec les espaces qu’il parcourt, dans l’élaboration d’un sens qui n’est ni répétition, ni identification, mais genèse de structures et de repères produisant un sentiment d’étrange familiarité. » (p. 137-138)

BONJOUR CHEZ-VOUS

« Bonjour chez-vous » demeure pour les téléspectateurs de la série télévisé Le Prisonnier (The Prisoner, 1967), écrite par Georges MARKSTEIN et Patrick McGOOHAN, la formule répétitive qui vient clore les conversations que les personnages échangent lorsqu’ils se quittent. Les 17 épisodes de 52 minutes, soit près de 17 heures de programme rediffusées de multiples de multiple fois depuis plus de cinquante ans, et les thèmes empruntés au roman d’espionnage, à la science fiction et à la contre-culture des années 1970 (« Je ne suis pas un numéro. Je suis un homme libre »), ont marqué de nombreuses générations et continuent d’en marquer de nouvelles.
La traduction du doublage français Bonjour chez-vous traduit le « Be seeing you » (« A vous revoir », ou « A bientôt ») de la version originale. Elle s’est imposée comme une formule qui veut dire davantage qu’un « Au revoir » dans la mesure où elle évoque un prolongement, un après, en l’occurrence pour le personnage du Prisonnier n°6 interprété par Patrick McGOOHAN qui rentre « chez lui » seul, et où personne ne l’attend.

  • « Bonjour » : c’est n’avoir personne à qui s’adresser, et donc ne parler à personne.
  • « Chez-vous » : c’est la double incertitude : la prison sans cause et la prison sans durée.

CONCLUSIONS

  • Travailler « chez-soi », être « seul avec les autres »
    Les téléconférences numériques se sont aujourd’hui imposées comme le modèle distanciel universel, non seulement pour les réunions professionnelles, associatives ou personnelles, mais aussi pour les cours d’enseignement (université, lycée, collège, école élémentaire, et même maternelle), les stages de formation, les séminaires de recherche, les colloques internationaux…
  • Pour être en relation interactive avec le monde extérieur désormais – c’est une obligation – chacun doit se se débrouiller chez-lui avec son petit ordinateur personnel (sa petite webcam, son petit abonnement Internet, sa petite imprimante…) pour pallier les confinements imposés par la pandémie Covid-10 depuis 2020. Chez-soi est devenu un petit studio de télévision indispensable pour être ouvert sur le monde.
  • Une évidence s’impose : on ne reviendra jamais au régime présentiel d’avant. On n’a pas encore bien mesuré les effets de ces pratiques et de l’usage universel imposé par les logiciels de téléconférence (Zoom, Google Meet, Microsoft Teams, Skype…). Il doit être relevé que les participants du séminaire qui réfléchit au « chez-soi », sont chacun chez-lui.
  • Chacun dans une case. L’écran de chaque utilisateur se partage désormais en une série de carrés comprenant l’image animée de chaque participants. La chose n’était pas prévisible, bien que déjà imaginée par nombre de films et de séries de science fiction. Il a été anticipé depuis plus de quarante ans par la télévision, les relations sociales étant représentées selon le mode d’un échiquier. Le dispositif n’est pas anodin. L’existence consiste désormais à occuper une case dans laquelle on est à la fois chez-soi, et avec les autres. Comme disait au début d’une téléconférence un élève de collège à une enseignante : « Madame, vous avez de beaux livres, et ils sont bien rangés. »
  • Qu’est-ce qu’ un concept anthropologique ?  C’est une notion opérative, élaborée précisément au sein de cette discipline qui appartient aux Sciences humaines et sociales (en l’occurence l’anthropologie sociale, tout en demeurant ouverte aux autres disciplines comme l’ethnologie, la sociologie, la philosphie, la psychanalyse…). Appliquée à une situation, à un terrain d’observation, à un corpus constitué, elle permet de donner un sens à des phénomènes, à des comportements, à des actes individuels et collectifs. Le « chez-soi » est indéniablement un concept à la fois politique (lié à des décisions de pouvoir) et  pratique (vécu par les confinés, les télétravailleurs, les élèves des collèges, lycées et universités) dont l’apparition dans l’espace public et privé est liée à la pandémie Covid-19 de mars 2020 et aux confinements qu’elle a entrainé. Il s’agit d’un concept scientifique en formation dont il faut suivre la construction.

Bernard MÉRIGOT


DOCUMENT

CHEZ-SOI ?
Le Journal de Culture & Démocratie
Hors-série, 2020

« Chez-soi », Hors-série, Le Journal de Culture et Démocratie, Bruxelles (Belgique), 2020., 82 p. https://www.cultureetdemocratie.be/

SOMMAIRE
  • Édito, p.2
    Corinne Luxembourg
  • Le mythe du retour, p. 6
    Dominique Bela
  • L’os du chez-soi, p. 9
    Corinne Luxembourg
  • Où est le « chez-soi » des éleveurs et éleveuses nomades de Mongolie ?, p. 13
    Charlotte Marchina
  • Humain, plus-qu’humain, P. 17
    Anna Tsing
  • Chez soi, littéralement, p.21
    Maria Elena, Naty et Valérie
  • Le cauchemar comme lieu de vie, p.25
    Joseph Tonda
  • Aller ailleurs. Pourquoi ? p. 29
    Julie Romeuf
  • Sur l’advenir et le devenir du souci du « chez-soi » européen, p.33
    Christian Ruby
  • Fils d’Arabe, p.37
    Zaïneb Hamdi
  • Il n’y a pas de naturalité du chez-soi, p.40
    Entretien avec Monique Selim
  • Les lignes de fuites, p. 43
    Hamedine Kane
  • Gaza : de l’enclave au continent, p. 46
    Ziad Medhouk
  • Ici ou ailleurs, p. 49
    Nimetulla Parlaku
  • Héros sans domicile fixe, p. 53
    Toma Muteba Luntumbue
  • L’Autre, p.57
    Zaïneb Hamdi
  • Politiques du retour, p. 60
    Entretien avec Yala Kisukidi
  • Le plus long voyage, p. 64
    Basel Adoum
  • Le contretemps de l’émigration et « l’impossible retour » des migrant/migrantes haïtiens/haïciennes, p. 69
    Bodeler Julien
  • Migrants, p. 73
    Zaïneb Hamdi
Côté images
  • Tendre à une écriture collective des territoires, p.77
    Entretien avec Axelle Grégoire
  • Axel Claes, p.81
    Maryline le Corre
En ligne
  • Bloc 9
    Dominique Bela
  • Journal photographique de Beyrouth
    Entretien avec Philippe Audi-Dor

RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE
1. « Chez-soi ? »,
Hors-série, Le Journal de Culture et Démocratie, Bruxelles, (Belgique), 2020, 82 p. https://www.cultureetdemocratie.be/productions/view/chez-soi

2. LUXEMBOURG Corinne (ed.), « Chez-soi ? », Hors-série, Le Journal de Culture et Démocratie, Bruxelles, (Belgique), 2020. Voir « Éditorial », p. 2-4.

3. « Chez-soi », Séance du vendredi 2 avril 2021, Séminaire Anthropologie, Psychanalyse et Politique. Regards sur les terrains, Détresses globales : politiques et productions de subjectivités, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), Maison Suger, Paris 5e. (En visioconférence).
Séminaire organisé par Olivier DOUVILLE (Psychanalyste, Laboratoire CRPMS Université de Paris 7), Nicole KHOURI (Sociologue, IMAF), Julie PEGHINI (Anthropologue, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Université de Paris 8, Laboratoire CEMTI), Monique SELIM Anthropologue, Directrice de Recherche émérite à l’IRD CESSMA, Ferdinando FAVA (Anthropologue, Professeur à l’université de Padoue (Italie), Laboratoire LAA UMR 7218 LAVUE).

4. AMPHOUX Pascal, MONDADA Lorenza, « Le chez-soi dans tous les sens », Architecture et Comportement/Architecture and Behaviour, Colloquia, École polytechnique fédérale de Lausanne, 1989, vol. 5 (n°2), p. 135-152. hal-01561820 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01561820/document


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

« Restez chez-vous, Macron demande aux Français de rester chez eux ». Extrait de Made in Marseille, 16 mars 2020. https://madeinmarseille.net/62934-coronavirus-macron-annonce-le-confinement-chez-soi/


COMMENTAIRE
6 avril 2021

Sur le phénomène des effets provoqués par l’usage du logiciel Zoom et sur la fatigue ressentie par ses usagers (Zoom Fatigue), voir :


La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°51, lundi 5 avril 2021


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