Expertise ou hasard ? Doit-on considérer que les décisions qui affectent l’organisation d’un territoire local sont fondées sur une expertise ? Ou bien qu’elles sont le fruit du hasard ? Ou bien encore de l’opportunité politique ?
Qui est légitime, le maire ou les citoyens ?
Séance du conseil municipal de Savigny-sur-Orge du 13 avril 2015
« Jours pas tranquilles en 91600. Ethnologie politique d’une commune française » (1)
© Photo CAD / BM 2015
Une approche anthropologique de la vie politique locale dévoile combien les enjeux de société sont liés aux rituels des élus, à l’histoire de la « conquête » du pouvoir, à la recherche permanente de deux choses :
- en amont : les preuves de légitimité à prendre toute décision, anticipation de la rhétorique de l’acceptation,
- en aval : la reconnaissance des électeurs, anticipation des réélections futures.
Analyser le caractère éligible des élus dans une perspective anthropologique est une manière d’approcher l’architectonique symbolique de la représentativité. L’architectonique est l’art de structurer, de systématiser, de concevoir, de construire selon les principes d’une œuvre d’architecture.
Action ou inaction. Philippe LAVIGNE-DELVILLE définit une politique publique comme « un ensemble d’actions et d’inactions qui visent à organiser un secteur de la société». Exemples : enseignement, logement, culture, seniors, enfance, sports…
Organiser la société ? Mais est-ce que seulement la société est organisable ? Ou bien est-ce que la société s’organise elle même, tant bien que mal, par improvisations et bricolages successifs ?
Je retiens la reconnaissance de l’inaction comme principe d’organisation : ne rien faire, c’est faire. Beaucoup de politiques publiques sont fondées sur elle. Pour ma part, j’ajouterai à l’action et à l’inaction, le « faire n’importe quoi », c’est-à-dire faire quelque chose qui ressemble à une action et qui n’en est pas une, une action sans lendemain, sans moyen, sans logique. Une action qui participe au désordre plutôt qu’a l’ordre. C’est n’importe quoi ? Qu’importe !
« Je suis la crèche familiale », « Je suis le vivre ensemble »
Conseil municipal de Savigny-sur-Orge, 13 avril 2015
© Photo CAD / BM 2015
Identité du territoire. Un équipement public comme une chèche, une maison des jeunes et de la culture, un centre de vacances pour les enfants, un terrain ou une salle de sports… sont chacun un élément constitutif de l’identité locale, une expression de la façon dont un territoire est habité et vécu. Parce que ce n’est pas le bâtiment qui est important, c’est ce qui se passe dedans qui l’est, et où se réalise une projection citoyenne et associative.
Énigmes. « Toute action publique locale comporte des énigmes » constate Alain FAURE. Elles sont liées aux trajectoires électives territoriales : à des empreintes (le poids ou la légèreté du passé), à des promesses (la force ou la faiblesse des mots), à des passions (le rôle des émotions).
Complexité et intelligibilité. Pour Pierre MULLER, une politique publique est constituée par une série d’opérations de « réduction de la complexité du réel ». Seulement, simplification ne veut pas dire intelligibilité.
Modifier des équipements publics, en créer ou en fermer, revient à intervenir dans le réel de la vie. Chaque opération constitue une violence. Seule une juste concertation peut permettre de garantir la démocratie des territoires.
Bernard MÉRIGOT
« Qu’est-ce je fais faire de mon bébé quant la crèche familiale sera fermée ? »
Conseil municipal de Savigny-sur-Orge, 13 avril 2015
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RÉFÉRENCES
1. ABÉLÈS Marc, Jours tranquilles en 89. Ethnologie politique d’un département français, Paris, Odile Jacob, 1988, 365 p.
Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819 Dépôt légal du numérique, BNF 2015