Mieux Aborder L’Avenir (MALA) signe l’ « Appel de la société civile en vue de Rio + 20 »

Bernard MÉRIGOT, président de Mieux Aborder L’Avenir (MALA), a signé l’ « Appel de la société civile en vue du Rio + 20 ».

Dès sa constitution en 2009, le groupe Mieux Aborder L’Avenir s’est donné comme objet social de « développer toute action permettant de construire des projets d’intérêt général à l’échelle d’un territoire et d’une population s’inscrivant dans une dynamique de programme de développement durable / Agenda 21, de rassembler les données utiles sur les prospectives territoriales et sur les nouvelles gouvernances locale. » C’est tout naturellement que Mieux Aborder L’Avenir est aujourd’hui partie prenante de la démarche de ceux qui veulent que Rio+20 constitue une étape décisive dans la construction durable du monde.

La conférence RIO+20 accueillera du 20 au 22 juin prochains les chefs d’états du monde entier. Les trois mois de préparation qui nous sépare de ces rencontres seront déterminants pour peser dans les débats. Il faut que la conférence constitue un tournant décisif vers le développement durable. Elle doit aboutir :

  • à la traduction institutionnelle de l’importance du développement durable dans le cadre des Nations Unies,
  • à la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement,
  • à une réforme permettant la participation réelle des acteurs,
  • à former un cadre favorisant une économie verte et équitable.

La société civile aspire à un changement de modèle de développement. Au-delà de la gouvernance environnementale, Rio + 20 doit être la conférence mondiale où ses aspirations seront entendues.

Les conclusions de Rio+20 doivent être à la hauteur de notre siècle !

Bernard MÉRIGOT
22 mars 2012

L’APPEL DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
EN VUE DE RIO+20

Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement,

Le Sommet de Rio, en 1992, annonçait la volonté des Nations de s’engager sur la voie d’un développement durable, visant à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à préserver la biosphère pour les générations présentes et futures. Il en est résulté, depuis lors, des accords multilatéraux, négociations et plans d’actions qui ont fait avancer une prise de conscience mondiale, ainsi que de multiples initiatives citoyennes, des engagements de nombreux acteurs, des stratégies nationales et territoriales qui se sont mises en place.

Vingt ans plus tard, en 2012, les risques annoncés sont devenus réalités : la pauvreté n’a pas été éradiquée, les inégalités se sont creusées. L’accès à la culture, à la santé et à l’éducation reste insuffisants. La mise en œuvre des trois conventions de Rio (climat, biodiversité, désertification) n’a pas été assez rapide pour empêcher l’accélération des dégradations des ressources naturelles. Nous devons aussi relever de nouveaux défis comme l’adaptation aux conditions nouvelles de notre siècle, l’accès à l’énergie ou la préservation des océans, la sécurité alimentaire et la maîtrise de l’urbanisation.

Nous sommes à présent dans une situation d’urgence qui exige un calendrier d’actions efficaces et adaptées à l’aggravation constatée. Une métamorphose de notre monde doit s’engager rapidement, vers l’équité et la soutenabilité. Les mondialisations de l’économie, de la circulation de l’information et de la finance, et le besoin d’une gestion équitable des ressources et de l’environnement de la planète appellent à une régulation globale.

La Conférence de Rio de juin 2012, dite Rio+20 doit marquer une avancée décisive en faveur d’une régulation qui relie les trois dimensions du développement durable. Elle sera un grave échec si elle se limite à l’énoncé incantatoire d’objectifs lointains et à la reconduction des modes d’action antérieurs.

La société civile, avec ses multiples composantes que sont les ONG, les associations, les syndicats, les entreprises, les scientifiques et académiques, les collectivités territoriales… tous, déjà engagés dans des processus de développement durable, et l’ensemble des citoyens, sont particulièrement préoccupés et vous lancent un appel.

LA CRÉATION DU CADRE INSTITUTIONNEL FACILITANT LES MUTATIONS ET LA RÉGULATION GLOBALE EST INDISPENSABLE

Le développement durable doit avoir une place centrale dans le système de l’ONU

La gouvernance mondiale du développement durable doit être réformée pour que celui-ci inspire le travail de toutes les institutions des Nations Unies. Une coordination par une nouvelle instance exécutive, le Conseil de développement durable, en lien étroit et en cohérence avec les instances de l’ONU – notamment l’OIT – et l’OMC, est souhaitable.

Une organisation dédiée à l’environnement doit voir le jour

En particulier, une gouvernance de la dimension environnementale doit être instaurée à partir du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) basé à Nairobi, par la création d’une agence spécialisée universelle.

Cette nouvelle Organisation Mondiale de l’Environnement (OME) permettra une large gouvernance, reliant les nombreux accords multilatéraux pour l’environnement, dont elle favorisera la coordination, la cohérence, la mise en oeuvre et l’efficacité. Elle pourra prendre en charge l’élaboration de nouvelles conventions.

Les acteurs de la société civile doivent être clairement associés aux processus de décision

Pour une mobilisation et une action concrètes et rapides, il faut pleinement appliquer le principe n°10 de la Déclaration finale du Sommet de Rio (1992) qui affirme : « la meilleure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient ».

Il est temps, à Rio + 20, de favoriser un processus de participation du public et d’accès à l’information et à la justice pour tous les citoyens. Cela nécessite notamment au niveau international un élargissement de la composition et du rôle du Conseil économique et social de l’ONU.

La gestion de la connaissance devra offrir transparence, rapidité et équité d’accès, s’agissant des données d’observation, des technologies et des savoirs scientifiques pouvant favoriser le développement durable et particulièrement la préservation de la biosphère.

Les collectivités territoriales, les associations et ONG, les syndicats et les entreprises devront être de véritables parties prenantes qui, à l’image d’organisations et de conventions existantes, assumeront leurs responsabilités d’acteurs majeurs de la société civile, et participeront aux processus de décision.

Les scientifiques y auront un rôle important : informer les décideurs politiques et les autres parties prenantes, expliquer les enjeux propres à l’humanité comme à la biosphère, à toutes échelles de temps et notamment sur le très long terme. La future organisation devra disposer d’évaluations scientifiques indépendantes, transparentes, collégiales et multi-disciplinaires, et pourra notamment s’appuyer sur des plateformes intergouvernementales d’experts.

L’ÉCONOMIE VERTE DOIT SE DÉVELOPPER DANS LE CADRE DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Fondée sur le principe n°8 de la Déclaration de Rio « Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie pour tous les peuples, les États devraient réduire et éliminer les modes de production et de consommation non viables… », cette mutation doit s’appuyer sur toutes les parties prenantes publiques, privées et associatives. Leurs innovations, expériences et synergies tant au niveau national que territorial, permettent de nouveaux modèles de développement.

Les nouvelles technologies, l’innovation, doivent être développées et mise en œuvre pour tous, afin de favoriser une économie circulaire, avec des modes de production, d’usage et de consommation sobres portant attention à la répartition des coûts et bénéfices. Ces modèles respectueux des ressources naturelles et équitables sont la clé d’une nouvelle voie de développement pour tous les peuples.

Une économie nouvelle, soutenue dans la phase de transition où nous sommes par des objectifs chiffrés, calendriers et indicateurs associés ainsi que des financements innovants, nécessite la coopération et la coproduction de tous, tant à court qu’à long terme. Elle se caractérise par une libération de la créativité, le respect et la promotion de la diversité des cultures et un renforcement des solidarités. C’est la voie de sortie des crises que nous traversons.

Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement,

Nous vous invitons à marquer à Rio+20, votre conscience de ces dangers et votre volonté de les combattre. Le temps du constat est passé, le temps de l’action est venu. Aussi nous vous demandons de peser pour que les conclusions de la conférence impriment dans la réalité le tournant indispensable vers le développement durable.

Au-delà de la gouvernance environnementale, Rio + 20 doit être la Conférence mondiale où la société civile, qui aspire à un changement de modèle, sera entendue. La traduction institutionnelle de l’importance du développement durable dans le cadre des Nations Unies, l’Organisation Mondiale de l’Environnement, une réforme permettant la participation réelle des acteurs ainsi qu’un cadre favorisant une économie verte et équitable nous permettront d’être à la hauteur des enjeux de notre siècle.

Telles sont nos attentes, tel est notre appel.

Paris, le 31 janvier 2012

RÉFÉRENCES
Appel de la société civile en vue de Rio+20, www.appelsocietecivilerio.com

L’Appel de la société civile en vue du Rio+20 a été rédigé par des organisations de la société civile (réseaux de collectivités, d’entreprises, associations environnementales, membres du Club France Rio+20…). Il est parrainé par le sociologue Edgar MORIN et le cinéaste Jacques PERRIN.

Liste des premiers signataires :

  • Gilles BERHAULT (président du Comité 21),
  • Jean JOUZEL (climatologue),
  • Bettina LAVILLE (conseiller d’État, directrice de la rédaction de Vraiment Durable),
  • Hubert REEVES (astrophysicien, président de la Ligue Roc),
  • Marion GUILLOU (présidente de l’INRA),
  • Alain BOUGRAIN-DUBOURG (président de la Ligue pour la Protection des oiseaux),
  • Raymond VAN ERMEN (Partenaires européens pour l’environnement),
  • Emmanuel SOULIAS (MACIF),
  • Jean-Charles LARDIC (ville de Marseille),
  • Bernadette SEGOL (Confédération européenne des syndicats),
  • Fabrice BONNIFET (directeur développement durable de Bouygues),
  • Sylviane VILLAUDIERE (Alliantis),
  • Annie SASCO (Insern),
  • Hervé CRONEL (Organisation internationale de la francophonie),
  • Jérôme BELLIN (Ateliers de la Terre),
  • Dominique MARTIN-FERRARI (Media Pep’s),
  • Jacques BREGEON (CHEDD),
  • Anne-Marie DUCROUX (Conseil économique social et environnemental),
  • Jean-Paul AFFANA (AVD),
  • Gérald DUMAS (FGMM, CFDT),
  • Mylène ANDRÉ (Sciences Po),
  • Éduardo VIOLA (Université de Brasilia),
  • Dominique ALLAUME-BOBE (UNAF),
  • Robert BAKIIKA (EMLI),
  • Cherif RAHMANI (Fondation déserts du monde),
  • Gérald MAJOU (CGE),
  • Clément BRESSON (Réseau européen des étudiants en développement durable),
  • France Nature Environnement,
  • ADD (Association professionnelle des conseils et experts en DD et RSE) …


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