Savigny-sur-Orge. Élections municipales. De quoi sont-elles la maladie ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°60, lundi 7 octobre 2013

LE LABORATOIRE DES ÉLECTIONS MUNICIPALES DE 2014, N°2

Question. La préparation des élections municipales accélère la querelle des investitures. L’électeur local ne comprend plus rien. Est-ce normal ?
Bernard MÉRIGOT. Vous avez raison, il y a de multiples « querelles des investitures » dans les élections municipales.

  • le Front de gauche/Parti de gauche a refusé en septembre l’investiture à Jean ESTIVILL, conseiller municipal minoritaire de Savigny-sur-Orge (qui la possédait en 2008).
  • Jean-Michel ZAMPARUTTI, ancien adjoint au maire (UMP), fait liste commune avec David FABRE, conseiller municipal, ancien tête de liste du PS/EELV en 2008,
  • Debout la République, le parti de Nicolas DUPONT-AIGNAN, en ce mois d’octobre, annonce avoir négocié avec l’UMP de Jean-François COPÉ, et faire liste commune avec lui, sans que les adhérents aient été le moins du monde consultés,
  • le MODEM, le parti de François BAYROU négocie avec l’UDI de Jean-Louis BORLOO. En 2008, les candidats MODEM faisaient liste commune avec le PS.
  • il ne reste plus que Laurence SPICHER-BERNIER, maire (UDI) fasse liste commune avec Éric MEHLHORN (UMP), conseiller général, et ancien adjoint au maire qu’elle a exclu en 2012 en le « réduisant » au simple état de conseiller municipal !

N’importe qui peut s’allier avec n’importe qui. Ceux qui le font trouvent mille raisons pour le justifier. Mais ce qui est étonnant, c’est qu’ils dénoncent les ralliements qui ont lieu au sein des autres listes, : ils s’autorisent des pratiques qu’ils interdisent aux autres. Moi, j’ai le droit de faire ça, mais vous vous n’avez pas le droit de faire la même chose !

LA LOGIQUE DES PARTIS
EST À L’OEUVRE

Question. Quelles réflexions vous inspire cette situation locale ?
Bernard MÉRIGOT. C’est la logique des partis qui est à l’œuvre. Nous retrouvons un de mes auteurs favoris, Charles BENOIST qui, dans Les maladies de la démocratie, décrivait « l’art de capter le suffrage et le pouvoir ». Ce qui produit des effets de déstabilisation du citoyen.
« – Docteur, je ne comprends plus rien à la politique locale, aux alliances, aux retournements d’alliance. Est-ce que c’est grave ?
Mais non, mais non. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas vous qui êtes malade ».

LE CLIVAGE DROITE/GAUCHE
EST DÉPASSÉ !

Question. Le clivage politique droite/gauche clivage est-il normal au niveau local ?
Bernard MÉRIGOT. Non.  Il est même préjudiciable à l’émergence et à la réalisation de projets d’intérêt général. Il est stupide d’entendre dire à l’échelon d’une commune qu’une gestion de droite est bonne et qu’une gestion de gauche est mauvaise, ou l’inverse. Les étiquettes politiques ne font pas la qualité d’une gouvernance. C’est la qualité des élus fait que la gestion est bonne ou mauvaise. Il ne faut pas confondre les médailles sur l’étiquette et la qualité du fromage.
Les notions de « droite » et de « gauche » renvoient à une opposition politique qui est apparue en France en 1906. A la veille de la Première Guerre mondiale, la gauche et la droite deviennent des repères idéologiques. En 1936, ils sont incontournables.  Un certain nombre d’auteurs, comme Michel WINOCK, établissent une liste qui mériterait d’être commentée et nuancée :

  • valeurs de droite : autorité, identité nationale, ordre, sécurité, tradition, conservatisme…
  • valeurs de gauche : progrès, égalité, solidarité, insoumission…
  • valeurs « migrantes » : travail, liberté, mérite, justice…

Aujourd’hui, le clivage droite/gauche est dépassé au regard de l’idéal démocratique. Le seul clivage qui vaille est désormais gouvernance autoritaire/gouvernance participative. Une partie de la classe politique ne l’a pas encore compris.

« PARTAGEONS L’AVENIR »

Question. Vous avez participé le jeudi 19 septembre 2013 au Congrès de l’association des régions de France à Nantes. Des leçons peuvent-elles en être tirées pour les débats des élections municipales ?
Bernard MÉRIGOT. Le thème du congrès était « Décentralisation : partageons l’avenir ». Autour d’Alain ROUSSET, président de l’ARF et du conseil régional d’Aquitaine, se sont retrouvés de très nombreux participants de premier plan, parmi lesquels Claude BARTOLONE, président de l’Assemblée nationale, Arnaud MONTEBOURG, ministre du Redressement productif, Marylise LEBRANCHU, ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique. Je retiens une relative sérénité des interventions et des débats. Presque tous les présidents des conseils régionaux accompagnés d’importantes délégations de conseillers régionaux, étaient présents. On ne peut pas dire que l’assemblée était euphorique (les budgets des conseils régionaux baissent de 5% en 2014). Les interventions se sont faites à fleuret moucheté, alors que l’Assemblée national et le Sénat examinent les lois de décentralisation. Tous les participants se sont exprimés avec retenue, comme il sied à toute assemblée composée d’élus au suffrage universel.

UN LIEU UNIQUE

Et puis, il est toujours intéressant de se déplacer en province. On sort de la politique politicienne. C’est dans ce cadre professionnel, non passionnel, que j’ai retrouvé deux Essonniens : Jean-Vincent PLACÉ, sénateur (EELV) de l’Essonne, et Pierre GUYARD, candidat tête de liste (PS) à Savigny-sur-Orge. Nous avons écouté tous les trois, longuement, Patrick RIMBERT, le maire de Nantes qui à succédé à Jean-Marc AYRAULT, retracer l’histoire du « lieu unique » où François AUXIETTE, président de la région des Pays de la Loire nous recevait !

RÉFÉRENCES
ASSOCIATION DES RÉGIONS DE FRANCE (ARF), « Décentralisation : partageons l’avenir, 9e congrès, Nantes, 19-20 septembre 2013.
PASQUIER Romain, « Régions et gouvernance territoriale : quels scénarios d’avenir ? », Décentralisation : partageons l’avenir, 9e congrès, Nantes, 19-20 septembre 2013, p. 4-6. Romain Pasquier est directeur de recherche au CNRS/Sciences-Po Rennes.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°60, lundi 7 octobre 2013

COMMENTAIRE du 7 octobre 2013
Dans le cas évoqué concernant la non-investiture par le Parti de gauche de Jean ESTIVILL, conseiller municipal de Savigny-sur-Orge, une confirmation se trouve dans l’article du journal Le Parisien-Essonne matin du 7 octobre 2013. Toutes les investitures sont données (Sainte-Geneviève-des-Bois, Corbeil-Essonne, Évry, Grigny, Morsang-sur-Orge, Massy, Palaiseau, Saint-Michel-sur-Orge, Vigneux, Viry-Châtillon. Et pas Savigny-sur-Orge).
«Municipales 2014. Dans les villes de plus de 20 000 habitants, le Parti de gauche dévoile ses candidats», Le Parisien Essonne matin, 7 octobre 2013, p. IV.

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013

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