Les associations ont pour mission de « faire société » : c’est une urgence vitale pour notre pays (Fonda)

DÉCODAGE

CONTEXTE. Des discussions locales – par exemple à l’échelle communale – voient la confrontation de responsables associatifs et d’élus des collectivités locales : la légitimité citoyenne s’oppose à la légitimité élective selon divers degrés (respects mutuels, dialogues, libres débats, demandes, propositions, projets communs, critiques, oppositions, remises en cause, voire conflits…).
ENJEUX.
Ces débats représentent-t-ils des enjeux purement locaux, ou bien sont-ils représentatifs d’enjeux de société (d’enjeux politiques, d’enjeux démocratiques…) plus généraux ? 

Toute association locale, même si elle compte un nombre limité d’adhérents, est porteuse d’un « bien fondé ». Elle remplit – modestement – une fonction qui dépasse les individus pour prendre une dimension collective : celle de la société toute entière. Il est utile de prendre connaissance de l’analyse de ceux qui étudient la vie associative, comme la FONDA (1), et qui en révèlent le sens profond, le sens général.

LE DIAGNOSTIC DE LA FONDA EN 7 POINTS

1. Les équilibres fondamentaux de la construction d’une société, et de la capacité de ses membres à vivre ensemble, sont aujourd’hui en pleine mutation. De ce fait, ils sont fragilisés.

2. L’État, les institutions nationales, les pouvoirs politiques et administratifs en place sont en perte d’efficacité, de crédibilité, de légitimité, notamment face aux enjeux de la mondialisation. Pour sa part, l’Europe n’est pas encore à même d’offrir un espace de sécurité identitaire permettant à l’action collective de compenser cette perte.

3. Les sentiments d’insécurité et les peurs sont générés par l’idée même de mondialisation au détriment de la capacité d’en saisir les opportunités.

4. La crise de la protection sociale et des mécanismes de solidarité, aggravée par la persistance du chômage, la montée des inégalités, la panne de l’ascenseur social, la fragmentation et l’exclusion sociales, diminuent la cohésion de la société, la solidarité entre ses membres et sa capacité à faire face aux nouveaux risques.

5. Les attentes individuelles de reconnaissance, d’appartenance et de sécurité (politique, économique, sociale, environnementale…) ne trouvent pas dans l’espace public le lieu de leur satisfaction. Elles portent en germe exclusions et ruptures.

6. Les facteurs dissolvants de notre culture civique prennent de plus en plus d’importance : défiance à l’égard des autres, des règles et des institutions, du vivre ensemble, du chacun pour soi, du refus d’écouter l’autre, du refus de se soumettre à la règle commune, des comportements d’incivilité, de la complaisance à l’égard de la fraude, de l’acceptation du non respect de la loi…

7. Les éléments de délitement de notre tissu social grèvent de plus en plus nos capacités collectives à construire un avenir commun.

Dès lors, « faire société » est une urgence vitale pour notre pays. Les associations y apportent leur contribution. Sous réserve qu’elles soient respectées et reconnues.

LE PROJET DE LA FONDA
DE DÉFENSE DES ASSOCIATIONS

 1. Les association nationales. Nombre d’associations se sont développées, dans le prolongement et avec l’appui de l’État, elles ne sont pas à l’abri des dérives qu’induit le mode de fonctionnement de celui-ci, notamment sa rigidité procédurale. Le monde associatif n’est pas exempt des risques de replis corporatistes et de dérives bureaucratiques dont souffre souvent l’action publique. Le retrait de l’État crée une nouvelle donne. L’émancipation des associations vis-à-vis de l’État est pour elles une opportunité de revitalisation.

2. Les associations commerciales. De même, le développement croissant d’activités associatives dans le champ concurrentiel produit des effets de banalisation, où le projet social initial risque de se subordonner à son économie. Des organisations perdent alors le sens de leur action, au prétexte des contraintes de gestion. Les associations ont à apprendre à conjuguer rigueur de gestion et fidélité à leurs valeurs.

3. Les associations civiques. En outre, hors des champs traditionnellement investis par l’action publique et hors des structures d’organisation et de représentation associatives établies, des associations nouvelles émergent avec d’autres raisons d’engagement, d’autres territoires d’investissement, d’autres modes d’organisation et de fonctionnement.

4. Les associations en réseau. Le monde associatif est en perpétuelle recomposition. L’ancien et le nouveau s’y côtoient sans toujours se comprendre. C’est au sein du monde associatif qu’il faut retisser des liens et créer des synergies.

LE MONDE ASSOCIATIF D’AUJOURD’HUI

La Fonda prend la mesure des réalités du monde associatif d’aujourd’hui par plusieurs actions :

  • accompagner et impulser, au sein du monde associatif et dans son environnement, les changements culturels et la construction d’une intelligence prospective que requiert la compréhension du monde qui vient,
  • développer des espaces de rencontre et de fertilisation croisée entre le monde associatif et le monde de la recherche,
  • favoriser l’ouverture du monde associatif aux dynamiques de la société civile, du monde économique et du monde politique,
  • aider à dépasser les oppositions qui divisent les acteurs associatifs, administratifs, politiques pour imaginer les nouveaux outils de la transformation sociale à partager,
  • valoriser la capacité des initiatives citoyennes collectives,
  • promouvoir une société de confiance ou les dynamismes individuels et collectifs puissent s’exprimer.

RÉFÉRENCES
FONDA,
Le projet de la Fonda : Faire société, une urgence vitale pour notre pays, 2011.

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