Des innovations urbaines locales sont-elles possibles à l’heure du « Grand Paris » ? (Michaël Silly)

Le schéma d’ensemble voté à l’Assemblée nationale le 24 août 2011, qui fait suite à la loi n° 2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris (1), concerne :

  • 72 futures gares du super metro,
  • des opérations de logement et d’équipements… regroupées dans 17 contrats de développement territorial (CDT),
  • des propositions de Paris Métropole, association regroupant une centaine de collectivités d’Ile-de-France, dont Paris.

Y a-t-il des alternatives aux grandes infrastructures urbaines du Grand Paris ? Dans quelles conditions des initiatives locales, portées par la société civile, peuvent-elles répondre de façon pertinente à la complexité des besoins en matière :

  • 1. de mobilité,
  • 2. du vivre ensemble.

LES ALTERNATIVES AU « GRAND PARIS » :
L’INNOVATION URBAINE

Comment définir l’innovation urbaine ?

  • Elle est intrinsèquement liée à l’histoire et aux spécificités culturelles et sociales des territoires.
  • Elle s’applique à différentes échelles (rue, quartier, commune…).
  • Elle prend en compte pour un territoire, l’intégration du monde, qui comprend les richesses sociales et culturelles des autres parties du globe.
  • Elle s’efforce de mêler « cultures ancestrales » et « visions futuristes ».
  • Elle intègre les modes de vie des habitants et la création de nouveaux usages (sur le plan architectural et urbanistique) : normes HQE, BBC…
  • Elle laisse suffisamment de latitude aux habitants pour inventer eux-mêmes de nouveaux usages, et faire évoluer leurs pratiques.
  • Elle laisse ouverte l’imprévisible qui ne peut pas être anticipé (comme les échanges entre les personnes).
  • Elle favorise l’émergence de nouvelles activités économiques, culturelles et associatives, en prévoyant des espaces « inutiles » propices aux rencontres.

L’ERREUR DES « VILLES NOUVELLES » DES ANNÉES 1960

Pour éviter de reproduire les erreurs des « villes nouvelles » des années 1960, les contrats de développement territorial (CDT) et les propositions de Paris Métropole doivent intégrer aux contenus des programmes d’aménagement, dans un processus global :

  • la participation des habitants,
  • la participation des riverains,
  • la participation des usagers des différents services (transport, culture…).

Cet enrichissement passe, notamment, par la restauration – et le respect – d’un dialogue réel entre :

  • les élus,
  • les habitants,
  • les experts.

« Ce dialogue est aujourd’hui soit inexistant, soit de médiocre qualité », remarque Michaël SILLY (2), « en raison de l’absence d’entités intermédiaires reconnues, et à des échanges entre élus et habitants qui veulent, non pas dialoguer, mais imposer leurs points de vue. »

POUR UNE RÉUSSITE DES PROJETS D’AMÉNAGEMENT

Quels sont les impératifs qui constituent des éléments indispensables à la réussite des projets d’aménagement ?

  • Cerner les usages des territoires (tant ceux développés par les habitants, que par les personnes appelées à le traverser… et à s’y arrêter), éviter le syndrome du no man’s land.
  • Identifier et respecter les pratiques développées localement.
  • Prendre réellement en compte les habitudes, les besoins, les aspirations des personnes et des groupes qui le composent.

TOUS ENSEMBLE
POUR UN AVENIR COMMUN

Autant de moyens pour développer un objectif commun et d’établir ensemble la stratégie de mise en œuvre opérationnelle. Une pratique qui permet d’élever l’ambition d’un projet collectif.

Ce n’est plus « Moi, j’ai raison », ou « Nous savons mieux que vous ce qu’il faut faire ». C’est : « Tous ensemble pour réussir un avenir commun. »

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES
1. Loi n° 2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris, JORF, n° 0128 du 5 juin 2010,
« Article 1. Le Grand Paris est un projet urbain, social et économique d’intérêt national qui unit les grands territoires stratégiques de la région d’Ile-de-France, au premier rang desquels Paris et le cœur de l’agglomération parisienne, et promeut le développement économique durable, solidaire et créateur d’emplois de la région capitale. Il vise à réduire les déséquilibres sociaux, territoriaux et fiscaux au bénéfice de l’ensemble du territoire national. Les collectivités territoriales et les citoyens sont associés à l’élaboration et à la réalisation de ce projet.
Ce projet s’appuie sur la création d’un réseau de transport public de voyageurs dont le financement des infrastructures est assuré par l’Etat.
Ce réseau s’articule autour de contrats de développement territorial définis et réalisés conjointement par l’Etat, les communes et leurs groupements. Ces contrats participent à l’objectif de construire chaque année 70 000 logements géographiquement et socialement adaptés en Ile-de-France et contribuent à la maîtrise de l’étalement urbain.
Le projet du Grand Paris favorise également la recherche, l’innovation et la valorisation industrielle au moyen de pôles de compétitivité et du pôle scientifique et technologique du plateau de Saclay dont l’espace agricole est préservé.
Ce projet intègre un objectif de croissance économique afin de soutenir la concurrence des autres métropoles mondiales.
Le réseau de transport du Grand Paris est étroitement interconnecté avec le réseau préexistant en Ile-de-France. Il s’inscrit dans le maillage du réseau ferroviaire, fluvial et routier national afin de réduire les déséquilibres territoriaux. Il doit permettre des liaisons plus rapides et plus fiables avec chacune des régions de la France continentale et éviter les engorgements que constituent les transits par la région d’Ile-de-France. »
2. SILLY Michaël, « Grand Paris, réinventer la ville-monde… et la vie de quartier », www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr, 12 septembre 2011.

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