La transparence, premier pilier de la démocratie ouverte

Qu’est-ce que la « démocratie ouverte » ?

Librement inspirée du concept anglo-saxon d’ OpenGov, la démocratie ouverte cherche à améliorer l’efficacité et la légitimité des modes de gouvernance des sociétés. Sans remettre en cause les fondements de la démocratie représentative, la démocratie ouverte cherche à renforcer la démocratie en s’appuyant sur les articles VI et XV de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen :

Article VI. « La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. »
Article XV.
« La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration ».

LA TRANSPARENCE ET LA CONFIANCE :
L’OPEN DATA

Le premier niveau de la démocratie ouverte est celui de la transparence comme garant de la confiance entre citoyen et politique.

La transparence, appliquée aux données, engendre le mouvement de l’Open Data : rendre publiques les données détenues par les gouvernements, institutions et entreprises à capitaux ou contrats publics (tant que ces données ne sont pas confidentielles ou personnelles).

L’objectif est de permettre à n’importe quel acteur – autres institutions publiques, associations, médias, entreprises, think tanks – de réutiliser facilement et gratuitement cette donnée publique.

L’enjeu peut être celui de la création de valeur pour une entreprise mais aussi celui de l’équilibre des pouvoirs avec la facilitation d’une vigilance citoyenne, par exemple sur les dépenses publiques, sans oublier l’énorme enjeu de la créativité permise par cette libération des données (nouvelles applications, nouveaux usages, nouvelles données…).

Sur le champ de l’Open Data, il ne suffit pas de « verser au pot » quantité de données. Un gros travail est nécessaire pour garantir une réutilisation facile de ces données (en veillant aux questions des formats, des plateformes et de l’indexation des données). Toute une communauté d’utilisateurs, véritable écosystème à fédérer et dynamiser au quotidien, doit aussi être animée en y mettant les moyens en termes de communication, d’organisation de concours, de remise de prix, etc.

LE PROCESSUS DE GOUVERNEMENT

Il est important de veiller à ce que ces données soient effectivement utilisées par les pouvoirs publics, par exemple en appuyant les projets ou les propositions de lois sur ces données ouvertes, en mettant en place des tableaux de bords, des alertes ou des outils de pilotages reliés aux données libérées… et en (re)concevant les processus de gouvernance pour qu’ils prennent en compte les données ouvertes et leur libération.

Par ailleurs, un effort de transparence est nécessaire sur les processus de gouvernance eux-mêmes. Afin que le fonctionnement de la démocratie (les « règles du jeu ») soit explicitement énoncé et compris par un maximum de citoyens, des explications claires sont nécessaires au sujet des jeux de pouvoir et des rouages des institutions publiques (par exemple par le biais de cartographies d’acteurs, de schémas systémiques, d’organigrammes, etc).

LA PÉDAGOGIE POLITIQUE

Livrées brutes, les données ne sont pas lisibles. Au delà de l’Open Data et en s’appuyant sur ces données libérées, le champ de la pédagogie politique est lui aussi un aspect primordial de la transparence. On observe plusieurs bouleversements numériques qui redéfinissent le rapport du citoyen à l’information et à la construction de son opinion :

  • la place des réseaux sociaux, Facebook, Twitter et des plateformes de débats spécifiques ;
  • l’importance des vidéos en ligne (Youtube, Dailymotion, Vimeo) et l’arrivée de la télévision connectée ;
  • la nouvelles place des médias en ligne, qu’il s’agisse des médias traditionnels, des blogs ou des « pure players » (médias uniquement en ligne).

Alors que « nul citoyen n’est censé ignorer la loi », celle-ci est souvent rendue incompréhensible à tout-un-chacun par sa forme même. Les questions de fond sont souvent débattues à l’aide de textes longs et difficiles d’accès. Le nouveau paysage numérique et les nouveaux usages permettent l’avènement de formats plus accessibles, permettant de rentrer dans la complexité de manière simple voir ludique.

Le data-journalisme utilise ainsi, et met en forme, des données pour leur apporter un sens (datavisualisation, infovisualisation).

Les webdocumentaires revisitent le documentaire vidéo classique en y apportant une couche numérique permettant de creuser l’information, de relier les sujets à d’autres, de choisir la manière dont on navigue dans les données. Le téléspectateur passif est remplacé par un internaute actif.

Bernard MÉRIGOT


RÉFÉRENCES
LE COZ Armel,
« Les trois piliers de la démocratie ouverte (1) : La transparence », www.democratie.org, 9 mars 2012.

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