La gestion publique locale est-elle respectable ? (Gérard Vacassy, Terra Nova)

TÉMOIGNAGE D’UN ANCIEN CONSEILLER MUNICIPAL

QUI FAIT QUOI EN POLITIQUE ?

« Je m’inquiète de la défiance grandissante des électeurs – et j’en fais partie – envers les politiques. Au plan national, j’ai le sentiment que nous ne savons plus du tout qui fait quoi dans le mille feuilles administratif.

TOUT LE MONDE SE DÉFAUSSE

L’État et les députés se défaussent sur l’Europe, les élus locaux se défaussent sur l’État et l’Europe. Les Français se tournent alors vers le président, mais l’image qu’il renvoie ne les rassure pas.

LES REPRÉSENTANTS QUE NOUS MÉRITONS

Nous avons les représentants que nous méritons, il faut reconnaître que pléthore d’élus est surtout préoccupée par leur carrière, leur(s) indemnité(s) – qu’ils soient actifs ou retraités – et leur voiture de fonction. Malgré les déclarations, le cumul est toujours aussi florissant, les mandats se succèdent, des dynasties s’incrustent et la parité laisse supposer que les femmes ont besoin qu’on leur réserve des sièges comme on en réserve dans les transports publics pour les handicapés.
Les maires, eux, se déchargent, par délégation, de leurs compétences au profit des multiples syndicats intercommunaux, où, tout en conservant intégralement leur confortable indemnité de maire, ils pourront aller en encaisser d’autres après s’être fait coopter à l’exécutif du syndicat. Le nombre d’adjoints, de vices-présidents et de conseillers augmente d’un mandat sur l’autre, mais l’opposition en est réduite à la portion congrue.

PEUT-ON CONTRÔLER LES EXÉCUTIFS ?

Les contrôles sur l’exécutif sont quasi impossibles. Si la corruption a toujours existé, il faut reconnaître que depuis les lois de décentralisation, elle est galopante dans les collectivités locales. Par exemple, ancien conseiller municipal – de 1983 à 1989, puis 1996 à 2001 – dans un village de l’Hérault de 4 000 habitants, écoeuré de la politique locale, je me suis fâché avec deux maires de bords différents (PS et droite) sur des questions d’urbanisme et de marchés publics sans parler du reste.

LE CLIENTÉLISME ÉLECTORAL

Par souci de clientélisme électoral, les maires ont le don d’appliquer la loi à qui bon leur semble. Surtout, ne pas l’appliquer pour eux-mêmes (dans notre commune même les adjoints à l’urbanisme construisent sans permis). Si l’administré n’est pas un opposant acharné, les maires accordent des passe-droits ou font semblant de ne rien voir des modifications et des nombreuses constructions réalisées sans autorisation y compris, en zones naturelles et inondables rouges.

COMPLAISANCE ET ÉLECTORALISME

La complaisance, l’électoralisme, et, pourquoi ne pas le dire, la corruption en matière de constructions non déclarées, de permis de construire de complaisance en zone naturelle, agricole ou non aménagée, l’implantation des caravanes en zone agricole ou naturelle, la cabanisation rampante, l’extension sournoise de PRL, les obstacles et les décharges sauvages de gravats et déchets divers en zone inondable rouge du PPRI laissées sans surveillance, ne sont que la partie visible des nombreuses irrégularités des maires que les Parquets tolèrent.

LA DÉROBADE DES PRÉFETS ET DES SOUS-PRÉFETS

Quant aux préfets et sous-préfets, de passage dans les départements, ils se dérobent et évitent de faire appliquer leurs propres règlements pour esquiver toutes querelles avec des élus délinquants, comme on le leur demande en haut lieu. Que les donneurs d’ordres cessent de s’attribuer des zones de non-droit et respectent d’abord les règlements, leurs règlements, avant de nous infliger leurs leçons de citoyenneté. (2)

RESPECTER POUR ÊTRE RESPECTÉ

L’état peut-il prétendre être respecté avec de tels comportements ? Peut-il demander que les citoyens se respectent et respectent les lois ? Faut-il s’étonner s’ils désertent les urnes ? J’ai la conviction que le service de l’État et la protection des populations, ne sont pas la première priorité de ces gens-là dans nos départements. Étonnez-vous après ça des conséquences… »

Gérard VACASSY, ancien conseiller municipal de Bessan
29 juillet 2011

RÉFÉRENCES
1. VACASSY Gérard, Commentaire publié sur « L’Avenir de la décentralisation. Renforcer la démocratie locale », 100 idées pour la France, www.terra-nova.fr, 29 juillet 2011.
2. « L’incapacité du Préfet de l’Hérault à faire respecter son propre arrêté préfectoral interdisant tout remblais et toutes constructions en zone inondable rouge du PPRI a même incité un magistrat du Parquet, un procureur de la République, à construire sa villa sur les ruines d’une petite masure, en zone inondable rouge du fleuve Hérault. Inutile de s’interroger sur la validité du permis de construire. Existe-t-il seulement ? Le maire de Bessan fait semblant de ne rien voir, le représentant de l’État laisse faire et le Parquet « couvre » un collègue. »

© La Lettre de Bernard Mérigot, 2011

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