Les partis politiques ne jouent pas leur rôle : le cas de l’UMP de l’Essonne présidée par Georges Tron

CHRONIQUE DES ÉLECTIONS SÉNATORIALES 2011 DANS L’ESSONNE

DÉCODAGE

CONTEXTE. Les partis politiques sont reconnus par la Constitution française de la Ve République. L’article 4 établit que « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie » (1). Cela leur confère une responsabilité de cohérence, de « lisibilité » de leur action. Le citoyen attend de leur part qu’ils appliquent à eux-mêmes une bonne gouvernance interne, à l’image de celle qu’ils proposent dans leurs programmes – au moment des élections – et qu’ils promettent de mettre en oeuvre lorsqu’ils seront au pouvoir. La Constitution impose aux partis politiques d’appliquer une gouvernance démocratique interne.
ENJEUX. Dans le cas où ils ne satisfont pas à ces exigences, n’est-il pas légitime que les citoyens se détournent d’eux ? Interrogeons-nous. Est-ce que les partis politiques et leurs fédérations départementales remplissent le rôle que l’on attend d’eux ? Examinons le cas de la Fédération UMP de l’Essonne à l’occasion des élections sénatoriales de 2011.

CINQ SÉNATEURS SORTANTS À RENOUVELER

Les élections sénatoriales du département de l’Essonne ont lieu le 25 septembre 2011. Cinq sénateurs sont sortants :

  • Marie-Agnès LABARRE, (Front de Gauche), ancien maire de Vert-le-Petit,
  • Claire-Lise CAMPION (PS), conseillère générale d’Étréchy,
  • Bernard VÉRA (PC), maire de Briis-sous-Forges,
  • Serge DASSAULT (UMP), ancien maire de Corbeil-Essonnes,
  • Laurent BÉTEILLE (UMP), maire de Brunoy.

Les listes sur lesquelles les sénateurs sortants ont été élus en 2004 ont obtenu respectivement :

  • Marie-Agnès LABARRE, Claire-Lise CAMPION, Bernard VERA : 796 voix,
  • Serge DASSAULT : 359 voix,
  • Laurent BÉTEILLE : 263 voix

COMBIEN DE LISTES UMP CANDIDATES ?

Actuellement, trois listes UMP sont candidates :

  • 1. La liste officielle conduite par Serge DASSAULT (UMP),
  • 2. La liste officielle conduite par Laurent BÉTEILLE (UMP),
  • 3. La liste Xavier DUGOIN / Marianne DURANTON (UMP).

Marianne DURANTON, maire-adjointe de Villemoisson, conseillère générale du canton de Longjumeau, est secrétaire départementale adjointe de la Fédération UMP de l’Essonne. Il s’agit d’une candidature semi « labellisée » UMP.

SERGE DASSAULT DEMANDE DES SANCTIONS
CONTRE MARIANNE DURANTON

« Cette division pourrait empêcher la droite essonnienne de reconquérir trois sièges ». C’est ce que soutient Serge DASSAULT, tête de la 1ère liste officielle UMP. Il a demandé au bureau politique de la Fédération UMP de l’Essonne qui se réunissait mardi 12 juillet 2011 que « des sanctions soient prises à l’encontre de Marianne DURANTON ».

LE BUREAU POLITIQUE DE L’UMP
PRÉSIDÉ PAR GEORGES TRON DÉCIDE … DE NE RIEN DÉCIDER

« Au final, point de sanction. Le Bureau politique a simplement pris acte que Marianne DURANTON se mettait en retrait de son poste de secrétaire départementale adjointe « pour une durée indéterminée ».

Serge DASSAULT a été désavoué. N’importe quel membre peut déposer une liste UMP pour les élections sénatoriales ! Le bureau politique présidé par Georges TRON pourra à nouveau se réunir pour ne rien décider. A quand une 4e liste UMP ?

Les instances politiques ne précèdent pas, elles suivent. Elles appliquent cette phrase de Jean COCTEAU : « Ces grands mystères nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs ». La République mérite mieux que des hommes et des instances dépassées, qui s’illustrent quotidiennement dans la non-décision.

UN NOUVEAU CONCEPT POLITIQUE

La « mise en retrait pour une durée indéterminée » est un nouveau concept politique. Il mérite d’être retenu.

L’UMP VUE DEPUIS SAVIGNY-SUR-ORGE

Depuis octobre 2009, les habitants de Savigny-sur-Orge, sont habitués au manque déroutant de sens des responsabilités de la Fédération UMP de l’Essonne : absence d’initiative, de détermination, de prise de décision. C’est comme le macaron : à l’extérieur craquant dans les mots, à l’intérieur mou dans les décisions.
La maire (UMP) de la commune attaque régulièrement, de façon violente (en plein conseil municipal) le maire-adjoint et conseiller général (UMP). La Fédération UMP de l’Essonne ne réagit pas : elle doit trouver cela normal.
La maire (UMP) de la commune attaque régulièrement, de façon violente, la députée de la circonscription (UMP apparentée). La Fédération UMP de l’Essonne ne réagit pas : elle doit trouve trouver cela normal.

Pour le président de la Fédération UMP de l’Essonne : il est urgent de ne rien faire.

LE « N’IMPORTEQUISME », MALADIE DE LA DÉMOCRATIE

C’est une illustration de ce que Charles BENOIST a décrit comme une maladie de la démocratie, le « n’importequisme ». «En même temps qu’une indifférence qui va au dégoût par la lassitude, cet état morbide procède, sous certains de ses aspects ou dans quelques-unes de ses manifestations, d’un autre mal généralement connu et appelé tour à tour « l’envie démocratique », « l’ingratitude populaire », « la haine ou la défiance des supériorités », « le culte de l’incompétence » aboutissant, pour finir, à « la république des camarades ». (3)

RÉFÉRENCES

1. CONSTITUTION du 4 octobre 1958 (mise à jour au 1er février 2010)
« Article 4. Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.
Ils contribuent à la mise en oeuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article 1er dans les conditions déterminées par la loi. (*)
La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. »
* « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
2. « UMP : pas de sanction contre Duranton », Le Parisien Essonne-matin, 14 juillet 2011, p. II.
3.
« Le « n’importequisme » en politique (Charles Benoist) », www.savigny-avenir.fr, 24 mars 2011.

DOCUMENT

« UMP : pas de sanction contre DURANTON
C’était la première fois que les ténors de l’UMP essonniens se réunissaient depuis la mise en examen pour viol en réunion de leur président Georges Tron, député maire de Draveil.
Mardi 12 juillet, le comité départemental du parti sarkozyste, en présence de Georges Tron, a notamment évoqué la question des sénatoriales de septembre et la multiplication des listes à droite (quatre à ce jour). Une division qui pourrait empêcher la droite essonnienne de reconquérir trois sièges.
Numéro 1 sur la liste officielle de l’UMP, le sénateur sortant Serge Dassault plaidait pour que des sanctions soient prises à l’encontre de Marianne Duranton. La conseillère générale de Villemoisson, secrétaire départementale adjointe de l’UMP 91, figurera sur la liste de l’ancien maire de Mennecy, Xavier Dugoin, qui a décidé de partir en campagne sans l’aval du parti.
Mais au final, point de sanction. Le bureau politique a simplement pris acte que Marianne Duranton se mettait en retrait de son poste de secrétaire départementale adjointe « pour une durée indéterminée ».

Le Parisien Essonne-Matin, 14 juillet 2011.

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