Laurence Spicher-Bernier porte atteinte à la mémoire de Jean Marsaudon

Laurence SPICHER-BERNIER, maire de Savigny-sur-Orge, a empêché Geneviève MARSAUDON d’entrer au  COSOM où se déroulaient les voeux du conseil municipal le samedi 8 janvier 2010 à 19 H 30. Ceux qui n’ont pas été témoins de la scène l’ont appris en lisant Le Parisien du 10 janvier 2010.

« Pas de petits fours ni de discours de bonne année pour la veuve de Jean Marsaudon. Geneviève Marsaudon, l’épouse de l’ancien député-maire UMP de Savigny-sur-Orge, décédé il y a deux ans, a été privée de cérémonie de voeux, samedi soir. Elle s’est vu refuser l’entrée dans le complexe sportif où Laurence SPICHER-BERNIER, la nouvelle maire UMP, avait réuni près de 1 500 invités. Un incident qui « scandalise » de nombreux habitants. » (1)

Après le premier épisode : « Je fais tous les jours l’éloge de Jean MARSAUDON »,
vous avez aimé le second épisode : « J
e mets sa veuve à la porte de la Mairie »,
vo
us aimerez le troisième épisode : « Je laisse sa veuve à la porte du COSOM ».

Trois films avec, en vedette, Laurence SPICHER-BERNIER !

QUESTIONS
PEUT-ON JUSTIFIER L’INJUSTIFIABLE ?

Comment le pouvoir municipal, représenté par son maire Laurence SPICHER-BERNIER, justifie-t-il cette décision d’interdiction ? Nous avons la réponse dans l’article du journal « Le Parisien » qui relate les propos du cabinet du maire de Savigny-sur-Orge. Rappelons que le cabinet du maire d’une ville de 37 000 habitants comme Savigny-sur-Orge est un organe du pouvoir politique local. Placé sous son autorité directe, il exprime la pensée du maire. Il justifie les décisions du maire. Donc, selon le maire, la cérémonie des voeux du conseil municipal est « une cérémonie privée ». Il ajoute « Madame MARSAUDON n’était pas invitée. C’est la femme de l’ancien maire, mais elle n’a aucune activité politique sur la commune. Elle n’aurait pas dû tenter d’entrer. »

Que pensez-vous de ces propos ?

Comme on dit, le cabinet du maire en rajoute une couche dans le domaine de l’incompétence et du mépris des règles. Reprenons.

« Une cérémonie privée » ? Faux. Les voeux du conseil municipal sont une cérémonie publique. Elle se déroule dans une salle municipale. Elle est organisée par le personnel de la mairie. Tous les frais (installation par le personnel de la mairie, décoration, sonorisation, boissons, nourriture… ) sont entièrement payés par le budget communal. En l’absence de ventilation du budget communal présenté au conseil municipal, on estime que l’ensemble du coût de cette cérémonie publique s’élève, au moins, aux environs de 40 000 euros TTC : coût du personnel communal pour l’installation (dont une partie en heures supplémentaires), décoration, plantes vertes, prestataire pour la sonorisation et l’éclairage, boissons, nourriture… Dire que c’est une cérémonie privée relève soit de l’incompétence, soit du mensonge. Il suffit de se reporter au texte de l’invitation (2).
« Madame MARSAUDON n’était pas invitée ». Quels aveux ! Ce n’est pas une erreur. C’est une décision prise sciemment et assumée.
« Elle n’a aucune activité politique sur le commune ». A bon, parce que pour être invité aux voeux, il faut avoir une activité politique sur la commune ? Quelle sorte d’activité politique ? A l’UMP ? A l’association des amis du maire ?
« Elle n’aurait pas dû tenter d’entrer ». Il faut obéir, même à un ordre inique. On n’a pas le droit de résister, de s’indigner. Conseillons au cabinet de madame le maire et à celle-ci la lecture de l’opuscule Indignez-vous de Stéphane HESSEL (Indigène Editions, 2010) (3).

Étiez-vous présent à la cérémonie publique des voeux du conseil municipal de Savigny-sur-Orge ?
Non. Je l’ai volontairement boycottée.

Le fait que Laurence SPICHER-BERNER, maire de Savigny-sur-Orge, ait donné l’ordre à la police municipale d’interdire l’entrée au COSOM à Geneviève MARSAUDON vous étonne-t-il ?
Cela ne m’étonne pas. Ce n’est pas nouveau, en d’autres lieux et d’autres manifestations, je l’ai vécu personnellement. Geneviève MARSAUDON également lors d’une certaine assemblée générale, mais elle avait alors une sorte de devoir de réserve. Ce n’est donc pas la première fois que Laurence SPICHER-BERNIER pratique de la sorte. L’exclusion et l’ostracisme sont des pratiques habituelles chez elle, chez les élus qui la soutiennent, chez ses amis. Ce procédé me choque profondément.

Mais cela se passe-t-il ailleurs de la même façon ?
Vendredi 7 janvier 2011, à 19 H 30, j’étais aux voeux organisés par Gabriel AMARD, président la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (Viry-Châtillon + Grigny = 50 000 habitants), à la patinoire de Viry-Châtillon, sur le bord de la « Nationale 7 ». D’abord, il est toujours intéressant de voir un équipement auquel les habitants d’une commune limitrophe, en intercommunalité, ont accès… et auxquels, les habitants de Savigny-sur-Orge n’ont pas droit en tant que membre d’une intercommunalité, la municipalité ayant refusé de s’inscrire dans un projet intercommunal autre que ceux des syndicats intercommunaux. J’avais en son temps respecté la décision de Jean MARSAUDON.

Ensuite, la cérémonie des voeux s’est déroulée de façon tout à fait détendue. Personne n’a été mis à la porte!  Ayant siégé longtemps dans plusieurs syndicats intercommunaux, j’y ai retrouvé plusieurs collègues, élus de droite, de gauche et du centre et d’ailleurs, un maire, un conseiller général, un ancien conseiller municipal de Savigny-sur-Orge, des habitants de Savigny-sur-Orge (très inquiets sur ce qui se passe dans notre commune)… Gabriel AMARD a fait un discours très politique dans la ligne de son parti, Le Front de Gauche dont le président est Jean-Luc MELENCHON. Je n’ai pas les mêmes idées politiques que Gabriel AMARD. Et alors ? Cela ne nous empêche pas de nous saluer et d’avoir parfois des convergences d’opinion sur certains sujets d’intérêt général et sur certaines questions locales.

Pensez-vous que les personnalités politiques du département invitées, et présentes à ces voeux, ont été au courant avant ou pendant cette cérémonie ?
J’espère pour elles que non. J’espère que Xavier DUGOIN, président du Comité du Souvenir Jean MARSAUDON (et dont Geneviève MARSAUDON est membre du conseil d’administration), ne l’a su qu’après… J’ose croire que le conseiller général de Savigny-sur-Orge, Eric MEHLHORN, dont la carrière politique doit tout à Jean MARSAUDON, ne l’a su qu’après cette cérémonie. Aux mots qu’elle emploit dans l’article du Parisien, je pense que la députée de la 7e circonscription, Françoise BRIAND (et dont Geneviève MARSAUDON est membre du conseil d’administration de son club politique), ne l’a su qu’après… Il en est de même pour tous les élus présents de Savigny comme d’ailleurs comme par exemple Jérôme BERANGER, conseiller municpal d’opposition de Viry-Châtillon, dont le blog laudateur pour la maire de Savigny-sur-Orge et le site de l’UMP de Viry présentent la photo de Jean MARSAUDON en page d’accueil, ou, se réfèrent à sa mémoire. Dans le cas contraire, ces personnalités politiques auraient cautionné quelquechose d’inacceptable en participant à une mascarade organisée par madame le maire et les élus de son « camp », qui étaient au courant de l’ostracisme frappant Geneviève MARSAUDON à en lire une remarque de l’un d’entre eux sur la page Facebook d’un élu de Montgerron indigné. Le discours de Laurence SPICHER-BERNIER a duré près d’une heure trente, avec en litanie, de constantes références à Jean MARSAUDON (alors que sa veuve était à la porte), et ce devant 1 500 personnes, selon l’article du Parisien,  devant une salle remplie d’amis de Laurence et surtout des fonctionnaires municipaux invités au complet alors que la municipalité organise une deuxième cérémonie pour eux.

INTERPRÉTER L’INTERDICTION D’ENTRER

Comment comprendre l’acte d’ « interdire d’entrer » ?
C’est un interdit de type « policier », un interdit qui met en jeu la parole publique (des policiers municipaux), la menace, la force physique… Il est à ranger après les interdits majeurs des sociétés décrits par les siences humaines et les sciences sociales (on pense, par exemple, à l’interdit de l’inceste). En tout cas, c’est un acte symptomatique qui doit être interprété.
Il présente un aspect enfantin. C’est comme la petite fille qui ne laisse pas son frère – ou un petit camarade – entrer dans sa chambre parce qu’elle ne veut pas qu’il touche à ses poupées. C’est comme si on était en présence d’un souvenir traumatique venant de l’enfance. Que peut craindre Laurence SPICHER-BERNIER de la présence de la veuve de l’ancien maire ? Elle a visiblement peur de quelquechose. Que Geneviève MARSAUDON dise quelque chose ? Que Geneviève MARSAUDON fasse quelque chose ? Mais toute la vie sociale et toute la vie publique sont à la merci de ce genre d’interrogations à l’égard de l’autre. C’est la peur de l’altérité. On ne sait pas ce que les autres vont dire, vont faire… C’est tout simplement du ressort de leur liberté. Rappelons-nous la question que pose René CHAR, « Comment vivre sans inconnu devant soi ? » (Le poème pulvérisé, 1945-1947). Vivre, c’est assumer cette incertitude générale. Et pour cela, il faut être en paix avec soi-même.

Alors, pourquoi cet interdit ?
Laurence SPICHER-BERNIER agit-elle pour elle-même ? Ou agit-elle contre l’autre ? Il s’agit de faire comprendre le « j’ai le pouvoir de t’empêcher d’entrer », « mes policiers municipaux obéissent à mes ordres ». Ou encore contre les autres « vous voyez, je fais ce que je veux », «j’ai le pouvoir d’empêcher d’entrer ceux qui ne me plaisent pas ». Ce n’est pas « face book » (le livre des visages) c’est « face door » (la porte des visages) : celle dont le visage ne me revient pas, reste à la porte !
Symboliquement, c’est « barrer la route », « on ne passe pas ». Comment ne pas faire un lien avec le « casse-toi pauvre con » de Nicolas SARKOSY ? Mais, dans ce cas, on est dans une situation conflictuelle exprimée. Le président de la république l’adresse en retour à une personne physique qu’il a en face de lui et qui l’a interpellé.

Maintenant, quels effets cette interdiction produit-elle ?
Interdire, c’est discriminer.
C’est monter la différence qu’il y a entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors.
Interdire, c’est exclure. C’est « circulez, il n’y a rien à voir », « je ne veux pas vous voir », « rentrez chez vous ».
Interdire, c’est diviser.
Discrimination, exclusion, division : nous sommes au coeur de la stratégie du maire de Savigny-sur-Orge depuis qu’elle exerce ses fonctions.

Une rhétorique politique de dénigrement systématique émanant du pouvoir détruit le respect indispensable à la vie démocratique. Comme le constate Marion JUST, professeur de sciences politique au Wellesley College, « A force de considérer ses adversaires comme des cibles, et de multiplier les attaques « ad hominem », on peut donner le sentiment (…) qu’il est légitime de s’en prendre à un élu politique ». En l’occurrence à la veuve d’un élu politique (4).

RÉFÉRENCES

1. « Savigny-sur-Orge. La veuve de Jean MARSAUDON interdite de voeux », Le Parisien Essonne-Matin, 10 janvier 2011.

2.  Texte du carton d’invitation : « Madame Laurence Spicher-Bernier, maire de Savigny-sur-Orge et le conseil municipal sont heureux de vous présenter leurs meilleurs voeux pour l’année 2011 et vous prient de bien vouloir assister à la réception qu’ils donneront à cette occasion samedi 8 janvier 2011 à 19 heures 30. Centre sportif Pierre-de-Coubertin, avenue de l’Armée Leclerc »

3.  HESSEL Stéphane, Indignez-vous, Indigène Éditions, 2010.

4.  JUST Marion, Libération, 10 janvier 2011. Marion Just est professeur de sciences politiques à Wellesley College, Massachusetts, USA.

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