Essonne. L’implosion communautaire. Dans l’attente du schéma de coopération intercommunale du préfet de la région Ile-de-France

« Une concertation importante, par des contacts répétés avec les maires et les présidents d’EPCI a eu lieu », s’est félicité Bernard SCHMETZ, préfet de l’Essonne en présentant ce lundi 7 juillet 2014 le dossier de la réforme des intercommunalités devant la Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI).

Un point de vue qui a été nuancé par Robin RÉDA, maire de Juvisy-sur-Orge et président des Portes de l’Essonne (CALPE) qui a constaté que « les habitants sont les grands absents de ces débats ». Pour son président, cette communauté de 100 000 habitants, composée de cinq commune (Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Savigny-sur-Orge), créée en 2003, en est encore aujourd’hui « à l’apprentissage de l’intercommunalité ». Alors, pourquoi modifier ce qui commence à marcher ?

L’IMPLOSION COMMUNAUTAIRE

Sans compter que – pour la première fois – les électeurs qui ont participé aux élections des 23 et 30 mars 2014 pour voter simultanément pour désigner des conseillers municipaux et des conseillers communautaires qui siègant dans des intercommunalités… qui disparaîtront en 2015 !

Selon Étienne CHAUFOUR, conseiller général de l’Essonne, ancien maire de Juvisy-sur-Orge, les agglomérations ne sont pas interchangeables. « De nombreux éléments manquent pour qu’un débat puisse avoir lieu : ressources financières, montant de la dette, fiscalité, infrastructures de transports, équipements… ».

Nicolas DUPONT-AIGNAN, député-maire de Yerres et président du Val-d’Yerres, estime que le préfet de l’Essonne a une tâche redoutable : « Vous êtes chargé de mettre en œuvre une loi qui est contradictoire. On veut que les communautés suivent deux lièvres à la fois : 1. il faut peser en étant le plus gros possible (vous parlez de collectivité rassemblant 300 000 habitants) et 2. il faut être efficace, en étant proche des « bassins de vie ». Cela consiste à détruire sans reconstruire ».

Jérôme GUEDJ, président du conseil général de l’Essonne, remarque pour sa part que le découpage territorial pose la question de la répartition des compétences entre les collectivités (conseils municipaux, communautés, conseil général). D’autre part, tout transfert d’une compétence d’une collectivité à une autre doit se faire en s’assurant des moyens et de la qualité avec laquelle elle est assurée.

LA PROXIMITÉ S’ÉLOIGNE…

On en vient à poser des questions qui sont à la limite du paradoxe : « Qu’est-ce qu’un territoire de proximité ». Il est vrai qu’à partir du moment où un territoire s’agrandit (par exemple, si deux communautés fusionnent), la proximité prend de la distance !

Ou bien « Qu’est- qu’un territoire de projet ? » sans que l’on se soit demandé auparavant « Qu’est-ce qu’un projet de territoire ? ».

Que retenir de ces trois heures de réunion ?

  • Des mots : vision ambitieuse, cohérence, structures territoriales durables…
  • Des phrases.

Nicolas MEARY, maire de Brétigny-sur-Orge : « Il faut être prudent à l’égard de rapprochements déconnectés des citoyens ».

Grégoire de LASTEYRIE, maire de Palaiseau : « Si on voulait éloigner les citoyens de la politique locale, on ne s’y prendrait pas autrement ».

Jean-Pierre BECHTER, maire de Corbeil, président de Seine Essonne : « On ne comprend pas pourquoi le législateur veut imposer à ma schlague des regroupements de communautés ».

Olivier LÉONHARDT, maire de Sainte-Geneviève des-Bois et président du Val d’Orge « Nous existons depuis 13 ans. Nous regroupons 10 villes. Les 48 élus communautaires qui vont du Front national au Front de gauche, ont voté à l’unanimité une motion qui défend ce que nous avons construit. La cohérence est dans la continuité de ce qui constitue la colonne vertébrale d’une communauté : ses rivières, ses moyens de transport, son identité ».

L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE DES EPCI

En 2014, les 196 communes du département de l’Essonne sont réparties au sein de 20 intercommunalités : 11 communautés d’agglomération, 8 communautés de communes et un syndicat d’agglomération nouvelle (SAN). A la suite de ce jeu de réforme, qui s’apparente à celui des chaises musicales, combien d’établissements publics de coopération intercommunales demeureront ?

La réponse sera donnée fin août 2014 dans le projet de Schéma régional de coopération intercommunale du préfet de la région Ile-de-France.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES
PRÉFECTURE DE L’ESSONNE,
Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI), Séance du 7 juillet 2014.

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2014

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