Savigny-sur-Orge. Laurence Spicher-Bernier (UDI) fait entrer Pierre Guyard (PS) dans l’hyperpolitique inter-municipale

Nous savons que la politique en France est une dramatisation de la parole : ceux qui font de la politique pensent que l’hyper, l’outré et l’exagéré leur donnent confiance, et qu’il est de nature à leur attirer la faveur de l’électeur. Philippe-Joseph SALAZAR constate que « nous avons développé des technologies d’hyperparoles tellement raffinées que nous avons perdu de vue d’où elles viennent, comment elles fonctionnent et quels effets elles produisent ». (1)

L’HYPERPOLITIQUE
A L’ÉCHELON MUNICIPAL

Nous sommes à Savigny-sur-Orge, commune de 37 000 habitants, en novembre 2013. Les élections municipales ont lieu les 23 et 30 mars 2014, dans moins de quatre mois. Laurence SPICHER-BERNIER (UDI), maire de Savigny-sur-Orge, est candidate. Pierre GUYARD (PS) est également candidat.

Le journal Le Parisien du 23 novembre 2013 publie un article sur la gestion de la ville d’Évry. (2)

Laurence SPICHER-BERNIER écrit le 23 novembre 2013 sur son site Facebook un texte.

« L’endettement d’Évry est jugé préoccupant ». Tel est le titre de l’article du Parisien d’aujourd’hui. Je ne m’étendrai pas sur la gestion catastrophique d’Évry depuis 2001, mise en avant par la Chambre régionale des comptes.
Une phrase a retenu mon attention :
« Évry était au bord du gouffre fin 1990 ».
Qui était donc maire de 1983 à 1999 ?
Qui a ruiné Évry ? M. Jacques GUYARD, le père de l’actuel prétendant PS à la mairie de Savigny-sur-Orge !
L’ancien maire d’Évry, en fin connaisseur a surement dû enseigner à son fils les rudiments d’une bonne gestion municipale à celui qui aujourd’hui vient nous donner des leçons sur la conduite de la ville 
». (3)

Et là, d’un coup, nous effectuons un voyage hyperpolitique dans l’espace, dans l’histoire, dans le temps, dans les équipements publics, dans la généalogie. Tout y passe,  «la gestion catastrophique» (Ça commence fort), Savigny-sur-Orge, Évry, le maire de Savigny-sur-Orge, le maire d’Évry, Pierre GUYARD, son père Jacques GUYARD, la Chambre régionale des comptes (qui se penche sur Évry, mais pas sur Savigny-sur-Orge…), le gouffre (Ah ! «le bord du gouffre» est bien trouvé, j’ai peur…), la ruine (l’affaire est entendue : la ville d’Évry est ruinée, et la ruine de Savigny-sur-Orge fait partie du programme de Pierre GUYARD…), le prétendant (le mot possède une merveilleuse tonalité amoureuse), la bonne gestion municipale, l’enseignement et les leçons, la phrase et l’antiphrase… L’insinuation est distillée. Intolérable, elle est introduite dans l’avant-dernière phrase. Pour être enfin confirmée in cauda venenum.

DES COMPARAISONS INSENSÉES

  • L’espace. La commune de Savigny-sur-Orge est distante de 12 kilomètres de la ville d’Évry. Les deux collectivités n’entretiennent aucune relation institutionnelle. Alors, quel rapport ?
  • L’histoire. Savigny-sur-Orge est une commune à la population stable (1968 : 31 000 habitants, 1982 : 32 000 habitants, 2010 : 36 000 habitants),
    Évry, est une ville nouvelle à la croissance très rapide (1968 : 7 000 habitants, 1982 : 29 000 habitants, 2010 : 52 000 habitants). Alors, quel rapport ?
  • Le temps. Jacques GUYARD a été maire d’Évry de 1983 à 1999. Nous sommes en 2013. L’année 1983 : c’était il y a 30 ans ! L’année 1999 : c’était il y a 14 ans ! Alors, quel rapport ?
  • Les équipements publics et privés. Évry est la préfecture du département. Savigny-sur-Orge n’est pas Évry. Les Saviniens aimeraient bien avoir les équipements d’Évry : ils auraient depuis longtemps des commerces, des salles de cinéma, une piscine, une patinoire, des sites industriels et tertiaires, etc ! Alors, quel rapport ?
  • La généalogie. D’où vient cette idée que lorsqu’on fait de la politique, on doit avoir à répondre des mandats électifs de ses ancêtres ! Pierre GUYARD devrait assumer en 2013, à Savigny-sur-Orge, la gestion de son père Jacques GUYARD d’il y a 25 ans à Évry. Alors, quel rapport ?

IL Y A DES LIMITES

Pas de doute, nous sommes dans l’hyper, dans l’outré, dans l’exagéré. Cela relève du domaine des « maladies de la démocratie ». (4) La démocratie, ce n’est pas dire n’importe quoi sur n’importe quel sujet, porter des jugements sur des situations que l’on ignore, mettre en cause des personnes extérieures, insinuer et attaquer ce que des personnes n’ont pas encore accompli. Faut-il rappeler que « l’art de capter le suffrage et le pouvoir » comporte des limites : il ne saurait justifier toutes les manipulations argumentaires.

POUR DES TECHNOLOGIES POLITIQUES
DIGNES DE LA RÉPUBLIQUE

ARISTOTE explique que la parole politique, c’est-à-dire l’entraînement à former des idées, à les mettre en mots, à les assembler en arguments et à les rendre performants, doit suivre des règles exactes. Pour sa part, Philippe-Joseph SALAZAR conclut par cette réflexion : « Rétablir la République, ce doit être abolir les privilèges de l’hyperpolitique. C’est ouvrir à tous la compréhension de ses technologies abusives et les ramener à des technologies régulées, transmissibles, dignes de la République ». (p.192)

RÉFÉRENCES
1. SALAZAR Philippe-Joseph,
L’Hyperpolitique, une passion française, Kilincksieck, 2009.
2. « L’endettement d’Évry est jugé « préoccupant ». L’ancienne ville de Manuel Valls inquiète la chambre régionale des comptes. La municipalité justifie sa stratégie de développement », Le Parisien Essonne-matin, 23 novembre 2013.
3. SPICHER-BERNIER Laurence,
www.facebook.com/laurence.spicherbernier, 23 novembre 2013.
4. BENOIST Charles,
Les Maladies de la démocratie. L’art de capter le suffrage et le pouvoir, Éditions Prométhée, Paris, 1929.

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2013

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