«Notre maison brûle et nous regardons ailleurs» . Il faut relever le défi climatique

Bernard MÉRIGOT, président de Mieux Aborder L’Avenir, a signé le 27 septembre 2013 l’appel « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». On se souvient que cette phrase a été prononcée par Jacques Chirac, président de la République le 2 septembre 2002 à Johannesburg  devant l’assemblée plénière du Sommet mondial du développement durable. (1) Elle est le titre d’un appel dont les premiers signataires sont Edgar MORIN, Michel ROCARD, Pierre RABHI, Nicolas HULOT, Jacques TESTART, Patrick VIVERET.

L’AUGMENTATION DES CATASTROPHES CLIMATIQUES

« Pour sauver le climat, «il est minuit moins cinq», affirmait le président du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont les travaux se sont ouverts lundi à Stockholm. Plus personne ne peut douter de la gravité du dérèglement en cours :

«Cyclones, tornades, inondations, tempêtes et sécheresses… Entre 1980 et 2011, les catastrophes climatiques ont coûté la vie à quelque 30 000 personnes et occasionné plus de 1 000 milliards de dollars de dégâts sur le continent nord-américain, indiquait une étude du réassureur allemand Munich Re publiée en octobre 2012. En trente ans, le nombre de catastrophes climatiques a presque quintuplé en Amérique du Nord alors qu’il a été multiplié par 4 en Asie, par 2,5 en Afrique et qu’il a doublé en Europe.»

Et ce que nous vivons aujourd’hui est bien peu de chose par rapport à ce que subiront nos enfants si nous ne sommes pas capables de relever très vite le défi climatique : le franchissement possible du seuil des + 2 °C (hausse de température moyenne du globe terrestre à partir de laquelle l’impact sur les écosystèmes est de grande ampleur) n’était décrit qu’à l’horizon 2100 il y a quelques années à peine. Mais un communiqué du CNRS (juin 2013) informe que ce seuil pourrait être franchi entre 2035 et 2045 pour le scénario le plus sévère qui est, hélas, celui que suit la courbe actuelle de nos émissions de gaz à effet de serre. La situation s’aggrave et les échéances se rapprochent dangereusement. Rien n’a changé depuis le célèbre constat «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs». Pire, depuis l’échec du sommet de Copenhague en 2009 et l’éclatement de la crise financière, l’urgence climatique semble avoir disparu de l’agenda des décideurs.

LE PROJET ALTERNATIBA

Le projet Alternatiba est né dans ce contexte. Il veut contribuer à relancer une mobilisation citoyenne, au niveau européen, dans la perspective d’un sommet décisif pour les négociations internationales sur le climat qui se tiendra fin 2015 à Paris. Le dimanche 6 octobre, à Bayonne, nous serons des milliers à nous retrouver pour débattre des questions climatiques (1). L’objectif d’Alternatiba est de montrer toutes les solutions possibles pour s’attaquer aux causes du changement climatique, au niveau local comme au niveau global. Prendre l’angle des alternatives concrètes permet de rompre avec le sentiment d’impuissance face à ce défi sans précédent pour l’humanité. Il s’agit également d’expliquer que la lutte contre le changement climatique concerne la plupart des aspects de notre vie et de notre société : politiques énergétiques bien sûr, mais également aménagement du territoire, modèle d’agriculture, partage du travail et des richesses, modes de consommation ou de transports, etc. Lutter contre le dérèglement climatique n’est pas forcément une contrainte mais plutôt un élan formidable sur lequel l’avenir peut se construire.

LE SOLUTIONS DOIVENT VENIR DU LOCAL

Cette approche a également l’avantage de montrer que les solutions ne viendront pas seulement «d’en haut» mais qu’elles peuvent aussi être mises en œuvre au quotidien, à un niveau local ou régional, individuel et collectif. Avec Alternatiba, il s’agit de marquer les esprits par une journée dont l’écho portera loin, par le biais des médias, des réseaux associatifs et des grandes organisations environnementales ou sociales. Cet événement fondateur (qui sera précédé le 5 octobre 2013 par un Forum sur le changement climatique) n’est pas une fin en soi mais un commencement : une rampe de lancement pour une dynamique de mobilisations et de pression populaires qui vont s’amplifier jusqu’au sommet de Paris fin 2015. Si nous ne voulons pas revivre un sommet pour rien comme à Copenhague en 2009, il faut que l’Europe prouve d’ici deux ans qu’il est possible d’agir efficacement pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre avec des solutions justes, démocratiques et solidaires.

LA QUESTION DU CLIMAT EST VITALE

Un premier pari est d’ores et déjà gagné : un très grand nombre d’ONG et de réseaux travaillant sur les thématiques environnementales ou sociales, de sensibilités et pratiques très diverses soutiennent ou participent à Alternatiba. Cette journée constituera une mobilisation citoyenne pour le climat sans précédent en Europe depuis le sommet de Copenhague en 2009. Le 6 octobre 2013, plus de 150 associations viendront exposer des solutions concrètes, plus de 100 conférenciers participeront aux débats et au total près de 1 000 volontaires sont mobilisés pour accueillir les milliers de personnes attendues. La question du climat est vitale pour notre avenir. Nous appelons tous ceux et celles qui le peuvent à répondre à l’appel d’Alternatiba, à être présents à Bayonne le dimanche 6 octobre pour lancer une mobilisation à la hauteur du défi sans précédent que constitue cette question pour l’humanité tout entière.

Premiers signataires:
Christiane Hessel, Edmond Maire,
Ancien secrétaire général de la CFDT, Edgar Morin, Philosophe, Adolfo Muñoz, Secrétaire général d’Ela, confédération syndicale majoritaire au pays Basque, Michel Rocard, Ancien Premier ministre, Pierre Rabhi, Agroécologiste, philosophe, Marie-Monique Robin, Réalisatrice et journaliste, Nicolas Hulot, Président de la FNH, Paul Nicholson, Syndicat paysan EHNE Bizkaia, cofondateur de Via Campesina, Jean-François Julliard, Directeur de Greenpeace France, Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre France, Pierre Larrouturou, Economiste, porte-parole du collectif Roosevelt, Geneviève Azam, Economiste, porte-parole d’Attac France, Emmanuel Poilane, Directeur de la Fondation Danielle- Mitterrand, Michel Berhocoirigoin, Ancien secrétaire général de la Confédération paysanne, Annick Coupé, Porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, Susan George, Ecrivaine, Yayo Herrero, Coordinatrice confédérale de Ecologistas en acción, Juan López de Uralde, Ancien directeur de Greenpeace Espagne, Germain Sarhy, Fondateur du village Emmaüs Lescar-Pau, Liliane Spendeler, Directrice des Amis de la Terre Espagne, Jacques Testart, Président d’honneur de la Fondation Sciences citoyennes, Patrick Viveret, Philosophe. (2)

RÉFÉRENCES
1. CHIRAC Jacques,
« Discours de M. Jacques Chirac, président de la République devant l’assemblée plénière du Sommet mondial du développement durable », (IVe Sommet de la Terre), Johannesburg, 2 septembre 2002.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. »

2.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », Libération, 27 septembre 2013, p.22.

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013

This entry was posted in Réchauffement climatique. Bookmark the permalink.

Comments are closed.