Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Les quarante ans du Comité pour la protection de la nature et des sites (CPNS) 1973-2013

2013 est une année qui fait date dans l’histoire du Comité pour la protection de la nature et des sites (CPNS) créé le 28 mai 1973. La première assemblée générale s’est tenue le 27 juin 1974 sous la présidence de Marie-Claude ALIBERT. C’est un geste de protestation contre le béton sur la plage à Saint-Jean-de-Monts, à Saint-Hilaire-de-Riez, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Une réaction citoyenne contre le projet de destruction de la Petite Ile, le quartier du Maroc à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

 

« Les quarante ans du CPNS (1973-2013)
Entretiens avec les présidents »

CD video de 40 minutes
Comité pour la protection de la nature et des sites
Saint-Gilles-Croix-de-Vie, 2013
Archives du Groupe de recherche sur le marais breton-vendéen / CAD

En 1978, le CPNS reçoit deux agréments : agrément au titre du Code de l’urbanisme et l’agrément au titre de la loi du 10 juillet 1976. Depuis cette époque héroïque, que de chemin parcouru, que de défis relevés, que de combats menés par Marie-Claude ALIBERT et ses successeurs. C’est cette mémoire que nous voulons partager avec ceux qui ont soutenu l’action du CPNS et faire découvrir à ceux qui  que leur espace de vie en 2013 est le fruit d’un long combat. Il n’est pas terminé. (1)

Comité pour la protection de la nature et des sites (CPNS)
Assemblée générale du 6 avril 1989 animée par
Marcelle BRIDIER et Marcel COURADETTE

Salle de la Paix, Saint-Gilles-Croix-de-Vie
Archives du Groupe de recherche sur le marais breton-vendéen / CAD
© Photo Bernard Mérigot

DOCUMENT

HOMMAGE À JEAN MARCEL COURADETTE
1915-2010
par Michèle BOULEGUE (2)

Mince et droit, le mot aimable aux lèvres, toujours un projet en tête, Jean Marcel Couradette avait fait de Saint-Gilles-Croix de-Vie son port d’attache avec une prédilection pour les dunes de la Garenne et du Jaunay.

Il nous a quitté le 2 avril 2010, soudainement vaincu par une maladie insidieuse à laquelle son grand âge ne lui a pas permis de résister.

Rien ne prédisposait ce béarnais, né à Bègles en 1915, à devenir vendéen de cœur. Son premier poste, décroché après son diplôme d’ingénieur agronome, en qualité de professeur d’agriculture rattaché à la direction des services agricoles de Vendée, à la Roche-sur-Yon, lui firent découvrir ce département attachant.
Mobilisé en 1939/1940 en qualité de sous officier, il retrouva ses fonctions, une fois rendu à la vie civile, nanti de deux citations et de la croix de guerre que lui valurent ses qualités de courage, d’organisation et d’attention aux soldats placés sous ses ordres. Il en faisait rarement cas, tant il était, au contraire tourné vers la vie et attaché aux valeurs d’humanisme. Il servit ses convictions, à sa manière, en se consacrant au professionnalisme des agriculteurs et à la modernisation de leurs exploitations. Il admirait la pugnacité du monde paysan, bien décidé à relever le défi national : passer d’une agriculture vivrière à l’autosuffisance alimentaire du pays. Il se rangea aux cotés de ces paysans en contribuant à leur formation, tout d’abord.
Certains de ses élèves se souviennent encore de lui et de ses enseignements à l’école de la Mothe-Achard et à Pétré. Plus tard, en qualité de directeur de la coopérative céréalière, la CAVBLE, puis de la CAVAC, il épaula les efforts des exploitants agricole pour augmenter leur rendements en lançant successivement deux  productions révolutionnaires, la culture du maïs hybride et la culture fourragère. Tout au long de cette vie professionnelle intense tenant davantage de l’engagement militant que d’un esprit carriériste, il aimait à se ressourcer à Saint Gilles Croix de Vie, en famille, lors des week-end et pendant les vacances estivales. Aussi, tout naturellement, quand l’âge de la retraite a sonné en 1972, il vint s’installer au 25 quai Gorin, réalisant son rêve.
Alors qu’il s’apprêtait à mener la vie paisible du jardinier, il fut rattrapé par la vie locale.
En premier lieu, la vie associative quand il s’est agit de limiter les appétits des promoteurs immobiliers sur le cordon dunaire, déjà. Cet engagement au service de l’intérêt général répondait à ses convictions. C’est pourquoi il accepta de prolonger cette expérience en assurant les tâches de secrétaire général du CPNS pendant presque vingt ans.
En 1976, les élections municipales, remportées par Monsieur Jean Rousseau, le firent entrer au conseil municipal, aux côtés du Docteur Alibert, sur la liste d’opposition de la gauche, dans le droit fil de convictions politiques ancrées dés l’enfance. Bientôt il se retrouva seul sur le banc de l’opposition. Sa largeur de vue, sa capacité à privilégier le bien commun plutôt que l’esprit partisan, lui valurent rapidement l’écoute et l’estime de ses pairs.
A l’époque, les marins, le conseil municipal et les pouvoirs publics affrontaient une difficulté redoutable : le chenal s’ensablait ; une barre de sable s’accroissait à l’entrée du port tandis que la dune de la Garenne s’effondrant sur ses bases, menaçait de rompre dans sa partie la plus étroite, soumise à une fréquentation intensive y compris en voiture. Des projets pharaoniques effrayaient les décideurs. Jean Marcel Couradette proposa alors de restaurer la dune, à moindre frais, en utilisant les apports éoliens de sables, considérables en périodes hivernales. Une discussion instructive avec un expert géomètre l’en avait convaincu.
Le principe, simple, consista à implanter des barrières brise vent suivant rigoureusement les courbes de niveau. Ce fut la tâche des services généraux de la commune Les sables captés par ces véritables pièges furent ensuite fixés par des oyats, dont les pieds furent préparés dans les serres municipales et plantés par les bénévoles du CPNS et les enfants des écoles, accompagnés de leurs enseignants. Deux hivers plus tard, la végétation d’oyats couvrait la dune. En 1980, « année de l’arbre », la dune fut plantée de 1000 arbres, côté port. Là encore l’aide des enfants fut décisive.
Le pied de la dune, renforcé par des enrochements, était suffisamment conforté pour permettre l’aménagement d’un sentier de promenade que Jean Marcel Couradette fit agrémenter de lieux de repos et équiper de bancs grâce à la générosité du CPNS. C’est devenu l’actuelle promenade Marie de Beaucaire. Cette opération réussie était aussi la mise en pratique des convictions de Jean Marcel Couradette : la coopération de tous en bonne intelligence avec la nature fait plus que force ni que rage budgétaire.
En 1984, la dune du Jaunay était également en très mauvais état. Une route en crête, disloquée, une érosion marine de 1m par an aggravée par les profondes entailles des tranchées en siffle vent rendaient cette dune très mobile. La commune confia, alors, à Jean Marcel Couradette le chantier de la restauration du cordon dunaire. L’ampleur des dégâts justifia de recourir aux grands moyens : remodelage au bulldozer par prélèvement des sables du haut de l’estran, pose de barrières brise vent et plantation d’oyats avec les fidèles du CPNS et les non moins fidèles enfants des écoles et leurs maîtres. En 1988, le cordon dunaire était à son tour couvert des oyats protecteurs.
Les succès obtenus méritaient récompense. En 1986, le CPNS reçu le prix « Nature et Patrimoine » de la fondation Ford France tandis que les jeunes, accompagnés de Jean-Marcel Couradette, à Paris, reçurent le Grand Prix des Jeunes. En 1988, la ville et le CPNS reçurent le logo de l’année européenne de l’environnement pour « Projet pilote exemplaire de protection de l’environnement ».
En 1990, Jean Marcel Couradette mis une fois de plus ses compétences d’ingénieur agronome et ses talents d’organisation au service de la commune lorsqu’il s’est agit d’aménager et de planter les berges  du Jaunay, sur 13km après le re-calibrage de ce petit fleuve côtier. Il proposa de terminer la promenade ainsi crée, dite « Narcisse Pelletier » par un petit jardin équipé de jeux que ses amis appellent encore « Le jardin Couradette ».
Entre temps, partageant la devise des crématistes « La terre aux vivants », il avait rejoint les rangs de l’association crématiste de Vendée. A ce titre et en qualité de conseiller municipal, il veilla à ce que le nouveau cimetière des Terres franches soit doté d’un columbarium et d’un jardin du souvenir.
En 1995, Jean Marcel Couradette décida de prendre du recul et se retira de la vie locale. Pas complètement toutefois, car il créa alors, vite rejoint par ceux qui partageaient ses vues, l’association V.I.E (Valoriser les Initiatives et l’Environnement) selon une conception ouverte de l’environnement, intégrant la préservation des espaces naturels, le patrimoine et le cadre de vie. Il s’employa à faire comprendre au public et particulièrement aux enfants la formation du cordon dunaire et à faire connaître sa flore, mettant en œuvre des talents pédagogiques appréciés. Il eût la satisfaction de voir les travaux de V.I.E reconnus lorsque l’association fut agréée par les pouvoirs publics en tant qu’association locale de préservation de l’environnement.
L’âge venant, Jean Marcel Couradette a gardé intact, son attention aux siens et à ses concitoyens, s’étonnant de l’emballement du monde moderne et se réjouissant de voir ses enfants et ses petits enfant y trouver leur place selon leur goût dans toute la diversité de leurs talents.
Nous garderons de Jean Marcel Couradette le souvenir d’un homme de bien, fidèle à ses convictions et assumant ses engagements sans faillir. »
Michelle Boulegue

RÉFÉRENCES
1. COMITÉ POUR LA PROTECTION DE LA NATURE ET DES SITES (CPNS),
Les quarante ans du CPNS (1973-2013). Entretiens avec les présidents. CD video de 40 minutes.
2. BOULEGUE Michèle,
« Hommage à Jean Marcel Couradette », http://association-vie-vendee.org/hommage-a-jean-marcel-couradette-2/

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2014

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