Les oppositions municipales sont dénuées de tout pouvoir (Jacques Rollet)

UN CAS DE DÉNI DE DÉMOCRATIE

« L’étude de la démocratie locale passe par l’examen de la vie politique locale. La France se singularise à cet égard par plusieurs traits : nombre des communes, empilement des structures (commune, intercommunalité, département, région, auquel il faudrait ajouter les « pays » dont on ne parle plus).

La démocratie n’est pas respectée dans l’intercommunalité puisque les Communautés de communes, les Communautés d’agglomération et les Communautés urbaines ont des conseils qui ne sont pas élus au suffrage universel direct. Ils lèvent des impôts importants et les citoyens-contribuables ne peuvent pas les sanctionner. De plus, comme il ne s’agit pas de collectivités territoriales mais d’EPCI (établissement public de coopération intercommunale), il est possible pour les présidents de cumuler ce poste avec les deux mandats, par exemple de parlementaire et d’élu local (maire d’une commune de plus de 20 000 habitants, conseiller général, conseiller régional). Les présidents et vice-présidents sont, de plus, rémunérés de façon importante.

Ajoutons que le pouvoir du maire dans sa commune est exorbitant puisqu’il est à la fois chef de l’exécutif et chef de la majorité, si bien que pendant six ans, l’opposition est totalement dénuée de pouvoir. Il n’y a pas de contre-pouvoir au plan municipal, ce qui est un déni de démocratie. Il serait bon que la science politique s’empare de ces questions. »

RÉFÉRENCES
ROLLET Jacques,
« La situation de la science politique en France », Revue Incursions, n°7, 2e semestre 2012, http://www.incursions.fr. Incursions est la publication de l’Association française pour la formation et la recherche en sciences sociales (FFFRSS).
Né en 1944, Jacques Rollet a été enseignant de science politique à Sciences Po Paris de 1982 à 1995, puis enseignant de science politique au Département de sociologie de l’Université de Rouen, de 1995 à 2009. Il a également enseigné la science et la philosophie politiques à l’Institut catholique de Paris (FASSE), de 1990 à 2006. Il a publié plusieurs ouvrages de théologie dont : Le cardinal Ratzinger et la théologie contemporaine, Cerf 1987 et 2005, ainsi que des ouvrages de science politique. Le dernier est Le libéralisme et ses ennemis, DDB, 2012.

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013

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