La politique aime t-elle les idées ?

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR

Pourquoi les pratiques politiques des pouvoirs en place ne répondent elles pas à l’attente des citoyens à l’égard de la démocratie ?   Chaque jour, portée par « le vent de la vie »,  l’interrogation revient de façon incessante, quel que soit le niveau d’exercice politique que l’on considère (Europe, État, région, département, intercommunalité, commune…).

Chaque jour, de la même façon incessante, un même doute lui fait écho en posant deux questionnements.

1. Premier questionnement.

  • Les élus, issus du suffrage universel, agissent-ils de façon consciente, rationnelle et ouverte (en réfléchissant, en argumentant, en débattant…), ou bien agissent-ils de façon instinctive ?

D’un coté, la « raison politique ». De l’autre, l’ « instinct politique », jamais nommé, jamais explicité, et qui s’apparente au  « quand même ! »,  manifestation et preuve de la vocation politique pour Max WEBER. (1)

Dans ce premier cas, la politique souffre d’un manque d’idées.

2. Deuxième questionnement.

  • Pensée, réflexion ou idées sont-elles nécessaires pour supporter l’action des élus issus du suffrage universel et des exécutifs locaux ?

Dans ce second cas, la politique ne se saisit pas des bonnes idées, notamment de celles qui permettent aux citoyens de partager le « vivre ensemble », euphémisme moderne désignant cette même conception qu’exprimaient les pères fondateurs américains en 1779. (2)

Dans les deux cas, l’urgence est égale. Les symptômes sont visibles. Le diagnostic est toujours le même : les politiques ennemis des idées, sont les ennemis de la démocratie.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES
1. WEBER Max, Politik als Beruf, Conférence prononcée à l’Université de Munich, 1919.
WEBER Max, « Le métier et la vocation d’homme politique » (Politik als Beruf), in Le Savant et le politique, Plon, 1959. Traduction de Julien FREUND. Préface de Raymond ARON. « Celui qui est convaincu qu’il ne s’effondrera pas si le monde, jugé de son point de vue, est trop stupide ou trop mesquin pour mériter ce qu’il prétend lui offrir, et qui reste néanmoins capable de dire « quand même ! », celui-là seul a la vocation de la politique. »
2.
Déclaration des treize états d’Amérique réunis en congrès le 4 juillet 1779 à Philadelphie. « (…) Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l’organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. » 

Mieux Aborder L’Avenir (MALA), La lettre du lundi, 1er octobre 2012

 Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819

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