Savigny-sur-Orge. Le projet de Plan local d’urbanisme (PLU) 3e partie

UN DÉCOUPAGE EN « THÉMATIQUES » EST-T-IL PERTINENT ?

Nous poursuivons la lecture du document intitulé « « Savigny-sur-Orge élabore son plan local d’urbanisme » (1).

LES CINQ « THÉMATIQUES »
PROPOSÉES PAR LA MUNICIPALITÉ

  • 1. Structure du territoire
  • 2. État initial de l’environnement
  • 3. Équilibres sociaux et démographiques
  • 4. Mobilités et déplacements
  • 5. Activités économiques et emploi

Chaque « thématique » comprend deux parties :

  • « les éléments à retenir »
  • « les contraintes à prendre en compte »

Arrêtons-nous sur quelques-uns de ces éléments et de ces contraintes. La municipalité demande aux citoyens :

  • si les éléments qu’elle propose doivent être retenus,
  • si les contraintes qu’elle a identifiées doivent être prises en compte.

Il convient d’examiner (d’évaluer, de peser, de mesurer, d’analyser…) comme dans toute libre délibération :

  • les idées qui sont utiles,
  • les idées qui ne sont pas utiles

pour la réflexion collective des habitants de la ville sur leur ville, des habitants d’un territoire communautaire sur leur communauté.

I. STRUCTURE DU TERRITOIRE

1. Élément à retenir : « Des formes urbaines différentes offrant une diversité de quartier » (p. 2).

Il s’agit d’une lapalissade : si « les formes urbaines » sont différentes, « les quartiers » présentent une diversité. Un tel énoncé est irréfutable ! Et retournable : ce qui n’est pas pareil est différent, et ce qui est différent n’est pas pareil. Un quartier d’immeubles est différent d’un quartier de maisons individuelles, et vice versa. Si le but du jeu est d’aligner les évidences, on peut ouvrir un concours.

   On attend des éclaircissements avant de retenir.

2. Contraintes à prendre en compte : « Une ville entièrement urbanisée mais peu densifiée à dominante pavillonnaire, traduisant de la présence forte des espaces libres (espaces verts, jardins, équipements…) (p. 2).

« La ville entièrement urbanisée » : si c’est la cas, à quoi bon faire un PLU, pour construire encore ? Ce n’est pas la peine : tout est urbanisé. Le diagnostic du PLU serait ainsi paradoxalement porteur de sa propre négation. On fera un PLU, mais cela ne servira à rien puisque tout est urbanisé. A moins que… « peu densifié », « présence forte d’espaces libres »… Serait-ce là que résiderait la solution pour densifier encore une ville entièrement urbanisée ? On se doit de poser la question.

Cela n’empêche pas de s’interroger sur le sens de la formule mystérieuse « traduisant de ». Reprenons la phrase : « Une ville entièrement urbanisée mais peu densifiée à dominante pavillonnaire, traduisant de la présence forte des espaces libres (espaces verts, jardins, équipements… ». Qu’est-ce qui traduit quoi ? Où bien,  qu’est-ce qui traduit de quoi ? On ne comprend pas. La phrase ne veut rien dire. A moins que la lingua urbanistica  (langue urbanistique) soit une langue différente de la langue française et qu’elle nécessite d’être traduite de …
Pour revenir aux choses sérieuses, il est proprement scandaleux de penser et d’écrire que des espaces verts, des jardins et des équipements… sont des espaces libres. Des espaces libres de susciter les désirs malsains de la promotion immobilière. Ces espaces sont occupés. Qu’on se le dise … a moins que l’on considère que l’on peut les exproprier, les démolir pour construire des immeubles à leur place ?

  
On attend des éclaircissements avant de prendre en compte.

II. ÉTAT INITIAL DE L’ENVIRONNEMENT

Élément à retenir. « Des espaces verts de qualité et une trame de rivière riche de biodiversité ». Intéressant. Encore faudrait-il donner les critères qui permettent de mesurer la qualité des espaces verts, son évolution dans le temps, définir ce qu’est une « trame de rivière », mesurer la biodiversité et son évolution dans le temps ?

Tout cela relève du mode déclaratif : les choses sont ce que l’on dit qu’elles sont. Point d’explication, de justification, de preuve. Les espaces verts sont « de qualité » parce que cela relève de leur nature. Une rivière est, par nature, « riche de biodiversité ». L’existence – et le devenir – des espaces naturels en milieu urbanisé  ne constituent pas des évidences. De multiples menaces pèsent sur eux. On attend du diagnostic des données scientifiques sur la durabilité des écosystèmes en milieu urbain.

  
On attend des éclaircissements avant de retenir.

III. ÉQUILIBRES SOCIAUX ET DÉMOGRAPHIQUES

1. Élément à retenir. « Des équipements sportifs de qualité » (p. 3). Les équipements sportifs répondent à des normes de sécurité, à des cahiers des charges définies par les fédérations sportives. D’autre part, sont-ils suffisants en nombre (ratio par habitant, fréquentation, nombre de licenciés…) ? Il serait utile de disposer d’éléments comparatifs. La qualité s’apprécie, se mesure. Quelle est la situation de la commune en comparaison des villes voisines. Faut-il retenir ?

   On attend des éclaircissements avant de retenir.

2. Élément à retenir. « Des équipements scolaires nombreux, accueillant toutes les classes d’âge » (p. 3). Une telle phrase est si générale, qu’elle peut s’appliquer à presque toutes les communes.

  
On attend des éclaircissements avant de retenir.

3. Contrainte à prendre en compte. « Une croissance démographique qui appelle toujours plus de besoin » (p. 3). Qu’est-ce que cela veut dire ? De quelle croissance démographique parlons-nous ? Aucun chiffre. De quelles tranche de population parlons-nous. Aucun chiffre. De quels besoins parlons-nous ? Aucune précision. Quel est le rapport entre le PLU et la croissance démographique ? Le document ne le dit pas.

« la croissance démographique appelle ». Le soir au fond des bois ? Non, elle appelle « toujours plus ». Toujours plus de quoi ? « de besoin ». On remarque que « besoin » est au singulier. Il ne s’agit pas de besoins, au pluriel. Alors de quoi s’agit-il ? D’une phrase toute faite, mal faite, qui ne veut rien dire.

→  On attend des éclaircissements avant de prendre en compte.

4. Contrainte à prendre en compte. « Un vieillissement de la population qui suit la tendance » (p. 3). De quelle tendance s’agit-il ? Mystère… C’est vraiment une phrase qui n’a aucun sens.

   On attend des éclaircissements avant de prendre en compte.

IV. MOBILITÉ ET DÉPLACEMENTS

1. Contrainte à prendre en compte. « Les berges de l’Orge, de l’Yvette et de l’Aqueduc de la Vanne : des atouts paysagers pour les déplacements à pied ou à vélo » (p. 3). Quelle est la nature de ces « atouts paysagers » ?

   On attend des éclaircissements avant de prendre en compte.

2. Contrainte à prendre en compte. « Un territoire divisé par les infrastructures routières et ferroviaires et un relief qui peut freiner les déplacements à pied ou à vélo » (p. 3). S’agit-il d’une blague ? Le relief de la commune est de nature à freiner les déplacements. Visiblement, ce n’est pas le mot qui convient. La réponse est simple : tous les vélos ont tendance à accélérer dans les descentes. Est-ce une phrase bien sérieuse ?

→  On attend des éclaircissements avant de prendre en compte.

3. Contrainte à prendre en compte. « Une utilisation importante de la voiture dans les trajets domicile-travail » (p. 3). Encore une phrase toute faite qui peut s’appliquer à presque toutes les communes.

   On attend des éclaircissements avant de prendre en compte.

V. ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES ET EMPLOI

1. Élément à retenir. « Le nombre d’emplois sur la commune en augmentation (+ 271 entre 1999 et 2008) » (p. 4). D’où sort ce chiffre ? Mystère. De 1999 à 2008, cela fait neuf années. Sortons la calculette. Une augmentation de 271 emplois en neuf ans, cela représente 30 emplois par an. On aimerait savoir dans quels secteurs ont été créés 30 emplois par an en moyenne.

→  On attend des éclaircissements avant de retenir.

2. Élément à retenir. « Des zones d’emplois proches de la commune sont en développement : Orly, Rungis, Évry, Paris » (p. 4). De qui se moque-t-on ? Il est intéressant que ce document apprenne aux Saviniens que Paris développe de nouveaux emplois ! Et comment évoluent les zones d’emploi de la commune et des communes limitrophes. Voilà qui serait intéressant. Et bien, on ne sait pas.

   On attend des éclaircissements avant de retenir.

En résumé, beaucoup de choses sont à éclaircir avant de retenir, ou de prendre en compte. Ces propositions sont présentées de façon hâtive, voire précipitées, une semaine avant le premier tour des élections législatives du 10 juin 2012.

RÉFÉRENCES
1. COMMUNE DE SAVIGNY-SUR-ORGE, « Savigny-sur-Orge élabore son plan local d’urbanisme, juin 2012, 4 pages.

A suivre

This entry was posted in Concertation territoriale, Intelligence territoriale, Participation citoyenne, Savigny-sur-Orge, Urbanisme. Bookmark the permalink.

Comments are closed.