Les huit barreaux de l’échelle de la participation citoyenne (« The Ladder of Citizen Participation », Sherry R. Arnstein)

DE LA MANIPULATION POLITIQUE AU CONTRÔLE CITOYEN

 LA LIBRE PARTICIPATION CITOYENNE
DOIT ÊTRE SYSTÉMATIQUEMENT ÉVALUÉE

Est-ce que tout ce que disent les pouvoirs politiques en place est vrai ? Est-ce que la suprême habilité politique ne consiste pas, pour eux, à faire admettre que toute opinion contraire à celles qu’ils énoncent relève d’un esprit partisan, émanant à l’évidence d’opposants politiques ?

A partir du moment où toute question critique adressée à des pouvoirs en place est systématiquement refusée par eux, au prétexte de leur prétendue illégitimité, une seule opinion demeure : la leur et celle de la majorité qui les soutiennent. Nous nous trouvons dans la situation dénoncée par John Stuart MILL qui écrivait :  « Il existe une limite à l’ingérence légitime de l’opinion collective dans l’indépendance individuelle : trouver cette limite – et la défendre contre tout  empiétement éventuel – est tout aussi indispensable à la bonne marche des affaires humaines que se protéger contre le despotisme politique. » (1)

Le problème de l’exercice de la démocratie est de permettre l’expression d’une pluralité d’opinions citoyennes.

  • Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que ces opinions s’exercent ?
  • Dans quel cadre  une participation citoyenne peut-elle s’exprimer  ?
  • Est-on en présence d’une authentique participation, ou bien s’agit-il d’un simulacre, d’une manipulation ?

C’est la question que s’est posée la consultante américaine Sherry R. ARNSTEIN en 1969 lorsqu’elle a proposé de distinguer huit niveaux de participation des citoyens aux projets qui les concernent (2). Cette « échelle de la participation » est utilisée par des sociologues pour analyser la manière dont les pouvoirs publics informent, et font participer les citoyens aux prises de décision.

  • I. Pouvoir effectif des citoyens (Degrees of Citizen power)
  • II. Coopération symbolique (Degrees of Tokenism)
  • III. Non-participation (Degrees of Non Participation)

L’ÉCHELLE DE PARTICIPATION CITOYENNE
(« The Ladder of Citizen Participation »)

Il faut considérer qu’il s’agit d’une échelle. Le dernier barreau (n°8) est en haut, le premier échelon (n°1) est en bas

I. POUVOIR EFFECTIF DES CITOYENS (Degrees of Citizen power)

  • 8. Contrôle citoyen (Citizen control)
  • 7. Délégation de pouvoir (Delagated power)
  • 6. Partenariat (Partnership)

II. COOPÉRATION SYMBOLIQUE (Degrees of Tokenism)

  • 5. Conciliation (Placation)
  • 4. Consultation (Consultation)
  • 3. Information (Informing)

II. NON PARTICIPATION (Degrees of Non Participation)

  • 2. Thérapie (Therapy)
  • 1. Manipulation (Manipulation)

DESCRIPTION DES 8 ÉCHELONS
de l’échelon 1 (Manipulation) à l’échelon 8 (Contrôle citoyen)

  •  1. Manipulation : information biaisée utilisée pour « éduquer » les citoyens en leur donnant l’illusion qu’ils sont impliqués dans un processus qu’ils ne maîtrisent en aucune façon.
  • 2. Thérapie : « traitement » annexe des problèmes rencontrés par les habitants, sans aborder les vrais enjeux.
  • 3. Information : les citoyens reçoivent une vraie information sur les projets en cours, mais ne peuvent pas donner leur avis.
  • 4. Consultation : des enquêtes ou des réunions publiques permettent aux habitants d’exprimer leur opinion sur les changements prévus. On ne tient aucun compte de leur avis.
  • 5. Conciliation : quelques habitants sont admis dans les organes de décision et peuvent avoir une influence sur la réalisation des projets.
  • 6. Partenariat : la prise de décision se fait au travers d’une négociation entre les pouvoirs publics et les citoyens
  • 7. Délégation de pouvoir : le pouvoir central délègue à la communauté locale le pouvoir de décider un programme et de le réaliser.
  • 8. Contrôle citoyen : une communauté locale gère de manière autonome un équipement ou un quartier.
  • 1. et 2. Manipulation and Therapy. Both are non participative. The aim is to cure or educate the participants. The proposed plan is best and the job of participation is to achieve public support by public relations.
  • 3. Informing. A most important first step to legitimate participation. But too frequently the emphasis is on a one way flow of information. No channel for feedback.
  • 4. Consultation. Again a legitimate step attitude surveys, neighbourhood meetings and public enquiries. But Arnstein still feels this is just a window dressing ritual.
  • 5. Placation. For example, co-option of hand-picked ‘worthies’ onto committees. It allows citizens to advise or plan ad infinitum but retains for power holders the right to judge the legitimacy or feasibility of the advice.
  • 6. Partnership. Power is in fact redistributed through negotiation between citizens and power holders. Planning and decision-making responsibilities are shared e.g. through joint committees.
  • 7. Delegated power. Citizens holding a clear majority of seats on committees with delegated powers to make decisions. Public now has the power to assure accountability of the programme to them.
  • 8. Citizen Control. Have-nots handle the entire job of planning, policy making and managing a programme e.g. neighbourhood corporation with no intermediaries between it and the source of funds.

RÉFÉRENCES
1. MILL John Stuart
, « De la Liberté » (On Liberty), 1859.
2. ARNSTEIN Sherry R.
, « A Ladder of Citizen Participation », Journal of the  American Planning Association, Vol. 35, No. 4, July 1969, pp. 216-224.

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