ARGUMENTER OU NÉGOCIER ?
Jon ELSTER remarque que lorsque des individus tentent de parvenir à un accord, deux grandes voies s’ouvrent à eux :
- 1. soit ils essaient de se persuader l’un l’autre à l’aide d’arguments rationnels : on dit alors qu’ils argumentent,
- 2. soit ils procèdent par un échange de menaces et de promesses : on dit alors qu’ils négocient.
Cela suppose que les acteurs intéressés :
- 1. tiennent des positions publiques impartiales,
- 2. interagissent avec d’autres personnes réellement soucieuses du respect des idéaux d’impartialité et de vérité.
L’EFFET MULTIPLICATEUR DE L’IMPARTIALITÉ
Il existe pour Jon ELSTER un « effet multiplicateur de l’impartialité », qui fait que « la présence de quelques acteurs authentiquement impartiaux peut forcer ou inciter des acteurs intéressés à se comporter comme s’ils étaient, eux aussi, guidés par des motivations identiques. »
LA FORCE CIVILISATRICE DE L’HYPOCRISIE
Le fait de remplacer des arguments intéressés par des arguments impartiaux a un effet généralement bénéfique. « La force civilisatrice de l’hypocrisie » permet de résoudre les conflits de manière plus équitable.
MENACES OU AVERTISSEMENTS ?
Toutefois, on ne peut pas émettre la même hypothèse à propos des conséquences du remplacement de menaces par des avertissements. A la limite, on peut s’attendre à ce que les effets globaux soient désavantageux. Il n’y a aucune raison de penser que la modification des rapports de force, due à la l’inégale répartition des avertissements, produise des décisions plus équitables. Et lorsque les deux parties peuvent miser sur la véracité de leurs avertissements, et le font, c’est leur efficacité qui en fais les frais.
LES RISQUES DE DÉRAPAGES
D’UN DÉBORDEMENT POPULAIRE
En outre, les risques de dérapage d’une argumentation partiales par un débordement populaire peuvent produire des effets inattendus ou indésirables.
RÉFÉRENCES
ELSTER Jon, « L’usage stratégique de l’argumentation », Négociations, 2005/2, n° 4, p. 59-82.