Laurence Spicher-Bernier accuse Éric Mehlhorn sur le site de la mairie

CHRONIQUE SUR UNE AUTRE FAÇON DE CONCEVOIR LA POLITIQUE LOCALE

DÉCODAGE

CONTEXTE. Le site internet d’une mairie est un site à la disposition de tous les habitants. Il n’est pas acceptable que le maire s’en serve pour faire de la politique partisane, pour attaquer des membres du conseil municipal, pour lancer des accusations…
ENJEUX. Laurence SPICHER-BERNIER, maire (UMP) de Savigny-sur-Orge, se sert du site officiel de la mairie « www.savigny.org » pour accuser des membres du conseil municipal. Que faut-il en penser ?

LAURENCE SPICHER-BERNIER ACCUSE ÉRIC MEHLHORN

Que peut-on lire sur le site officiel de la mairie ? Au lendemain de la réunion du conseil municipal du 19 avril 2011, des choses étonnantes ont été mises en ligne dans la rubrique « Conseil municipal », sous-rubrique « Conseils municipaux 2011 ». Selon le plan du site, il s’agit d’un espace réservé non pas à l’ « Expression des groupes politiques » – ayant une sous-rubrique propre – mais aux résumés des décisions adoptées par le conseil. Pourtant, ce ne sont pas des résumés que l’internaute découvre pour la séance du 19 avril 2011. Bien cachée en fin de paragraphe, donc non visible sur la partie figurant en page d’accès à la sous-rubrique, le lecteur peut lire une mise en accusation en règle :

« Conseil municipal du 19 Avril 2011
LES IMPOTS A SAVIGNY N’AUGMENTENT PAS
L’engagement pris de ne pas réévaluer les taux a été respecté lors du dernier Conseil municipal, le 19 avril. Les taux des taxes concernant la contribution foncière des entreprises, qui s’est substituée à la taxe professionnelle l’an dernier, l’enlèvement des ordures ménagères et le produit fiscalisé des cotisations du syndicat de l’Orge et du syndicat d’aménagement de la vallée de l’Yvette, ont été maintenus en l’état. Les impôts locaux n’augmenteront pas cette année. N’en déplaise à nos opposants, les amis du Conseiller général UMP, Eric Mehlhorn, désormais alliés à l’opposition structurée autour du Parti socialiste qui ont déserté la délibération lors du Conseil. Ce que le Maire n’a pas jugé républicain car contraire à l’esprit d’engagement du mandat qui leur a été confié par les électeurs. Le débat politique exige des bretteurs non des déserteurs. » (1)

EXPLICATION DU TEXTE DE LAURENCE SPICHER

  • « Nos opposants ». Laurence SPICHER-BERNIER reconnaît qu’il existe une opposition au sein du conseil municipal. Elle omet d’indiquer que, lors de la séance du conseil municipal du 19 avril 2011, seulement 20 membres ont accepté de siéger sur un total de 39 membres composant le conseil (dont 2 Savigny-Égalité et 1 Europe Écologie Les Verts) ! C’est-à-dire, une petite majorité : 20/39 représente une majorité physique de 51,2 %. Ce qui veut dire que l’opposition représente 48,8 %.
  • Éric MEHLHORN et ses amis sont alliés au Parti socialiste . Lors du conseil municipal du 28 mars 2011, Laurence SPICHER-BERNIER (UMP) a accusé Éric MEHLHORN (UMP) d’avoir été membre du Centre National des Indépendants (CNI) fondé par Antoine PINAY qui, selon elle, « était un parti d’extrême droite ». Lors du conseil municipal du 19 avril 2011, elle l’a accusé d’être un allié du Parti socialiste. Éric MEHLHORN est-il de droite ou de gauche ? Faudrait savoir ? De quoi Laurence SPICHER-BERNIER l’accusera-t-elle demain ? D’être du centre ? D’être communiste ? D’être écologiste ?
  • L’opposition est « structurée autour du Parti socialiste ». Elle reconnaît que son action depuis 2008 a eu un effet : celui de « structurer » ceux qui ne sont pas d’accord avec elle. C’est bien qu’elle le reconnaisse. Maintenant, que Laurence SPICHER-BERNIER se rassure, les oppositions n’ont pas besoin de se structurer « autour ». Ni de se rassembler « contre ». L’opposition d’aujourd’hui est un rassemblement UMP, Debout la République, Parti radical, Non inscrits, Parti socialiste, MODEM…
    C’est un rassemblement « pour » : pour un respect de tous, pour une autre gouvernance, pour une autre politique municipale, pour un autre budget de dépenses, pour des séances de conseil municipal calmes, pour que la parole soit accordée à ceux qui la demandent, pour que le maire ne les interrompe pas constamment, pour qu’elle ne censure pas les comptes rendus des débats, pour qu’elle ne menace pas de faire exclure par la force tel ou tel opposant… Oui, une opposition « pour » bien des choses, en somme !
  • Ils ont «déserté la délibération lors du Conseil ». Le terme de « déserter » est insultant (2). Des élus qui refusent de siéger en quittant en début de séance le conseil municipal du 19 avril 2011 ne « désertent » pas. Ils expriment leur désaccord avec la gouvernance exercée par le maire. C’est leur liberté. Elle est inaliénable. Personne n’est en droit de leur adresser le moindre reproche à ce sujet.
  • « Ce que le Maire n’a pas jugé républicain ». A bon ! Parce qu’un maire possèderait un sixième sens pour déceler ce qui est républicain et ce qui n’est pas républicain ? Mais la république appartient à tous les citoyens, dans le respect des lois. En quoi, exprimer un désaccord – de la façon la plus démocratique qui soit  –  serait-il anti-républicain ?
  • « Contraire à l’esprit d’engagement de mandat qui leur a été confié par les électeurs ». En ce qui me concerne, voir sur ce site l’article « Le programme 2008 de Bernard Mérigot », dans l’article « Actualité politique de la confiance », 22 octobre 2009.
  • « Des bretteurs et non des déserteurs » (3). Bretteur : celui qui aime se battre à l’épée. Mais la politique locale n’est pas la guerre ! Madame le maire, vous prétendez juger ce qui est républicain et ce qui n’est pas républicain, ceux qui sont dignes de la république et ceux qui en sont indignes. Mais  dans « une libre république » – celle à laquelle tous les penseurs des Lumières ont aspiré au XVIIIe siècle – il n’y a pas de place pour un combat guerrier entre ceux qui expriment des idées, des opinions et des propositions. Vous voudriez qu’ils se battent avec des armes ? Tout au contraire, il y existe « un libre débat » respectueux des points de vue de chacun, recherchant en commun un consensus dans l’intérêt de tous. Il est à l’opposé de la conception guerrière que vous pronez. La politique n’est pas l’agression permanente. La démocratie n’est pas la guerre. Non aux « bretteurs ». Oui au dialogue!

CE N’EST PAS L’ENDROIT POUR FAIRE ÇA !

On en a apporté la preuve, par l’esprit de polémique et de division qu’ils contiennent, que les propos de Laurence SPICHER-BERNIER n’ont pas à figurer sur le site internet officiel de la mairie, dans une rubrique consacrée au compte rendu des séances du conseil municipal. Il y a d’autres endroits pour ce type d’expression politique. Rappelons que madame le maire a son site personnel via celui de son association « Les amis de Laurence » et surtout que le site officiel de la mairie est payé par le budget de la commune et donc par les impôts de tous les habitants.

CETTE CONFUSION DES GENRES PORTE ATTEINTE À LA DÉMOCRATIE

Laurence SPICHER-BERNIER détourne les moyens dont elle dispose en tant que maire. La fonction de maire doit être exercée au service de tous et non pas pour faire de la politique partisane personnelle.

RÉFÉRENCES
1.
« Conseil municipal du 19 avril 2011 » (Rubriques : Votre Mairie, Conseil municipal, Conseils municipaux 2011), « www.savigny.org ». En ligne à la date du 24 avril 2011.
2. Déserteur : Soldat qui passe à l’ennemi. Celui qui abandonne une foi, une cause. Apostat. Renégat.
3. Bretteur : Personne qui aime se battre à l’épée. Ferrailleur.

 

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