Voeux 2011 : « En finir avec l’exploitation des peurs et des humiliations »

CONTRE LE DÉPASSEMENT, LE DÉLAISSEMENT ET L’ABANDON

« De plus en plus de citoyens se sentent dépassés, délaissés, mal défendus par l’État », telle est l’alerte que Jean-Paul DELEVOYE (1) a lancée en 2010. Observant la montée des violences, il constatait l’existence à la fois « d’une droite de plus en plus enfermée dans un discours sécuritaire de la peur de l’autre et d’une gauche de plus en plus enfermée dans un discours d’empathie conduisant à l’assistanat généralisé. »

Je retiens cette idée du sentiment généralisé de dépassement, de délaissement, d’abandon ressentis par un nombre croissant de citoyens français à l’égard de l’État, mais aussi des administrations, des services publics, des partis politiques, des élus (qu’ils soient nationaux, régionaux ou communaux) …

SORTIR DE DEUX IMPASSES

Pour Jean-Paul DELEVOYE, les deux grands courants politiques français sont chacun enfermés. Ils sont l’un et l’autre dans une impasse. « Il faut que la société civique s’approprie les questionnements permettant à la politique de répondre aux mots de la société, aux évolutions du monde ». Oui, s’approprier, c’est-à-dire, faire sien. Encore faut-il être attentif et réceptif aux questions, à tout ce qui vient déranger nos certitudes établies, être ouvert sans cesse à cette interrogation fondamentale : « Et si celui, celle, ou ceux qui ne pensent pas comme moi ne détenaient pas une part de vérité ? » Répondre, c’est-à-dire, réfléchir, chercher, formuler, dialoguer. Ne nous moquons pas des mots que des actualités et des modes changeantes, comme le ressac de la mer, nous amène chaque jour pour les retirer aussitôt… N’oublions pas que les mots qui passent sont les marqueurs de nos identités.
A quand une bourse des mots et des idées ? Non pas une bourse pour spéculer, mais une bourse de nécessaire échange, une bourse de juste partage.

CHANGER LES GOUVERNANCES

« Non à l’exploitation des peurs et des humiliations » concluait Jean-Paul DELEVOYE. Il n’est pas hors de propos d’inscrire ce slogan à l’occasion de voeux pour l’année 2011. L’an passé, à l’occasion des voeux pour 2010, je proposais, cette légende d’une gravure sur bois d’un almanach du mois de janvier représentant « un personnage à deux visages (…) car il regarde l’année passée aussi bien que celle à venir » (2). Chaque année, nous faisons un bilan de l’année passée et formulons, pour ceux qui nous son chers, des voeux. Retenons que nous devons agir pour changer aussi bien nos gouvernances individuelles (la façon dont nous nous gouvernons nous-mêmes) que les gouvernances collectives (la façon dont nous sommes acteurs des gouvernances citoyennes). Aussi bien la façon dont nous exerçons tous un pouvoir, que la façon dont nous acceptons qu’il soit exercé.

Que l’année 2011 soit propice à ces changements ! Qu’elle voit les efforts du bien l’emporter sur les manoeuvres du mal. Que tous trouvent – ou retrouvent – un juste usage de la santé, du travail, du bonheur.

Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES
1. DELEVOYE Jean-Paul, « Ne pas opposer des catégories », La Revue civique, automne-hiver 2010, p. 5-11.
Maire de Bapaume. Ancien sénateur du Pas-de-Calais (1992-2002), président de l’association des maires de France (1992-2002), Médiateur de la République (2004-2010), il est élu en 2010 président du Conseil économique et social et environnemental (CESE).
 2. MÉRIGOT Bernard, La Lettre de Bernard Mérigot, 4 janvier 2010. La devise est extraite du livre Propriétaire des choses, XVe siècle, Bibliothèque nationale, Res. R.218. Gravure et texte ont été reproduits dans la revue Folklore paysan, 1938.

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