Patrimoine et recherche en histoire locale

MÉMOIRE DU LIEU

La mémoire du lieu – qu’elle soit individuelle, collective ou savante – évoque, pour toute société locale, une généalogie d’émotions organisées autour de l’histoire des hommes, des femmes et des enfants de l’endroit. C’est elle, au fil des âges, qui a bâti « le pays d’ici », en inscrivant au travers de façons de faire et de façons de dire, des oeuvres, des chroniques, des témoignages pour composer l’atlas mystérieux des chemins du monde. D’une génération à l’autre, c’est cette mémoire qui porte l’héritage et qui fortifie chez chacun le « dur désir de durer ».

MÉMOIRE DU LIEN

La mémoire réveille cette sagesse millénaire qui tient en ces mots : « Si tu veux savoir où tu vas, garde-toi d’oublier d’où tu viens. » Aucune cité future ne peut s’édifier sans emprunter à la ville mémoire : elle lui emprunte obligatoirement un fonds d’identité, une assise de développement, un corps homogène de valeurs et de références. La mémoire de ce lien est déterminante pour l’avenir de ce lieu.

LA VILLE QUI CHANGE

George MOORE (1) écrivait « La vie n’est qu’un changement : la mort et la vie se chevauchent, s’entremêlent inextricablement, rien n’a de sens, rien n’existe qu’un flot changeant à la surface duquel les choses arrivent ». Oui, la ville où nous habitons change chaque jour : des immeubles sont rénovés ou modifiés, des maisons disparaissent pour faire place à des constructions nouvelles. Des aménagements sont réalisés, les rues se transforment.

LA VILLE QUI DEMEURE

Mais possédons-nous la disponibilité et l’attention qui permet de voir ces changements alors qu’ils sont en train de se réaliser ? Car tout changement est en lutte avec ce qui résiste. À l’idée première de la ville qui change doit-être associée celle de la ville qui demeure. Les lieux sont à la fois changeants et persistants, éphémères et durables.

RENOUER LES FILS DU TEMPS

La vie est ainsi : un mélange de nouveauté et d’intangibilité. D’innovations et de continuités. Il importe de renouer les fils du temps qui relient les hommes dans leurs préoccupations communes. Par-delà la vie quotidienne, les passions humaines s’obstinent. Chaque lieu réalise une accumulation prodigieuse du temps au travers de trois dimensions

  • celle du territoire géographique,
  • celle du temps,
  • celle de la relation avec le passé.

La dimension de l’espace géographique, c’est celle de l’espace qui ne change pas. La dimension de l’espace temporel, c’est celle qui voit les changements apportés par les occupations successives du territoire : site préhistorique, villa gallo-romaine, village du Moyen-Age, logis du XVIIIe siècle, pavillon de 1930, immeuble de 2000… La dimension de la relation que les habitants entretiennent aujourd’hui avec ceux qui les ont précédé construisant la banale et extraordinaire chronique des temps.

POUR UNE RECHERCHE ACTIVE SUR NOTRE PATRIMOINE

Chaque fois que nous progressons dans le savoir, nous prenons la mesure des limites de nos connaissances. D’où la nécessité d’engager enquêtes et recherches, individuelles et collectives, sur l’histoire locale. Ce qui vient du passé n’est jamais un acquit, il est un devenir.

Un patrimoine commun est un domaine à construire à partir d’objets  matériels et immatériels disséminés, à partir de souvenirs qu’il faut rassembler,  d’objets qu’il faut collecter, de mémoires que nous devons confronter, et de vérités que seul un travail critique peut construire.

Bernard MÉRIGOT
20 novembre 2007

RÉFÉRENCES
1. George Augustus Moore
(1852-1933) est un romancier, poète, auteur dramatique et critique d’art irlandais. Né dans une famille catholique, et désirant très jeune devenir un artiste, il étudie l’art à Paris durant (1870) et se lie avec d’autres artistes français comme Manet. Il fréquente le salon littéraire de Geneviève Halévy et rencontre Rejane, Lucien Guitry, Paul Bourget, Edgar Degas.


This entry was posted in Histoire communale, Histoire locale, Patrimoine culturel de Savigny-sur-Orge, Savigny-sur-Orge. Bookmark the permalink.

Comments are closed.