Savigny-sur-Orge. Graffiti et peinture murale. « Comme une bombe de peinture entre vos mains » (Norman Mailer)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°109, lundi 15 septembre 2014

« Est-ce le retour de l’homme des cavernes et des dessins rupestres ? » s’interrogeait en 1974 Norman MAILER (1) à propos des graffiti, ces inscriptions à la peinture réalisées sur un mur, sur un monument ou sur un objet situé dans l’espace public. Le phénomène est ancien. L’invention des marqueurs et des bombes de peinture à la fin des années 1960, lui ont donné les moyens de se développer. Dans la plupart des pays, écrire, dessiner ou peindre sur des supports sans le consentement de leurs propriétaires est considéré comme un acte de vandalisme punissable par la loi.

 Graffiti mural, 17 août 2014
Passage du Mail, Savigny-sur-Orge (Essonne)
©   Photo Mieux Aborder L’Avenir / CAD / BM 2014

Toutes ces pratiques de peintures murales ont en commun, pour ceux qui s’y adonnent, de comporter la peur d’être pris. Chaque « performance » écrit un nouveau chapitre d’un livre, à jamais inachevé, sur l’Art et la délinquance. Pour ses auteurs, la création artistique vient au terme d’une exhibition de parade conçue comme une transgression.

Que doit-on faire ? Constater, interdire, condamner, réprimer ? Ou comprendre, réglementer, voire, à l’extrême, comme cela a été parfois le cas, encourager ? « L’art est peut-être comme une petite balle qui roule sur la table et qui finit par tomber. Cela a peut-être un sens, comme le graphique tracé sur le papier par un instrument mobile, écho inaudible de cette obsession souterraine qui nous habite tous : la civilisation touche-t-elle à sa fin ? » écrivait Norman MAILER, parcourant les rues et les rames de métro de New York en 1974. C’était il y a quarante ans avant cette nuit du mois d’août 2014, à Savigny-sur-Orge, dans la banlieue parisienne, où les mêmes gestes ont été refaits par des individus inconnus.

Quelle est la place de l’expression artistique qui est laissée dans nos villes ? Quels sont les modes d’appropriation des territoires ? Quelles inscriptions les habitants et les passants peuvent-ils laisser ? L’écho silencieux des graffitis est peut-être cela : la vibration d’un malaise profond, inaudible musique de ce qu’ils proclament, désordre qu’ils suggèrent, foisonnement intense de signes avant-coureurs d’un futur incertain.

Graffiti mural, 17 août 2014
Passage du Mail, Savigny-sur-Orge (Essonne)
©   Photo Mieux Aborder L’Avenir / CAD / BM 2014

Peinture, tu es peinture. Graffiti, ton destin est d’être recouvert par la peinture. C’est ce qui est advenu dans le cas présent. La seule trace demeurera la photographie.

Le même mur, repeint, 14 septembre 2014
Passage du Mail, Savigny-sur-Orge (Essonne)
©   Photo Mieux Aborder L’Avenir / CAD / BM 2014

Le Street Art (Art urbain) est un mouvement artistique apparu dans le courant des années 1960. Il regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans des lieux publics, et englobe diverses techniques dont celle de l’utilisation de bombes de peinture. C’est un art éphémère, vu par un large public.

RÉFÉRENCES
1. MAILER Norman,
« La Religion des graffiti », in KURLANSKY Mervyn et NAAR Jon, Graffiti de New-York, éditions du Chêne, Paris, 1974. Traduction du texte de Norman MAILER de Nicole Tisserand. ISBN 2 85 108 007 5

NB. De l’italien graffiti, pluriel de graffito (du latin, graphium, éraflure). Cela n’empêche pas de trouver l’écriture «graffitis». On emploie aussi les termes de tag et de graff.

http://www.savigny-avenir.fr/programme/

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°109, lundi 15 septembre 2014

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
Dépôt légal du numérique, BNF 2014

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