Le contre-pouvoir est au fondement de la « democratia localis » (John Holloway)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°76, lundi  27 janvier 2014

La définition du contre-pouvoir a été formulée très clairement par John HOLLOWAY en 2002 : le contre-pouvoir est un pouvoir véritable qui s’organise face à une autorité établie (politique, économique, sociale…). Son rôle est de restreindre l’exercice du pouvoir en place et de proposer une alternative aux décisions de cette autorité. (1)

« QUESTIONNER EN MARCHANT »

Ceux qui s’emparent d’un pouvoir institutionnel, sont toujours conduits à une impasse, le pouvoir nouveau substituant un pouvoir-domination à un autre. Alors que chacun peut changer le monde par le pouvoir-action, fondé sur des actes de résistance ancrés dans le quotidien. On peut ici reprendre le slogan des révolutionnaires zapatistes « Questionner en marchant ». Le changement (la révolution, en l’occurrence) doit être d’abord pensé comme un questionnement avant de l’être comme une réponse. John HOLLOWAY écrit « Nous nous posons des questions, non pas seulement parce que nous ne connaissons pas le chemin, mais parce que nous mettons en question le chemin. »

IMAGINER LE MONDE DE DEMAIN

Cette réflexion est poursuivie par Miguel BENASAYAG et Diego SZTULWARK. Dans leur ouvrage « Du contre-pouvoir », ils considèrent que « le politique » consiste en une capacité à imaginer le monde de demain. Il est toujours tenu par les contre-pouvoirs qui, par le biais d’actions militantes (« le militantisme situationnel »), jouent un rôle dans l’évolution des aspirations de la société. (2)

LES CONTRE-POUVOIRS SONT LE POUVOIR…

C’est encore, comme le relève François-Bernard HUYGHE, un véritable retournement qui se produit : les contre-pouvoirs sont le pouvoir car les organisations de la société civile agissent sur les esprits et les représentations du monde en faisant évoluer la société dans le sens qu’elle désigne elle-même. Nous sommes passés d’ une « société d’autorité », dominée par la notion de chef, à une « démocratie d’influence », dans laquelle la puissance est désormais fondée sur une capacité d’adhésion et de diffusion. (3)

LA « DEMOCRATIA LOCALIS »
EST UN ÉQUILIBRE QUI DOIT ÊTRE LISIBLE

Tout cela n’est pas sans cause. Tout cela n’est pas sans effet. Doit-on attendre que les événements adviennent, ou bien doit-on les anticiper ? Les associations locales sont, par essence, des contre-pouvoirs municipaux. Quelle est la juste distance du pouvoir municipal par rapport aux pouvoirs associatifs locaux ? Qui cherche à manipuler qui ? Qui l’emporte ? N’oublions pas que la democratia localis est une résultante, celle d’un équilibre lisible fondé sur le respect de l’intérêt collectif.

C’est pourquoi les pouvoirs en place ont pour tendance naturelle d’attaquer non seulement les contre-pouvoirs, en tant que personnes morales, mais surtout les représentants des contre-pouvoirs à titre personnels.

RÉFÉRENCES
1. HOLLOWAY John,
Change the World Without Takin Power, 2002
2. BENASAYAG Miguel et SZTULWARK,
Dia-ego, Du contre-pouvoir, La Découverte, 2000, ISBN 2-7071-3316-7
3. HUYGHE. François-Bernard,
« Démocratie d’autorité, démocratie d’influence. En quoi consistent les nouveaux pouvoirs », www.huyghe.fr, 12 août 2010.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder l’Avenir
n°76, lundi 27 janvier 2014

Mention du présent article http ://www.savigny-avenir.info
ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2014

This entry was posted in Chose publique (Res publica), Citoyenneté active, Contre-pouvoir, Democratia localis, Démocratie locale. Bookmark the permalink.

Comments are closed.