La coopération décentralisée participe à l’attractivité des territoires

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR, n°48, lundi 15  juillet 2013

L’APPROCHE TERRITORIALE INCLUSIVE

Bernard MÉRIGOT, responsable de la recherche-action « Territoires et démocratie locale », a suivi le Forum de l’action internationale des collectivités organisé par Cités Unies France qui s’est tenu à Paris les 1er et 2 juillet 2013. Il était consacré à l’expertise dans le domaine du développement, à son partage et à sa transmission.


Question. En quoi l’expertise en matière de développement a-t-elle un effet sur l’attirance que suscite un territoire ?
Bernard MÉRIGOT.
L’attractivité peut se définir comme la capacité d’un territoire à attirer des ressources humaines, temporaires ou permanentes (touristes, résidents…), qu’elles soient marchandes ou non-marchandes, se traduisant en terme d’apports (économiques, culturels…). Elle se manifeste par diverses actions : recherche et investissement avec les agences de développement économique et de création d’entreprises, production de grands événements culturels, sportifs, ou professionnels, promotion des entreprises à l’extérieur, économie résidentielle, centres de recherche, université, engagement dans des programmes de coopération décentralisée…

COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE EXTÉRIEURE
ET ÉCONOMIE LOCALE

Question. Il a-t-il un lien entre l’implantation d’activités économiques dans une commune et le fait qu’elle soit engagée dans des programmes de coopération décentralisée ?
Bernard MÉRIGOT.
Un lien existe entre les stratégies d’attractivité mises en place volontairement par les collectivités dans dans le domaine de la coopération décentralisée et le développement local des collectivités qui y participent. Des études ont été conduites pour les années 1980-2010. L’animation d’un territoire et la mobilisation des acteurs privés et associatifs, les échanges universitaires, les contacts institutionnels stables créés par la coopération décentralisée… sont des facteurs qui constituent un cadre déterminant pour la promotion locale.

L’APPROCHE INCLUSIVE

Question. Quelles sont les principales évolutions de la décennie de 2010 ?
Bernard MÉRIGOT.
Incontestablement, le fait que les territoires engagés de façon dynamique ont évolué vers une approche inclusive. La place des entreprises privées dans la gouvernance change. Elles sont devenues motrices et développent des idées innovantes qui poussent à l’internationalisation. Le citoyen se situe désormais au cœur de choix et d’ambitions des collectivités, à la fois comme bénéficiaire et comme acteur. Une nouvelle forme de gouvernance voit le jour.

Question. Qu’est-ce qu’une approche locale inclusive ?
Bernard MÉRIGOT.
Rendre un développement local inclusif a pour finalité de garantir l’égalité des chances pour tous et de mettre en place les conditions d’une pleine participation de tous les acteurs.
Cela amène à apporter des précisions sur trois notions opératoires :
I. la communauté locale,
II. la participation citoyenne,
III. la gouvernance locale.

LA COMMUNAUTÉ LOCALE

I. La communauté locale désigne l’environnement proche d’une personne, d’une population, ou d’un ensemble d’intervenants publics ou privés :
•    qui se trouvent dans une zone géographique ou un territoire délimité,
•    qui sont confrontés aux mêmes contraintes,
•    qui bénéficient (en principe, selon la loi et les textes en vigueur) des mêmes avantages,
•    qui partagent un sentiment d’une appartenance commune.

Quatre critères constituent la communauté locale dans son action quotidienne de « vivre ensemble » :

  • 1. le sentiment d’appartenance,
  • 2. la perception de cohérence et d’unité de la communauté,
  • 3. la capacité d’agir sur le territoire selon des processus de démocratie participative et de gouvernance locale,
  • 4. la conscience d’une cohérence dans les actions.

LA PARTICIPATION CITOYENNE

II. La participation citoyenne est le fondement du développement local. Elle exprime le principe selon lequel les citoyens de la communauté, aussi bien en tant qu’individus, qu’en tant que groupes ou organisations, peuvent participer à la planification, à la mise en oeuvre et à la supervision d’un processus de développement qui garantisse le respect de leurs besoins et de leurs droits.

Il y a quatre niveaux de participation :

  • 1. le partage d’informations. Les citoyens sont informés d’une décision prise par le « gouvernement » local, souvent après-coup.
  • 2. la consultation. Les citoyens sont consultés avant une prise de décision ou la mise en oeuvre d’un programme, mais sans garantie que leur opinion sera prise en compte.
  • 3. la participation. Les citoyens peuvent intervenir sur la stratégie d’un projet, sur son contenu, sur ses modalités de réalisation, sur sa mise en oeuvre.
  • 4. la codécision. Les citoyens sont impliqués dans un partage du pouvoir détenu par le « gouvernement ». C’est la forme la plus aboutie de la participation des citoyens dans une prise de décisions.

LA GOUVERNANCE LOCALE

III. La gouvernance locale. La décentralisation et le développement local incluent les concepts de responsabilité et de démocratie locale. « La gouvernance locale est le fruit d’un ensemble d’institutions, de mécanismes et de processus au travers desquels les citoyens et les groupes peuvent exprimer leurs besoins et manifester leurs intérêts, communiquer leurs différences et exercer leurs droits et remplir leurs obligations au niveau local ».

MALHEUR AUX TERRITOIRES FERMÉS

Question. Quelle est votre conclusion ?
Bernard MÉRIGOT.
La coopération décentralisée rappelle à tous et à toutes que nous avons une responsabilité à l’égard du monde. Il y a des territoires ouverts sur l’extérieur. Et il y a des territoires fermés sur l’extérieur. Les premiers sont appelés à vivre. Les seconds sont appelés à mourir lentement. C’est inéluctable. Malheurs aux territoires fermés sur l’extérieur.

RÉFÉRENCES
1. CITÉS UNIES FRANCE,
« Partager et transmettre l’expertise française du développement local », 4e Forum de l’action internationale des collectivités, Paris, Palais de Congrès, 1er et 2 juillet 2013.
2. PNUD, 2007.

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR,
n°48, lundi 15  juillet 2013

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013

This entry was posted in Approche territoriale inclusive, Attirance territoriale, Coopération décentralisée. Bookmark the permalink.

Comments are closed.