Arrogance, provocation et cynisme en politique (Emmanuel Toniutti)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR

Il existe un « comportement politique extrême » (CPE) des élus politiques. Comment le caractériser ? Emmanuel TONIUTTI, responsable d’International Ethics Consulting Group (IECG) relève trois critères : l’arrogance, la provocation, le cynisme.

1. L’arrogance (du latin arrogans) est « l’orgueil qui se manifeste par des manières hautaines et méprisantes ». Ceux qui ont recours à l’arrogance requièrent une chose auquel il n’ont pas droit.

Du point de vue éthique, l’orgueil est un vice. Il consiste pour un individu, un homme ou une femme, à croire :

  • qu’il a toujours raison contre les autres,
  • qu’il est parfait en toute situation,
  • qu’il sait mieux que les autres ce qui est bon pour eux.

En philosophie, l’orgueil est le chemin qui conduit à la démesure. Il s’agit d’un comportement qui ne prend pas en compte la réalité des choses mais seulement la satisfaction de l’intérêt personnel immédiat. L’arrogant est un glouton qui ne partage pas, et qui se moque du regard que les autres peuvent poser sur lui.

2. La provocation (du latin provocatio), est un défi, « un acte par lequel certains poussent quelqu’un à commettre une action répréhensible » (2). Lorsqu’un individu (le provocateur ou la provocatrice) provoque une autre personne (le provoqué), le premièr amène naturellement le second à avoir une réaction violente. La provocation est un « art de la guerre » : elle vise à ce que l’adversaire (le provoqué) se dévoile. C’est aussi un « art de la communication » : son objectif est d’attirer les regards sur soi. Le provocateur, après avoir commis son acte, s’exclame : « Vous êtes témoin de ce qu’il me répondu ? Vous avez vu ce qu’il a fait… ? ».

3. Le cynisme (du grec kunysmos) est l’attitude qui « pousse à exprimer sans ménagement des principes contraires à la morale » (3). En philosophie, les cyniques (V-IVème siècles avant notre ère) méprisaient les conventions sociales et affichaient leur indépendance d’esprit. Ce sont des excentriques qui aiment la mise en scène. Ils savent pervertir les apparences. Il peuvent ainsi développer un « art du jeu » qui provoque une confusion qui sert leurs intérêts.

Avec Emmanuel TONIUTTI, on peut se poser la question : Peut-on exercer aujourd’hui le pouvoir sans être arrogant, provocateur ou cynique ? Ceux qui exercent le « dur métier du pouvoir » – comme ils disent – ne cessent de se plaindre. Ils exercent « une mission ». Ils se croient tout permis. Ils rendent les autres esclaves de leur propre puissance. Ils ont la prétention de savoir distinguer, en toute circonstance, le bien du mal. Pour un peu, ils feraient le travail de Dieu. A moins qu’ils ne se prennent pour Dieu.

RÉFÉRENCES
TONIUTTI Emmanuel,
« Culture d’entreprise : quelles valeurs promouvoir demain ? », IECG, www.iecgtoniutti.wordpress.com, 8 mars 2013.

La Lettre du lundi de Mieux Aborder L’Avenir, lundi 20 mai 2013

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013

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