L’acte politique est-il rationnel ? (William Shakespeare)

LA LETTRE DU LUNDI DE MIEUX ABORDER L’AVENIR

Qui parle de la volonté de puissance, de l’obsession du pouvoir, de l’amour, du cheminement du désir, de la tromperie, de la jalousie de la peur de la mort, de la fraternité, du courage, du crime, du châtiment, du rêve, de l’histoire ? William SHAKESPEARE, répond Richard MARIENSTRAS, rappelant que dans ses pièces de théâtre, il met en scène des héros placés dans un monde qui se dérobe, où les certitudes du passé sont battues en brèche : ils doivent choisir entre des impératifs contradictoires (1).

DES DÉCISIONS POLITIQUES ÉGALEMENT MAUVAISES

La violence et le désordre politique sont des concepts mêlés. Ceux-ci appartiennent à un univers qui jouxte le grotesque. Si la conception de la politique et de l’exercice de l’autorité par SHAKESPEARE montre que gouverner est difficile, elle démontre que conspirer l’est aussi. Le prince et le conspirateur n’ont pas à choisir entre de bonnes et de mauvaises décisions, mais entre des décisions également mauvaises.

LA FIN DE L’ANGÉLISME POLITIQUE

SHAKESPEARE met en scène la fin de l’angélisme politique : cela signifie que ni la providence, ni les astres, ni la vertu, ni la sagesse, ni la connaissance, ni le cynisme ne conduisent infailliblement l’action vers le succès. Chez SHAKESPEARE, il n’y a aucune rationalité en politique. « L’acte politique est opaque et contradictoire : on ne peut engager une action rationnelle, on ne peut prévoir les conséquences d’une action. Pour agir, il faut d’abord prétendre qu’on le peut. Tout pouvoir est arbitraire parce qu’il est fondé sur la violence ». (2)

COMMENT NE PAS RAMPER ?

Comment, contre la raison du plus fort, trouver les raisons et la force de ne pas se rendre abject, de ne pas ramper, de ne pas céder ? Y a-t-il quelque chose qui permette de ne pas abdiquer les qualités humaines ? N’a-t-on le choix qu’entre céder ou échapper dans la folie ? Comme le relève Christian RUBY : « Le monde des dernières tragédies de Shakespeare est une enceinte close où l’homme est face à lui-même et aux événements, il cherche sa plénitude et il la voit lui échapper au dernier moment, ce qui rend sa chute plus affreuse, et sa mort plus révoltante et plus tragique ».

La Lettre du lundi de Mieux Aborder L’Avenir, 11 mars 2013

RÉFÉRENCES
1. MARIENSTRAS Richard,
Shakespeare et le désordre du monde, Gallimard, 2012, 64 p.
2. RUBY Christian,
“Shakespeare et la souffrance humaine”, www.nonfiction.fr

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ISSN 2261-1819
BNF. Dépôt légal du numérique, 2013

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