Savigny-sur-Orge. Il est urgent de changer de « registre de pensée » sur l’intercommunalité

REFUSER L’INTERCOMMUNALITÉ AUJOURD’HUI, C’EST DISPARAÎTRE DEMAIN

DÉCODAGE

CONTEXTE. Comment se fait-il que les mots et les concepts utilisés par les communes qui ne sont pas en intercommunalité sont en total décalage par rapport à ceux qui sont utilisés pour celles qui sont en intercommunalité ? Depuis 2001 pour certaines, c’est-à-dire que, depuis maintenant douze années, des élus et des fonctionnaires territoriaux, des associations, des acteurs économiques… pensent et pratiquent l’intercommunalité, pendant que d’autres persévèrent à la dénoncer : elles persistent dans un isolement psychologique territorial.
Ce n’est pas la presse qui en est responsable, car elle se fait l’écho de ce que lui disent les élus. Or tout le monde sait qu’une commune qui refuse aujourd’hui l’intercommunalité est demain vouée à stagner, à régresser et, à terme, de disparaître.
Alors pourquoi ne pas parler de territoires partagés ? De solidarités ? De projets communs ? De développement économique ? D’implantation d’entreprises ? De créations d’emploi ? De rénovation urbaine ? De services nouveaux aux habitants ? Autant de questions qui sont à examiner en rapport avec les ressources du territoire considéré et avec le niveau d’imposition demandé à ses habitants.

ENJEUX
. Aujourd’hui, ce sont les territoires qui sont porteurs de valeurs et de pratiques d’ouverture, de dialogue, de concertation, de recherche de consensus, de participation… qui sont les mieux placés dans la compétition de demain.

C’est dire combien il est étonnant de lire le compte-rendu des arguments employés par Laurence SPICHER-BERNIER, maire de Savigny-sur-Orge.

DOCUMENT

« INTERCOMMUNALITÉ.
Vers un mariage forcé pour Savigny-sur-Orge.

La maire de Savigny-sur-Orge, Laurence Spicher-Bernier (DVD), refuse qu’on lui passe la bague au doigt. Vendredi 7 septembre 2012, l’élue est intervenue en Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) pour réaffirmer son refus d’intégrer la communauté d’agglomérations des Portes de l’Essonne. Le mariage semblait pourtant prometteur.

En juillet 2011, Savigny, quatrième ville du département, avait accepté cette proposition de la CDCI de rejoindre Juvisy-sur-Orge, Athis-Mons et Paray-Vieille-Poste. Cependant, deux mois plus tard, prétextant le rajout entre-temps des communes de Morangis et de Wissous (qui a finalement décidé de rester au sein de la communauté de communes des Hauts de Bièvres), le conseil municipal de Savigny-sur-Orge rétro-pédalait et disait «niet» à ce rapprochement.

Pas de délai supplémentaire de réflexion. « Nous voulons une intercommunalité à taille humaine », a prétexté hier Laurence Spicher-Bernier, demandant un délai supplémentaire pour examiner d’autres options.

Mais pour aller où, puisque la loi impose que plus aucune commune ne reste isolée?

Vers la communauté d’agglomération du Val d’Orge, qui aurait, selon Laurent Béteille, président de l’Union des maires de l’Essonne, reçu un appel du pied de Savigny-sur-Orge? Ce que n’a pas confirmé hier Laurence Spicher-Bernier.

Ou vers Europ’Essonne? Deux communautés d’agglomération qui pèsent chacune dans les 130 000 habitants contre 102 000 actuellement pour les Portes de l’Essonne, Savigny-sur-Orge et Morangis compris?

UNE AFFAIRE TRIVIALE

Le fond de l’affaire est bien plus trivial. L’arrivée de Morangis, dont le maire, Pascal Noury, est socialiste, aux Portes de l’Essonne fait définitivement pencher cette intercommunalité à gauche, alors que, sans Morangis, deux villes (Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge, soit environ 45 000 habitants) sont détenues par le PS et Paray-Vieille-Poste et Savigny-sur-Orge (environ 45 000 habitants) ont des maires divers droite.

UN PUR CALCUL POLITIQUE

Tout cela semble donc relever d’un pur calcul politique. Toutefois, samedi, la CDCI a tranché, refusant un délai supplémentaire à Savigny-sur-Orge et l’incluant dans les Portes de l’Essonne par 34 voix pour, 13 contre et 3 abstentions. Malgré ce vote, Laurence Spicher-Bernier, dans un communiqué samedi, « se félicite que les lignes commencent à bouger contre le schéma départemental des futures intercommunalités de l’Essonne ». Il y a « une évolution notable par rapport à la précédente réunion de juillet 2011 », remarque-t-elle. » (1)

LE «DÉSIR POLITIQUE»
N’EST PAS LE «BESOIN POLITIQUE»

Je viens de participer, le vendredi 7 septembre 2012, à la séance de conclusion du séminaire sur les Études numériques organisé par le philosophe Bernard STIEGLER. Dans sa conclusion, après neuf heures de communications et de débats très denses, il rappelait :  «Il ne faut pas confondre désir politique et besoin politique. La question n’est pas celle d’un conflit d’expertise, mais celle d’une coproduction. La politique, c’est la puissance publique. Il faut fabriquer pour le territoire». (2)

Un beau programme pour l’entrée en intercommunalité des 37 000 habitants de Savigny-sur-Orge. Tout le reste n’est que pur calcul politique. Il ne faut pas diviser par calcul. Il faut unir par raison et par idéal, et pour cela, fabriquer pour le territoire.

RÉFÉRENCES
1.
« Intercommunalité. Vers un mariage forcé pour Savigny-sur-Orge », Le Parisien Essonne-matin, 10 septembre 2012.
2. STIEGLER Bernard,  « Études numériques », Séminaire organisé par l’Université de Nantes, Ars industrialis, la SAMOA, la MSH Ange Guépin, Faculté des sciences, Campus Lombarderie, Nantes, 7 septembre 2012.

Mention du présent article : http//www.savigny-avenir.info/ ISSN 2261-1819

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