Savigny-sur-Orge. Conseil municipal du 8 février 2012 (II). Une séance limite

Le comité de rédaction de MALA s’est entretenu avec Bernard MÉRIGOT et l’a interrogé à la suite du dernier conseil municipal (1).

UNE MISE EN SCÈNE POLICIÈRE

QUESTION. Vous étiez présent à la séance publique du conseil municipal de Savigny-sur-Orge du mercredi 8 février 2012, de 12 heures à 14 heures 30, au cours de laquelle a été voté le budget primitif de la commune. Quelles sont vos impressions ?

Bernard MÉRIGOT (1).  Comme dit le proverbe « Bouchez en cœur au sage, cœur en bouchez au fol », mes impressions portent à la fois sur des actes et sur des paroles.

Pour les actes : un cordon rouge séparant les élus du public ; six policiers municipaux en tenue quadrillant la salle ; la présence d’un huissier, dans le public, chargé de consigner les propos portant atteinte à la fonction de maire et à la personne de Laurence SPICHER-BERNIER (comme elle l’a indiqué au cours de la séance) ; l’interdiction faite à la presse de prendre des photos pendant la séance ; l’interdiction d’enregistrer les débats ; la saisie pendant la séance de l’enregistreur de Gisèle NEDJAR, conseillère municipale ; le refus de donner la parole à une conseillère municipale, Chadia SEMDANI…

Pour les paroles : l’annonce par Laurence SPICHER-BERNIER qu’elle avait porté plainte contre Chadia SEMDANI auprès du doyen des juges d’instruction d’Évry (pour diffamation !) et que cette dernière « aurait des comptes à rendre à la justice » ; le silence sur le budget de trois groupes d’opposition (Savigny Égalité/Front de Gauche, Europe Écologie Les Verts, Le Bon sens pour Savigny) ; l’usage de questions orales « de connivence » qui permet au maire de lire des réponses préparées sur des sujets convenus ; la mise en cause d’un conseiller municipal, Stéphane CADÉO ; l’accusation adressée à Jérôme GUEDJ, président du conseil général de l’Essonne, de ne pas avoir invité Laurence SPICHER-BERNIER à la cérémonie des vœux du lundi 30 janvier à Savigny-sur-Orge, au Collège René Cassin-Les Gâtines ; des attaques de Laurence SPICHER-BERNIER (UMP) contre Éric MEHLHORN (UMP) qui, selon elle, « ferait mieux de quitter l’UMP pour adhérer au PS » ; des menaces à l’égard d’élus…

SAVIGNY : UN CONSEIL MUNICIPAL HORS NORME

QUESTION. Tout cela semble irréel ! Nous parlons bien de la séance du conseil municipal (composé de 39 membres) de Savigny-sur-Orge, ville de 37 000 habitants, qui s’est déroulée le mercredi 8 février 2012 ?

Bernard MÉRIGOT. Hélas oui ! Tout cela s’est réellement passé. J’ai été maire adjoint à Savigny-sur-Orge de 1983 à 2009. Je suis aujourd’hui conseiller municipal de Savigny-sur-Orge. Je n’ai jamais assisté à une telle accumulation de faits et de paroles de cette nature. Il y avait parfois des accrochages entre Jean MARSAUDON et son opposition socialiste, mais cela n’a jamais atteint un tel degré de mépris, d’irrespect, d’invectives en tout genre et tous azimuts, d’autorité menaçante. L’arrivée de Laurence SPICHER-BERNIER comme maire est bel et bien un tournant dans l’histoire du conseil municipal savinien.

MASSY : UN CONSEIL MUNICIPAL PRESQUE PARFAIT ?

Je suis étonné par le spectacle navrant que ce maire offre et l’image qu’elle donne de la commune. J’assiste régulièrement à des séances de conseils municipaux dans d’autres communes, en Essonne et en province, à des réunions de syndicats intercommunaux, et des conseils communautaires.

Par exemple, j’étais au conseil municipal de Massy le jeudi 26 janvier 2012 à 20 heures 30. Je connais le sénateur-maire Vincent DELAHAYE (Parti Radical). Je connais aussi Marie-Pierre OPRANDI, conseillère municipale de la minorité (Front de gauche). Elle m’a dit que tous les dossiers du maire étaient « verrouillés ». Évidemment, le maire dispose d’une majorité cohérente et compétente ; mais, il est aussi à l’écoute de la minorité.

Lors de ce conseil du 26 janvier, Vincent DELAHAYE souhaitait ajouter une question à l’ordre du jour. Le représentant de la minorité a fait part de son désaccord. Le maire a regretté qu’il n’y ait pas de consensus sur sa proposition. En démocrate, il a renoncé à cette inscription, et l’a annoncée pour la séance suivante.

PASSER LA MÊME PORTE

A Massy, tout le monde passe par la même porte. Le sénateur-maire salue tout le monde. Tout le monde se salue. Trois conseillers municipaux sont arrivés en vélo (qu’ils ont garés dans le hall de la salle du conseil). Il n’y a pas de cordon rouge. Il n’y a pas de police municipale présente, encore moins d’huissier dans la salle, ni de fan club prêt à applaudir le maire. Une personne du public tricote tout en écoutant la séance. Chaque délibération est présentée par un adjoint. Tous les conseillers municipaux obtiennent la parole lorsqu’il la demandent. Ils ne sont pas interrompus par le maire. Ce dernier intervient peu. Il laisse les adjoints et les conseillers municipaux présenter les délibérations. L’ambiance est détendue. Si c’était une émission de télévision, ce serait « Un conseil municipal presque parfait » ; j’attribuerai une excellente note à Vincent DELAHAYE (2).

 RÉFÉRENCES

1. Bernard MÉRIGOT, maire adjoint honoraire de Savigny-sur-Orge (1983-2009), conseiller municipal (2009-), président de Mieux Aborder L’Avenir (MALA).

2. « Un dîner presque parfait » est une émission de télévision française culinaire, diffusée sur M6 depuis le 11 février 2008. Elle est basée sur l’émission de télévision britannique Come Dine With Me, diffusée sur Channel 4 depuis janvier 2005. Mêlant art de recevoir, décoration de la table et cuisine, cinq candidats habitant la même ville doivent, à tour de rôle, inviter à dîner les quatre autres. Ce moment doit être le plus agréable possible, avec une animation (jeu, chant, danse…). À la fin de la soirée, les quatre convives invités notent sur dix l’hôte de la soirée sur sa cuisine (qualité, originalité, cuisson, harmonie des plats…), l’ambiance du dîner (stress, détente…) et la décoration de la table (qualité de la vaisselle…).

« Un conseil municipal presque parfait » : pourquoi ne pas noter les séances du conseil municipal sur des critères d’accès aux informations, de respect des règles démocratiques, de sérénité des débats, de respect mutuel de la parole des autres, de recherche de consensus, de dialogue républicain, de participation citoyenne ?

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