L’exercice du pouvoir politique rend-t-il fou ? (Jonathan Davidson, Gordon B. Parker)

CEUX QUI PARVIENNENT AU POUVOIR SONT-ILS DES MALADES ?

 UNE PSYCHIATRIE DU POUVOIR ?

Être premier ministre n’est pas de tout repos. En Grande-Bretagne, 75?% d’entre eux ont eu des problèmes de santé mentale. Dans un ouvrage, a la fois drôle et sérieux, Jonathan DAVIDSON, professeur de psychiatrie à Duke University Medical Center de Durham, s’est livré à une étude minutieuse de la santé mentale de 31 locataires du 10 Downing Street. Depuis Robert WALPOLE, le premier d’entre eux, à Tony BLAIR. Son diagnostic :

  • Benjamin DISRAELI (premier ministre, 1868, 1874-1880) : un grand dépressif.
  • David LLOYD GEORGE (premier ministre, 1916-1922) et Winston CHURCHILL (premier ministre de 1940-1945, 1951-1955) : d’authentiques bi-polaires.
  • William Ewart GLADSTONE (premier ministre, 1868-1874, 1880-1885, 1892-1894) : des conduites perverses.

Sans compter ceux qui ont eu un net penchant pour l’alcool ou la drogue…

LE POUVOIR EST-IL LA CAUSE DES TROUBLES MENTAUX
OU LES TROUBLES MENTAUX SONT-ILS LA CAUSE DU POUVOIR ?

La charge de la fonction de premier ministre agit-elle comme un détonateur dans l’éclosion du trouble ? Ou bien les hommes souffraient-ils déjà avant d’un trouble déclaré, ce qui a conduit 18?% d’entre eux à la démission ? La question demeure ouverte.

DES BÉNÉFICES SECONDAIRES DE LA MALADIE MENTALE ?

A contrario, pour certains premiers ministres, l’exercice du pouvoir aurait eu une fonction thérapeutique. Leurs symptômes auraient été bénéfiques pour l’ensemble du pays, comme les phases maniaques de Winston Churchill qui ont contribué à renforcer sa combativité durant la guerre. Alors, la guerre, qui est une maladie de l’histoire, serait déclenchée par des malades, accomplies par des malades et achevée par d’autres malades ?

POUVOIR ET TROUBLES PSYCHIQUES

Précédemment, Jonathan Davidson avait fait une étude sur l’ensemble des présidents américains jusqu’à Richard Nixon. Il avait conclu que «seulement?» 50% d’entre eux avaient souffert de troubles psychiques. Les raisons d’un tel écart entre la Grande-Bretagne et les États-Unis restent mystérieuses.

On se prend soudain à songer ce que pourraient donner les résultats d’une telle étude, en France, sur les présidents, les ministres, et d’autres élus.

RÉFÉRENCES
DAVIDSON Jonathan
, Downing Street Blues : A history of depression and other mental afflictions in British Prime Ministers, ?McFarland, 2010.
PARKER Gordon B.
, « Downing Street blues : A history of depression and other mental afflictions in British Prime Ministers », American Journal of  Psychiatry, n° 168, juillet 2011.
CHICHE Sarah
, « Le blues des Premiers ministres », Sciences humaines, N°230, octobre 2011.

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