Les citoyens ont de moins en moins confiance dans les élus (CEVIPOF)

CHRONIQUE SUR LA CONFIANCE EN POLITIQUE

La confiance et ses évolutions sont au cœur de la compréhension de l’opinion. La baisse de la confiance politique autour des années 2000, le retour d’une méfiance généralisée en France, contrairement à d’autres pays européens, a conduit le CEVIPOF à construire en 2009 un instrument régulier de mesure de la confiance politique. Le baromètre de la confiance politique prend la mesure des différentes dimensions de la confiance politique (personnelle, institutionnelle, moyens d’expression publique) et la met en relation avec

  • la confiance interpersonnelle,
  • la confiance économique,
  • la confiance dans l’avenir.

1. La première enquête a été effectuée par la SOFRES entre le 9 et le 19 décembre 2009 auprès d’un échantillon de 1 500 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. Elle a été publiée en janvier 2010.
2. La deuxième enquête a été effectuée en 2010 et publiée en janvier 2011.

Examinons quelques résultats publiés en janvier 2011.

QUELS SONT LES SENTIMENTS DES FRANÇAIS POUR LA POLITIQUE ?

Intérêt des Français pour la politique

  • 58% s’intéressent à la politique,
  • 39% expriment de la méfiance,
  • 23% manifestent du dégoût,
  • 57% des sondés jugent que la démocratie fonctionne mal (+ 9% par rapport au premier sondage de janvier 2010).

Ce sondage publié en janvier 2011, témoigne clairement d’une grande frustration des citoyens par rapport au fonctionnement du système politique en France. Faut-il y voir un effet de l’affaire Woerth et Bettencourt ?

  • 29% pensent qu’il y a davantage de corruption qu’avant (+ 4% par rapport au sondage précédent),
  • 56% croient au vote comme vecteur d’influence en politique,
  • 83% considèrent que les responsables politiques tiennent peu ou pas du tout compte des avis exprimés,
  • 13% disent avoir confiance dans les partis politiques.

Le directeur du CEVIPOF, Pascal PERRINEAU, tire les conclusions suivantes :

  • « politisation négative » des Français pour la politique,
  • désillusion sur la capacité des élus à changer les choses,
  • défiance à l’égard des politiques, ce qui ouvre la voie au populisme.

Le système représentatif ne répond plus dans sa forme actuelle aux attentes des citoyens.

LA BAISSE DE CONFIANCE ACCORDÉE AUX MAIRES

Les élus locaux n’échappent pas à cette perte de confiance. Le maire est la personne dans laquel les sondés ont le plus confiance. Mais la confiance accordée aux maires a considérablement baissé : – 13%.

Confiance dans les élus

  • 52% ont une opinion favorable de leur maire (- 13%).
  • 43 % font confiance dans leur conseiller général (- 11%).
  • 42% font confiance dans leur conseillers régionaux (- 11%).
  • 38% font confiance dans leur député (- 9%).
  • 31% font confiance dans les députés européens (- 4%).
  • 29% font confiance au président de la République (-3%).

Confiance dans les formations politiques

  • 56% ne font confiance ni à la gauche ni à la droite pour gouverner le pays.
  • 22% font confiance à la gauche.
  • 21% font confiance à la droite.

La problématique soulevée n’a rien à voir avec les traditionnels clivages idéologiques, ni avec un simple jeu d’alternance dans un système démocratique qui répondrait aux attentes des citoyens. Comment des élus pourraient-ils pleinement prendre en compte les attentes des citoyens qui les ont élu, de la société civile au sens large (ainsi que les solutions qui existent souvent au sein même de la société) s’ils ne sont pas eux-mêmes :

  • représentatifs de la société française,
  • protégés des dérives du système (cumul des mandats, conflits d’intérêts, corruption et pressions de toutes sortes) ?

La réforme de la gouvernance publique s’impose.

 Bernard MÉRIGOT

RÉFÉRENCES
CEVIPOF, Baromètre de la confiance politique, Sondage réalisé en ligne du 7 au 22 décembre (méthode des quotas), auprès d’un échantillon national de 1 500 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, et inscrites sur les listes électorales. «http://www.cevipof.com/fr/le-barometre-de-la-confiance-politique-du-cevipof »

ARTICLES DE PRESSE COMMENTANT L’ÉTUDE DU CEVIPOF (2011)
« Les maires manquent de plus en plus de crédit », Libération, 1er février 2011.
« Maires, conseillers généraux et régionaux : des mal-aimés ? », Public Sénat, 1er février 2011.
« Le Français se méfie de plus en plus de ses élus », Ouest France, 1er février 2011.
« La défiance des Français s’accentue », Le Midi Libre, 1er février 2011.
« A un an de la présidentielle, le fossé se creuse entre les Français et les politiques », Les Echos, 1er février 2011.
« Même les maires n’inspirent plus confiance », Europe 1, 1er février 2011
« La grande désillusion des Français envers leurs élus », Le Figaro, 1er février 2011.
« Les Français, malades de leurs politiques », Le Post, 1er février 2011.
« Les Français de plus en plus méfiants vis à vis des politiques », Le Point, 1er février 2011.
« La politique et les Français, défiance mais pas indifférence », Le Journal du dimanche, 31 janvier 2011.
« Les Français ne font plus confiance aux politiques», L’Express, 31 janvier 2011.
« Les Français éprouvent de la méfiance à l’égard de de la politique mais la majorité d’entre eux continuent à s’y intéresser… », Horizons politiques, 31 janvier 2011.
« Désamour entre les Français et leurs élus », 20 minutes, 31 janvier 2011.
« Le niveau de confiance dans les maires chute », Le Monde, 31 janvier 2011.
« Le spectre du 21 avril 2002 plane sur l’élection présidentielle de 2012 », Le Monde, 31 janvier 2011.
« Les Français sont sans illusions sur les élus et leurs promesses », Le Monde, 31 janvier 2011.
« Les Français se méfient de leurs élus », Le Monde, 31 janvier 2011.

CEVIPOF, « La confiance dans tous ses états : les dimensions politique, économique, institutionnelle, sociale et individuelle de la confiance », Les Cahiers du CEVIPOF, juillet 2011, n°54.

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