Comment imposer aux autres ses points de vue en politique ? (Peter Steven)

Réponse : en se conduisant en idéologue, c’est-à-dire comme un adepte d’une idéologie, d’un système (implicite ou explicite) pré-établi,en étant un (ou une) doctrinaire dépourvu(e) de réalisme, de sens pratique, une personne autoritaire qui impose ses vues par tous les moyens.

L’idéologue se manifeste par un système argumentaire qui réduit en miettes toute question, toute contre-proposition, tout projet qui n’émane pas de lui (ou d’elle).

L’idéologue est quelqu’un qui, dans son discours, suit un schéma simple de détournements d’attention, de fausses affirmations, de réfutations permanentes. C’est ce que Peter STEVEN a formulé  dans ses « Dix commandements de l’idéologue » (1).

LES DIX COMMANDEMENTS DE L’IDÉOLOGUE SELON PETER STEVEN

  • 1. Tu fera passer le singulier pour l’universel.
  • 2. Tu occulteras le travail accompli, faisant passer pour naturel ce qui ne l’est pas.
  • 3. Tu te serviras de fausses analogies.
  • 4. Tu donneras l’impression d’être objectif afin de cacher ton parti pris personnel.
  • 5. Sur tout sujet ou débat, tu traceras soigneusement les limites de ce qui est acceptable pour toi. En d’autres termes, tu verrouilleras l’ordre du jour des réunions que tu présides.
  • 6. Tu présenteras toujours l’explication la plus simple comme étant – bien évidemment – la meilleure. Tu ridiculiseras toute autre explication.
  • 7. Tu rendras ordinaire ce qui est extraordinaire, par exemple en répétant à toute occasion que les responsables politiques (dont tu fais partie) sont des gens tout à fait ordinaires.
  • 8. Tu embrouilleras les débats afin que l’on s’attarde à la surface des choses (les détails) plutôt qu’entrer dans le coeur des choses (l’essentiel).
  • 9. Tu créeras l’illusion que l’histoire conduit exactement au moment présent ou tu interviens.
  • 10. Tu deviendras expert dans l’art du « on-ne-peut-pas-faire-autrement ».

LA CARACTÉRISTIQUE DE L’IDÉOLOGIE : L’ABSENCE D’ESPRIT CRITIQUE

L’idéologie, dans un sens large, est la science des systèmes d’idées. Le terme est apparu à la fin du XVIIIe siècle, forgé en 1796 par Antoine TESTUTT DE TRACY (Mémoire sur la faculté de penser), pour désigner l’étude des idées, de leur caractère, de leur origine et de leurs lois, ainsi que leurs rapports avec les signes qui les expriment.
Au XIXe siècle, Karl MARX propose de cesser de considérer l’idéologie comme un système neutre pour donner un éclairage critique au concept originel. Il voit l’utilisation de l’idéologie comme un système d’opinions qui servent les intérêts des classes sociales. C’est ainsi que l’on parle d’ « idéologie dominante ».

Aujourd’hui, le terme véhicule une connotation péjorative et désigne couramment un ensemble de spéculations, d’idées vagues et mystérieuses qui prônent un idéal irréaliste et qui justifie des actions radicales.

Une idéologie est un ensemble de forces qui agissent dans la societé : sources des conflit qui y sont présents, modalités qui permettent de les résoudre, ensemble d’idées partagées par des groupes (communément appelé « partis politiques »).

Une doctrine politique, dont la définition est dérivée de l’idéologie, fournit un principe unique à l’explication du réel. Celle-ci, d’une façon générale est susceptible, le plus souvent dans l’urgence, voire la précipitation :

  • d’inspirer un programme d’action,
  • de constituer un ensemble d’idées imposées,
  • de les faire accepter sans examen critique,
  • de les faire adopter sans débat,
  • de les appliquer parfois sans discernement.

Voila une façon d’imposer aux autres ses points de vue en politique. Intéressant, non ?

RÉFÉRENCES
STEVEN Peter, The No-Nonsense Guide to Global Media, New Internationalist Publications, Toronto, 2004.
BAILLARGEON Normand, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Montréal, Lux Éditeur, 2006, p. 300-301.

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