Marché Sodexo : « entrée ou dessert » ?

LE VOTE LE 31 DÉCEMBRE 2010

Laurence SPICHER-BERNIER, maire de Savigny-sur-Orge, a fait délibérer son conseil municipal le 31 décembre 2010 sur le même texte de délibération que celui présenté le 13 décembre et suspendu par le tribunal administratif de Versailles le 23 décembre, et ce, selon elle « pour que les écoliers Saviniens puissent bénéficier dès le lundi 3 janvier 2011 de déjeuners « Sodexo » à la cantine ». Les élus de la nouvelle opposition « PS, Verts, Modem, DLR, UMP, Non inscrits » avaient déposé un amendement visant à prolonger le contrat RGC pour six mois afin de prendre le temps d’étudier calmement ce marché délicat, sachant notamment que les éléments du dossier fournis par madame le maire étaient incomplets.

LES RATÉS DU MARCHÉ A LA UNE DU PARISIEN DU 5 JANVIER 2011

Hier, mercredi 5 janvier 2011, la une du Parisien titrait « 91. Savigny-sur-Orge. A la cantine c’est entrée ou dessert », renvoyant à l’article de la page I du cahier central « Essonne matin » : « Savigny-sur-Orge. A la maternelle, c’est entrée ou dessert », l’article étant sur un 3/4 de page. On peut y lire effectivement que les parents d’élèves de maternelle ont découvert la formule « 4 composantes » servie à leurs enfants (alors que précédemment il s’agissait d’un menu « 5 composantes » toujours appliqué pour les élémentaires et les adultes).

Mardi 4 janvier, certains jeunes Saviniens ont eu droit à un morceau de pain, une portion de lasagnes et un fromage. Ni entrée, ni dessert ! Mais où est donc passé le « ou » si le « et » du précédent marché a disparu ? On peut se demander quelles sont ses 4 fameuses composantes en question ?

MOINS IL Y A DE PLATS, MIEUX ON SE PORTE ?

Selon l’article, « la mairie explique cette réforme par des arguments nutritionnels ». Sodexo « reconnaît que cette demande émane de la municipalité, explique qu’il s’agit là de « bon sens » et d’une « réelle tendance » sensible depuis « quatre ou cinq ans » (…) d’optimiser les ressources globales allouées aux repas (…). Les besoins nutritionnels sont couverts mais répartis sur 4 éléments au lieu de 5″. Pourquoi pas, si cela va dans le sens des directives des circulaires et des préconisations nutritionnelles qui émanent des autorités médicales et du ministère de l’Éducation nationale ?

Toutefois avant de pratiquer de tels bouleversements dans le quotidien alimentaire des enfants, une pédagogie s’imposait. Les associations de parents d’élèves auraient dû être associés à ce changement. Un simple « affichage (…) pour expliquer la réforme » – comme le prévoit la mairie – n’est pas suffisant. Pour combien d’enfants ce déjeuner est-il le repas essentiel de la journée ? Pour combien d’enfants l’absence de dessert ressemble-t-il à une punition ? Nous avons tous en tête, la phrase « si tu ne manges pas ta soupe, tu n’auras pas de dessert » ? Aucune explication pédagogique n’a été prévue pour les enfants de maternelle ?

La mairie ne se décide à communiquer via son site internet qu’aujourd’hui, 6 janvier 2011, soit après la publication de deux articles dans la presse, le premier critique, l’autre admiratif.

L’ABSENCE D’INFORMATION DES ÉLUS

La question de l’information des élus, à qui on a demandé de voter en conseil municipal sans leur fournir tous détails de cette révolution, se pose comme à l’accoutumé. Dans de précédentes actualités publiées sur ce site, le sujet a été soulevé à maintes reprises.

Rappel des faits : lundi 29 novembre 2010, un courrier recommandé, avec accusé de réception, transmet aux élus certains éléments du dossier relatif à l’attribution de la délégation de service public de la restauration collective en vue de la séance du prochain conseil municipal. Compte-tenu du volume des annexes, celles-ci ne sont pas jointes. Il faut aller les consulter au secrétariat général, aux heures d’ouverture de la mairie. Avec les moyens de communications modernes dont on dispose de nos jours (cd, clé usb, mails. avec pièces jointes via un fournisseur d’accès pour celles trop lourdes), Laurence SPICHER-BERNIER, le maire, demande aux élus ne participant pas aux commissions ad-hoc d’aller à la pêche aux informations en quelque sorte, ce qui est contraire à l’article L. 2121-13 du CGCT. Pour mémoire, au sujet d’une autre délibération, il a été refusé à un élu la possibilité de photocopier le dossier consultable en mairie ; celui-ci a dû revenir avec son appareil photographique !

LE CONTRAT SODEXO ET SA VOLUMINEUSE ANNEXE !

Que nous dit le contrat Sodexo reçu le 29 novembre 2010 au sujet de l’affaire « entrée ou dessert » pour les élèves de maternelle ? Article 20.1 (p. 25) : « Dans l’élaboration des menus et des repas, le délégataire devra pendre en compte les besoins nutritionnels spécifiques de l’enfant, et de l’adulte. Les menus seront élaborés par une diététicienne (…) Les menus proposés devront répondre aux préoccupations de lutte contre l’obésité infantile (…) Ils devront tenir compte des différences d’appétit et des coutumes alimentaires chez les usagers. » Article 20.2 (p. 25) : « Il est constitué par la ville une commission restauration (…) Cette commission, outre l’examen des propositions de menus et de leur validation (…) transmettra au délégataire toutes les informations recueillies sur le terrain et relatives à l’appréciation de la qualité des repas et du service rendu (…) » Article 20.3 (pp. 25-26) : « Les menus (…) doivent être parfaitement équilibrés sur le plan des apports nutritionnels et caloriques (…) Le délégataire devra proposer des repas, différents selon les typologies de convives – repas à quatre composantes pour les maternelles – repas à cinq composantes pour les élémentaires et les adultes (…) L’ensemble des spécificités est précisé dans le cahier des charges de la prestation alimentaire qui figure en annexe 2. »

Mais voilà, l’annexe 2 n’a pas été fournie aux élus… Trop volumineuse selon le courrier de madame le maire. Consultable, oui. « Cédéable », non. « Usbéable », non. « Mailable », non. Photocopiable, non ! Personne n’a eu accès à cette annexe. Comment voulez-vous que les élus de l’opposition (les 19 – sur 38 – qui ont voté contre la délibération le 13 décembre 2010) puissent exercer leur devoir ? La rétention d’information est au coeur même du système de gouvernance spichérien.

Laurence SPICHER-BERNIER a-t-elle attiré l’attention des élus lors des deux conseils municipaux sur cette révolution  intervenant dans le composition des menus ? Non. A-t-elle permis aux élus de poser des questions sur la qualité des  prestations ? Non.

Elle s’est largement épanchée auprès des membres du conseil pour leur expliquer qu’avec  le marché Sodexo, la commune allait faire non seulement 664 000 € d’économie mais également 70 000 € de gains financiers sur la redevance (information reprise dans l’article du Républicain).

MON PETIT RESTAURANT

Laurence SPICHER-BERNIER possède une grande culture dans le domaine de la chanson française (« Tu t’en vas » d’Alain BARRIÈRE, « La calomnie » d’Yves DUTEIL…) dont elle fait profiter les lecteurs de ses éditoriaux sur le site de son association. Je lui suggère un nouveau titre : « Ma petite entreprise » d’Alain BASHUNG.

Avec SODEXO, ce n’est pas « Ma petite entreprise », c’est « Mon petit restaurant » ! Le journaliste qui signe l’article du Républicain de ce 6 janvier 2010, termine sur une note  pour le moins ironique quand on connaît la suite : « les enfants ont pu ainsi (…) « bénéficier d’une restauration collective de qualité » conclut Laurence SPICHER-BERNIER ». Oui, un morceau de pain, une portion de lasagnes et un fromage, un festin de roi en ce mois d’épiphanie !

Heureusement que les parents d’élèves sont attentifs aux petites économies et aux recettes du « petit restaurant » municipal. N’oublions pas que ses clients sont les élèves des écoles élémentaires et des écoles maternelles de Savigny-sur-Orge, non pas ceux des autres communes dans le mesure où Sodexo fabrique des repas à Savigny-sur-Orge pour des tiers (écoles, organismes, hôpitaux… extérieurs à la commune) pour une somme forfaitaire.

Sources publiques

Attribution de la délégation du service public de la restauration collective, délibération n° 8/403, conseil municipal du 13  décembre 2010 (19 voix pour, 19 voix contre).

Attribution de la délégation du service public de la restauration collective, délibération n° 1/417, conseil municipal du 31  décembre 2010 (21 voix pour, 17 voix contre, 1 abstention).

« Savigny-sur-Orge. A la maternelle, c’est entrée ou dessert », Le Parisien, 5 janvier 2010.

« Savigny-sur-Orge. Pour une restauration de qualité », Le Républicain, 6 janvier 2010.

« Du nouveau dans la restauration scolaire », www.savigny.org (site officiel de la mairie), mis en ligne le 6 janvier 2011.

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